Les trois présidents sénégalais notés par un universitaire : « Wade, c’est du gâchis»

Si Senghor est resté un grand homme, Diouf a vu sa marge de manœuvre réduite par les différentes politiques qui lui étaient imposées de l’extérieur, Wade aura été un gâchis. C’est le point de vue d’un universitaire sénégalais établi au Canada qui s’exprimait lors d’une rencontre tenue par nos compatriotes à la veille de la célébration de l’indépendance.

(Correspondant permanent à Montréal) - Du point de vue de la pratique du pouvoir, Aziz Fall estime que Senghor est resté un grand homme politique, tandis que Diouf n’avait pas beaucoup de marge de manœuvres avec la dette, les politiques d’ajustement, la hausse des prix, la réduction du soutien au monde rural, les privatisations, l’enrichissement illicite, la prolifération des partis politiques et la Casamance.

De Wade, il dresse un tableau peu reluisant. S’il a salué l’alternance puisque sans alternative, aucun changement n’est possible, il a déploré l’énorme gâchis du régime de Wade. ‘Le régime de Wade n’est pas structuré pour gérer le pouvoir. Wade s’est installé au pouvoir avec un attelage hétéroclite avec des amis qu’il finira par lâcher. Le système de Wade est marqué par une grande instabilité, une redistribution clientéliste dominée par la transhumance et la fragilisation de ses bases avec les départs d’Idrissa Seck et de Macky Sall, un pillage des ressources sur des proportions jamais inégalées… ’ dresse Aziz Fall.

Sur la perspective de la succession, l’universitaire estime que ‘le Sénégal a un chef d’Etat moribond qui veut rempiler à partir d’un système basé sur le népotisme et le favoritisme’. L’universitaire d’appeler la jeunesse sénégalaise à refuser qu’un groupe d’hommes politiques s’appuyant sur des marabouts continue de confisquer le pouvoir. Et de se désoler que les Sénégalais très intelligents du reste critiquent beaucoup mais réalisent très peu. Il appelle, en prenant référence sur Thomas Sankara au culte du travail, de l’honnêteté et de l’intégrité comme modèle pour relancer le Sénégal.