MAMADOU LAMINE KEÏTA, MINISTRE DE LA JEUNESSE : « Nous ne laisserons pas le terrain à Bennoo... »

Mamadou Lamine Keïta, maire de Bignona, par ailleurs secrétaire général de l’Union des jeunesses travaillistes et libérales (Ujtl), revient dans cet entretien sur la vente des cartes du Pds, la nécessaire « union sacrée » pour la réélection du président Wade et l’influence grandissante que l’on prête à la « Génération du concret »

D’abord, sur la marche de Bennoo siggil Sénégal de samedi dernier, il a déclaré : « Je voudrais tout d’abord me désoler de constater qu’au moment où les fidèles musulmans entament le mois béni du ramadan pour prier ensemble dans la communion pour un Sénégal prospère, d’autres choisissent ces instants pour semer le doute et tenter de déstabiliser les populations. L’opposition essaie d’exploiter de façon cynique une conjoncture marquée par les regrettables inondations et le déficit dans la production énergétique qui conduit à des délestages. Nous le vivons tous. Et nous le déplorons, mais il n’y a pas un seul membre du gouvernement qui ne soit pas à son niveau engagé dans la résolution des problèmes qui se posent à nos compatriotes. C’est en tout cas le sens de la mission que le chef de l’Etat a bien voulu nous confier. Comme dans toute démocratie, l’opposition a le droit d’organiser des marches. Il faut se rappeler, pour s’en féliciter, que c’est le président Wade, dans sa vision d’un Sénégal démocratique, qui a introduit le droit de marche dans la Constitution, le texte fondamental. Ce qui est par contre désolant, c’est que l’opposition est à la recherche de sujets pour masquer ses carences, ses errances, son incapacité à se trouver un leader crédible aux yeux des Sénégalais. Elle tente de verser dans l’activisme pour jouer aux héros sans gloire. Leur terrain de prédilection, malheureusement, est la rue. Or, la rue n’appartient à personne. Nous aurions pu faire comme eux, mais nous restons républicains. Mais il faut qu’ils sachent que nous ne leur laisserons pas le terrain. Sur ce plan, chacun sait qui vaut quoi. Nous mobiliserons nos troupes pour démontrer que notre capacité, notre potentiel populaire restent intacts. La mobilisation dans la rue n’est pas l’apanage de la seule opposition.

La bataille de l’opinion

Lorsqu’on dirige, on n’a pas le droit de faire de la rue son espace d’expression. Notre réponse se trouve dans les réalisations du gouvernement. Notre réponse se trouve dans la continuation de notre politique de grands travaux. Notre réponse enfin consiste à faire de sorte que les Sénégalais de visu se rendent compte que le président Wade et son équipe travaillent pour eux. Le gouvernement travaille d’arrache-pied pour la mise en œuvre de la vision du président de la République qui a été bien comprise par les Sénégalais. C’est ce qui explique qu’après 2000, ils l’ont plébiscité en 2007.

C’est ce qui explique également ce que j’appelle « le référendum » du 03 avril dernier. Il s’agissait en fait de l’inauguration du Monument de la renaissance africaine. Le président Wade avait alors fait appel à l’ensemble de ses compatriotes pour que l’inauguration de ce symbole soit un grand moment de communion nationale et africaine. Mais, au même moment, l’opposition avait organisé une marche. Comme je l’ai dit tantôt, c’était une sorte de référendum. A l’arrivée, des milliers de Sénégalais et d’étrangers se bousculaient sur les marches du Monument de la renaissance africaine, alors que seulement moins d’une centaine de gens répondaient à l’appel de Bennoo.

