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Politique

Mamadou DIOP Decroix (N°2 d'Aj/Pads) : «Chaque jour, on a une divergence avec nos alliés du Pds»

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Mamadou DIOP Decroix (N°2 d'Aj/Pads) : «Chaque jour, on a une divergence avec nos alliés du Pds»
Le quart bloquant doit être supprimé. Le numéro deux d'And Jëf/Pads, Mamadou Diop 'Decroix', a été formel, samedi, en animant à Paris une conférence sur «Le Sénégal à la veille des élections». Le ci-devant 'Monsieur Fichier électoral' d'Aj est, par contre, opposé à la suppression du second tour du scrutin présidentiel. Ne faisant pas dans la langue de bois, le ministre du Commerce a parlé à ses camarades de France de l'existence de divergences avec leur allié du Pds, avant de dresser un bilan de l'alternance. Il s'est aussi prononcé, dans la seconde partie de sa conférence, sur l'immigration clandestine.

  Discours d'And Jëf

«Il faut faire la différence entre la posture de l’opposition et celle du pouvoir. Lorsque vous êtes dans l’opposition, votre mission, c’est de parler, de dénoncer, de montrer ce qui ne va pas pour que le peuple puisse vous faire confiance aux prochaines échéances. C’était cela notre travail à l’époque et nous l’avons bien fait. Aujourd’hui, on est au pouvoir. Notre rapport au discours ne peut pas être le même. Ceux qui nous jugent par rapport à avant sont ceux qui n’ont pas changé. Ils doivent changer. J’étais le porte-parole d'And Jëf. Je participais à presque tous les débats. Au gouvernement, je deviens porte-parole du gouvernement. Est-ce que je peux être porte-parole d'And Jëf et celui du gouvernement ? Je ne le peux pas. J’ai dit aux gens que je ne peux pas porter la parole du gouvernement et celle du parti parce que le parti doit pouvoir avoir son autonomie : critiquer le gouvernement et l’attaquer. C’est ce que nous avons toujours fait lorsque nous l’avons estimé nécessaire. Certains ne comprennent pas cela.

«Nous avons le sentiment, pour notre part, d’avoir respecté des principes : celui de la conformité de notre conduite politique à nos convictions, mais aussi celui de la loyauté par rapport aux gens avec qui nous travaillons. Ce n’est pas simple, mais c’est ce qu’il faut faire. (…). Je peux vous dire que chaque jour, on a une divergence avec nos alliés. Mais quand on a une divergence, on en discute. Dans bien des cas (…), c’est régler. Dans d’autres (…), on n’est pas d’accord. Quand on n’est pas d’accord, on regarde si le sujet sur lequel porte le désaccord nécessite une prise de position publique. Si cela le nécessite, on le fait, sinon on laisse passer. Voilà notre doctrine, la façon dont nous marchons». Suppression du quart bloquant et du deuxième tour, augmentation du nombre de députés

«Un député avait introduit une proposition de loi pour supprimer le deuxième tour. Et on ne pouvait accuser nos alliés d’avoir été à la base. On prend position (pour) dire qu’on est contre la suppression du deuxième tour. C’est très clair et net. Sur beaucoup d’autres questions, on prend position. (…).

«Mais le quart bloquant doit être supprimé. Vous savez pourquoi ? C’est nous qui nous étions battus contre cela. Diouf était d’accord, mais puisqu’il avait dit qu’il ne touche pas à une virgule du consensus... C’était bien, mais les gens qui discutent, qui se mettent d’accord sur une chose, ce n’est pas eux qui la mettent en œuvre. On a ainsi eu des problèmes en 1993 pour proclamer les résultats. Kéba Mbaye a démissionné. Aux élections législatives de mai 1993, on a eu des problèmes aussi. Babacar Sèye est mort. Je crois que si on avait régler un certain nombre de problèmes du Code électoral, on aurait pu éviter certaines situations. En 1999, le Ps a supprimé le quart bloquant. Nous l’avons tellement critiqué. Mais je crois qu’il faut être logique. Ce n’est pas parce que je suis contre Jean-Pierre que quand il fait quelque chose de logique, je dis que ce n’est pas bon (…). 

