Me Abdoulaye Wade a demandé aux formations politiques de faire plus de place aux femmes dans la confection de leurs listes pour les prochaines élections. C’est dans un message lu hier par le Premier ministre devant les députés, à l’Assemblée nationale.
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Honorables Députés,
Au moment où les partis politiques vont investir leurs candidats aux élections du 25 février 2007, la considération des valeurs fondatrices de la République m’amène, conformément à l’article 79 de la Constitution, à entretenir les représentants du peuple de notre détermination à respecter et à faire respecter les principes énoncés dans notre Charte fondamentale.
Nous allons, en effet, vers des échéances électorales qui rythment périodiquement la vie de toute véritable démocratie. C’est un privilège des peuples libres que de choisir ceux qui les gouvernent pour un temps, en leur nom et pour leur compte.
Dans cette perspective, je devine aisément que les formations politiques s’attèlent à constituer leurs listes, sur la base de critères et de contraintes qui leur sont propres.
L’histoire politique de notre pays illustre à suffisance l’engagement déterminé et l’enthousiasme constant des femmes dans la mobilisation et l’animation des partis. Mais nous devons reconnaître que, finalement, on leur fait peu de place lorsqu’il s’agit de confectionner les listes pour les soumettre à la sanction du peuple.
Premières sur le front politique, elles sont reléguées au second plan quand vient le moment de sélectionner les futurs représentants du peuple. C’est une injustice qu’il convient de réparer au plus vite.
Tout au long de mon mandat, j’ai essayé de promouvoir des femmes à des postes de responsabilité, y compris au plus haut niveau de l’État et à des positions stratégiques de l’Administration publique et parapublique.
Mais j’ai conscience que ces acquis, bien que significatifs et probants par leurs vertus pédagogiques, resteront insuffisants tant qu’ils se limiteront à l’Exécutif et que la représentation des femmes au sein de l’Assemblée nationale comme dans toutes les grandes institutions ne reflétera pas les réalités sociologiques de la Nation.
Les femmes sont une composante essentielle de la population sénégalaise. Elles apportent une contribution majeure à l’œuvre de construction nationale, que ce soit dans les foyers, à l’école, au bureau, aux champs, dans les usines ou les milieux d’affaires.
Mais, c’est à l’Assemblée nationale que sont discutées et adoptées les lois qui déterminent la vie de la Nation et le destin du peuple. Il est par conséquent plus juste, plus légitime et plus équitable que la composition de l’Institution parlementaire soit l’illustration de la volonté populaire exprimée dans notre Constitution.
Ce faisant, nous restituerons, d’une certaine manière, à la femme sénégalaise, son rôle historique dans l’exercice du pouvoir, la défense de la liberté, de la dignité et de l’honneur. Revisitons notre histoire et pensons à Ndieumbët Mbodj, Yacine Boubou, Ndaté Yalla, Aline Sitoé Diatta. Ces noms évocateurs sont la démonstration que la qualité de leadership n’est pas seulement l’apanage du genre masculin.
En restant fidèles à notre histoire, nous serons également en conformité avec nos engagements internationaux. N’oublions pas, en effet, que c’est un amendement du Sénégal qui a été à l’origine de la parité absolue à la Commission de l’Union africaine, organe exécutif de l’Institution continentale.
S’y ajoute que la Plate-forme de Beijing, issue de la 4e Conférence mondiale sur les femmes, ainsi que les recommandations permanentes de la Commission de la Condition de la femme du Conseil économique et social des Nations Unies, font de la parité et de l’égalité des chances entre hommes et femmes des atouts essentiels pour la réalisation des objectifs de développement économique et social.
C’est dans cet esprit, Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Honorables Députés, et sur la base des principes cardinaux de justice, d’équité et de partage, que je voudrais lancer un appel solennel aux députés et à tous les partis politiques pour faire plus de place aux femmes dans la composition de leurs listes pour les élections législatives de février 2007 et au-delà.
Notre histoire nous y prédispose. Nos valeurs traditionnelles nous le permettent. Les normes internationales nous le recommandent. Et notre destin, en tant que Nation unie et cohérente dans sa diversité, libre, inspirée par l’idéal démocratique, en dépend pour une large part.
Je sais que les paramètres politiques rendent difficile l’objectif d’égalité des genres dans les investitures des partis soumises à l’approbation de leurs instances dominées par les hommes, mais, au moins, faisons un pas décisif dans ce sens pour atteindre cet idéal dans un délai raisonnable.
Je vous remercie de votre aimable attention.
ABDOULAYE WADE Président de la République
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