L’occupation du terrain politique

En tant que structure de jeunesse, en tant que fer de lance du Pds, l’Ujtl a décidé de ne pas laisser le terrain à l’opposition qui se signale depuis quelques temps contre nous par un activisme débridé, des invectives et des attaques injustifiées. Donc, nous ferons face, ici et partout à travers le Sénégal pour démontrer que l’opposition est minoritaire et sans perspective. Nous les traquerons sur le plan des idées en montrant ce que le gouvernement du président Wade a fait depuis 2000 en le comparant toujours -on ne se privera jamais de le faire-, je disais donc en le comparant toujours avec ce que les socialistes nous ont laissé.

L’opposition à la recherche d’un candidat unique

Faudrait-il qu’il y ait une opposition, car la question n’est pas saugrenue au Sénégal. Me Wade s’adressant récemment à son prédécesseur, Abdou Diouf, lui disait qu’il avait eu la chance d’avoir une opposition intelligente. Naturellement, ce n’est plus le cas. L’opposition d’aujourd’hui est constituée d’un groupe de personnes qui se retrouvent dans une unité qui n’était que de façade. La preuve, quand le débat s’est posé pour elle de trouver un candidat unique pour la présidentielle, c’est parti dans tous les sens ! Nous avons constaté que « Bennoo » est devenu le « Tassaroo ». L’existence d’une opposition suppose que face à l’intérêt national, chacun puisse éteindre ses ambitions personnelles. Ils n’ont pas pu le faire, car ils sont tous animés par la ferme volonté de réaliser leurs ambitions personnelles. Ils n’ont pas pu réaliser cette union qui ne pouvait qu’être illusoire, car leurs intérêts personnels priment sur tout, et cela, les Sénégalais le savent. Ils essaient, certes, d’exploiter une conjoncture internationale défavorable qui s’impose à tous, mais d’où l’on sort lentement. Cela peut se comprendre politiquement, mais cela n’a aucune portée auprès des Sénégalais. La crise énergétique, pour ne prendre que cet exemple, s’est imposée à tous les pays et la situation est mille fois pire que la notre dans des pays producteurs. Nous pensons sincèrement que les réalisations du président Wade, une bonne démarche d’explication auprès des populations, la sincérité dans notre engagement à faire du Sénégal un pays émergent, suffiront pour ne pas donner des espaces d’expression à cette opposition.

Renouvellements et ventes des cartes au Pds

C’est une question très délicate. A mon humble avis, il ne faut pas arrêter la vente des cartes. Il faut même aller jusqu’à la mise en place des secteurs. Cela nous permettra de faire un décompte. A partir du nombre de secteurs montés, nous pourrons connaître approximativement le nombre de militants du Parti démocratique sénégalais, parce que nous savons combien ont voté pour le président Wade en 2007, combien ont voté pour nous aux dernières législatives, combien aux locales. Nous devons avoir une estimation fiable du nombre de nos militants ici comme à l’étranger.

Maintenant jusqu’où devons nous aller dans le processus de mise en place des structures, sections et fédérations ? Il va falloir faire preuve de beaucoup de subtilité pour éviter qu’au moment où le top départ du rassemblement de la vaste alliance pour la réélection de Me Wade sera donné, le Pds ne se signale par des querelles internes. Il ne faut pas que nous dépensions, ne serait-ce qu’une once d’énergie, pour résoudre des problèmes internes alors que le moment de faire face à l’opposition est arrivé.

L’influence de la génération du concret

Le Pds sera contrôlé par ceux qui auront bénéficié de la confiance des militants, de la base du parti. Si à l’arrivée, des membres de la Génération du concret arrivent à gagner la confiance des militants depuis les secteurs, les sections, les fédérations jusqu’au niveau national, ce ne serait que l’expression d’une démocratie interne. Je ne pense pas qu’il y a un mécanisme pouvant obliger les militants à se faire diriger par des responsables dont ils ne veulent pas. Maintenant, personnellement, j’ai constaté des choses intéressantes sur le terrain. J’ai vu des responsables de la Génération du concret qui travaillent à émerger, qui cherchent à être responsabilisés chez eux. Cela n’est que bénéfique pour le parti.