«Le vote n’est pas obligatoire. On a cinq millions d’électeurs. On peut, en février 2007, avoir un million de votants. Les quatre millions décident qu’ils ne votent pas, c’est leur droit démocratique parce que ce n’est pas obligatoire. Vous voulez que quand il y a un million de votants et que Jean-Pierre recueille 700 mille voix, on dit que Jean-Pierre n’a pas le quart qui est de 1,250 million du collège électoral. Cela n’a pas de sens ! Si le vote était obligatoire, cela aurait eu un sens.

«Je n’ai pas de position de principe sur l’augmentation des députés. On avait dit que qu’on allait ramener le nombre de députés de 140 à 120. Lorsqu’on est arrivé au pouvoir, on l’a fait. Maintenant, les gens disent qu’il faut retourner à 140 ou 150. Je veux qu’on ait un débat, mais pas un débat politicien. Je suis pour qu’on regarde la superficie du pays, sa population, sa densité et on adopte un nombre de députés. Puisque la population augmente et qu’elle est mobile, on doit se mettre d’accord sur quelque chose. Mais je ne crois pas qu’il faille monter sur ses grands chevaux pour dire qu’il y a eu une trahison fondamentale d’un principe républicain. Il n’y en a pas.

Bilan de l’alternance

«Je n’étais pas venu ici, (à Paris, Ndlr), pour faire un bilan. J’étais venu vous entretenir de la situation du pays à la veille des élections, tout en étant prêt à répondre à toutes les questions qui me seront posées. Quand nous viendrons pour la campagne électorale, on fera un bilan exhaustif de ce qui s’est passé pendant sept ans. Ne vous en faites pas. Notre parti est toujours à l’aise de ce qu’il fait. Et il viendra ici faire le bilan ; ceux qui pensent que rien n’a été fait seront surpris, sauf s’ils n’ont pas d’yeux pour voir ou des oreilles pour écouter. Mais on vous dira aussi ce qui ne va pas.

«Déjà, je peux vous dire que le bilan est largement positif (...) Si vous allez dans ma contrée, vous trouverez des gens qui n’ont jamais eu le téléphone, qui en ont aujourd’hui. J’ai été ministre des télécommunications à deux reprises. Je n’ai aucun intérêt à vous raconter des histoires. (…). Hier des villageois faisaient 10 km pour se soigner, alors que maintenant ils ont des cases de santé, des postes de santé. Quand une femme veut accoucher, elle sait qu’elle ne va pas perdre son bébé en cours de route. C’est des acquis. (…). On ramène même des agents de santé qui étaient à la retraite parce qu’on a un déficit de 3 000 agents de santé de divers ordres. On continue de construire des cases de santé, des postes de santé, des dispensaires, mais la formation ne suit pas aussi rapidement. Ce que nous avons fait sur cinq à six ans en terme de lycées, de collèges, d’écoles primaires, cela fait plus que ce qui a été fait en quarante ans. Maintenant il y a la qualité de l’enseignement qui doit suivre. C’est vrai qu’avoir la qualité et la quantité immédiatement n’est pas évident.

«Lorsqu’il y a eu des intempéries, nous avons fait ce que le Ps n’a jamais fait. Quand il y a eu des inondations sous le régime du Ps, c’était à la limite le ministre qui se déplaçait. Mais avec les intempéries de 2001, c’est le président lui-même qui s’est déplacé. J’étais avec lui dans un avion militaire. On a fait le tour du pays. Nous avons débloqué 24 milliards. Nous avions demandé aux gouverneurs de recenser les victimes. Maintenant si on reproche au président Wade d’avoir provoqué les intempéries, c’est un autre problème.

«Concernant la mort de Balla Gaye, il était très proche de notre parti. Les gens ont fait ce qu’on n’avait jamais fait auparavant. On a mené des enquêtes. Un policier a fait cinq à six ans de prison. C’est au moins un petit progrès par rapport à avant. Car Salmon Khoury est mort, il n’y a pas eu d’enquête. Idrissa Sagna est mort, il n’y a pas eu d’enquête ; Joël Basse est mort, il n’y a pas eu d’enquête, Omar Diop Blondin est mort, il n’y a pas eu d’enquête».

Système électoral

«(…) Le contexte dans le pays est, aujourd’hui, caractérisé par la préparation des élections. Tout le monde prépare les élections. Même ceux qui ne font pas de politique, préparent les élections, à plus forte raison les acteurs politiques. Les uns et les autres se posent des questions sur lesquelles je voudrais donner les avis d’And Jëf.

«D’abord le système électoral et les conditions pour avoir des élections libres, transparentes et démocratiques, du genre de celles que nous avons eues en l’an 2000 et qui ont permis d’avoir une transition démocratique et pacifique. Je suis bien placé pour parler du système électoral sénégalais parce que j’ai représenté mon parti pendant dix ans, de 1990 jusqu’en 2000. J’ai été partout présent à chaque étape où il a été question de discuter pour améliorer le système électoral. J’ai représenté le parti avant d’être député ; quand j’étais député, j’ai contribué à l’élaboration des lois qui concernent le système électoral sénégalais, etc.

«C’est un système consensuel et il faut rendre hommage à nos prédécesseurs, le Parti socialiste et le président Diouf en particulier. Ils étaient libres de ne pas ouvrir le système, comme nous étions libres de nous opposer à son non-ouverture. Le résultat aurait été un affrontement qui allait porter tort au peuple sénégalais, quoi qu’on en dise. A partir de 1988, (…) on est entré dans une ère d’élaboration d’un système électoral consensuel. Ensuite, nous avons eu les premières rencontres de 1991, de 1992 avec le juge Kébé Mbaye. Cela nous a permis d’avancer et d’avoir des scrutins avec identification de l’électeur. Ce qui n’était pas le cas dans le passé. En 1997, nous avons eu l’Observatoire national des élections qui nous a permis d’avoir les premières élections non contestées pour l’essentiel. En 1998, les élections n’ont pas été contestées et le Ps a eu 50,17 %, et l’opposition réunie a eu 49,83 % et nous avons eu 25 listes à ces élections. L’intérêt, c’est que chacun a pu se mesurer et savoir son poids électoral. Cela a permis les alliances.

«Dans le système électoral d’aujourd’hui, nous avons procédé à la refonte du fichier électoral. C’était un grand débat : fallait-il faire une refonte ou voter avec le fichier de 2002 qui a permis d’aller aux élections locales ou encore fallait-il prendre le fichier de 2000 ? Les avis étaient très partagés. Depuis 1992, notre parti a toujours prôné la refonte totale du fichier parce que nous avions dit que, dans la foulée des réformes de 1991 et de 1992, il fallait aller jusqu’au bout. Dans le fichier de l’époque, on s’inscrivait un peu n’importe comment sur la base de la preuve testimoniale. (…). Cela avait créé beaucoup de problèmes et nous avions dit qu’il faut scratcher ce fichier. On n’a pas été suivi. Avec la numérisation des cartes d’identité et des cartes électorales, nous avons constamment remis sur la table le fait qu’il faille refondre ce fichier. Je signale que le Pds était contre cette refonte. Ceux qui étaient contre, disaient que si l’on faisait la refonte, on n’aurait pas 500 000 inscrits. Aujourd’hui, on a plus de 5 millions d’inscrits. Ceux qui se sont inscrits et qui ont la carte d’identité sont plus nombreux que par le passé. C’est une victoire et un acquis très important.

«Maintenant l’opposition dit que le fichier n’est pas net, que c’est opaque. Je suis également bien placé pour parler de cela. Avant 2000, je disais que le fichier était opaque, qu’il y avait des inscriptions frauduleuses, etc. Je suis informaticien de métier. Nous avions fait une marche en 2000 pour exiger l’audit du fichier. Le régime de l’époque l’avait accepté puisque la loi le permettait. J’ai été le président du comité des experts qui a audité le fichier. Quand nous l’avions regardé, nous avions vu qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. J’ai pris ma responsabilité parce que le président Wade et Moustapha Niasse m’avaient dit qu’il fallait que je dise si l’on pouvait voter avec ce fichier. C’était une lourde responsabilité. Si j’avais dit non et avais raconté des histoires aux gens, peut-être que des problèmes allaient être créés. Je leur ai dit qu’on pouvait faire des reproches à ce fichier, mais que l’on pouvait voter et gagner avec ce fichier. Je suis allé à l’hôtel Téranga avec tout le comité des experts. Devant la presse nationale et internationale, j’avais dit que nous avions audité le fichier et qu’on pouvait voter avec ce fichier. C’est comme cela qu’on est allé aux élections.

«Je ne vois pas comment on peut traficoter ce fichier qui est en plus numérisé. Mais la loi permet son audit. L’opposition veut auditer. Nous sommes pour que tout le monde vienne auditer le fichier. Si on fait cela, cela va détendre l’atmosphère. Les gens comprendront qu’il n’y a pas le feu».

Date des élections

«Nous considérons que les élections ne seront pas reportées. Elles ne doivent pas être reportées et nous n’avons aucune raison de penser que les élections vont être reportées. Si vous regardez le calendrier républicain, il n’y a aucune échéance qui ait été atteinte sans que les tâches en amont qui devaient être réalisées, ne l’aient été jusqu’ici.

Toutes les échéances du calendrier républicain sont respectées. Je conseillerai à mes amis de l’opposition de ne pas penser au report des élections, sinon leur alerte va baisser. Il faut qu’ils travaillent comme si les élections allaient être tenues à date. Si elles sont tenues à date, ils ne seront pas surpris et ils seront prêts. Mais si vous pensez que les élections vont être reportées, alors qu’il n’y a aucun élément qui permet de le justifier, vous risquez de vous porter tort».

Immigration clandestine

«C’est une question grave. En septembre-octobre 2005, j’avais fait un article intitulé Ceuta et Mellila. Je convoquais ces évènements pour m’interroger sur l’échange inégal, sur les rapports absolument inéquitables qui lient nos pays aux pas occidentaux (Etats-Unis, Europe). J’avais fait le lien entre les soutiens internes au coton aux Etats-Unis qui ont 25 000 cotonculteurs et leur donnent 4 milliards de dollars. Résultat, le cours du coton a tellement baissé que nous avons perdu en Afrique de l’ouest et du Centre 450 millions de dollars Us pour 15 millions de cotonculteurs. C’est énorme ! Quelles sont les conséquences de la déliquescence de la filière coton sur l’immigration ?

«Si vous observez les côtes sénégalaises, l’essentiel des jeunes qui partent sont des pêcheurs. Quels sont les rapports entre les accords de pêche (avec l'Union européenne, Ndlr) et l’immigration ? Nos côtes n’ont plus de poissons. Maintenant pour avoir un thiof que l’on ramassait avant, il faut se lever de bonne heure. Je constate qu’il y a une approche politicienne de la question de l’immigration de la part des gens du pouvoir comme ceux de l’opposition. Ce n’est pas bon ! On n’a pas le droit d’exploiter à des fins politiciennes cette affaire. Personne ne réglera le problème d’un tour de magie. Ce sont des problèmes qui se sont sédimentés pendant des décennies. Nous avons toujours mis en garde, critiqué les accords de pêche. On ne nous a pas écoutés. Aujourd’hui, il n’y a plus de poissons et les gosses sont partis suivre le poisson jusqu’à Teneriffe, en Espagne, en France, et peut-être même jusqu’en Barbade. Il faut régler ce problème. La volonté est nécessaire, mais insuffisante. Il faut bâtir des économies solides pour résoudre le problème de l’immigration. Ce sont des agricultures fiables qui peuvent régler ces problèmes».

Diplomatie

«Voilà un pays qui reçoit le président iranien classé dans l’axe du mal, qui va voir Khaddafi qui n’est plus classé dans l’axe du mal, Fidel Castro, Hugo Chavez, mais qui voit aussi Bush. C’est une politique vraiment d’autonomie et d’indépendance. On a des liens avec qui nous voulons et nous signons avec qui on veut. Celui qui est content, c’est bien, celui qui ne l’est pas, ce n’est pas mal. Mais on est aussi des panafricanistes. Aujourd’hui, nous posons le problème du gouvernement continental. C’est important cela. On est respecté dans le monde, qu’on le veuille ou pas. Au temps de Diouf, le Sénégal était aussi respecté. (…)».

Visa d'entrée

«Nous sommes pour la réciprocité. Les gens se demandent même pourquoi on n’exige pas de visa et d’argent. Il faut payer pour avoir un visa. On en a besoin. On veut faire un aéroport, des infrastructures. Tous les pays font payer pour obtenir le visa. Les gens connaissent notre position».



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