Plus de deux ans après sa nomination à la tête du gouvernement, Macky Sall a été témoin de plusieurs réaménagements ministériels. Avec assurance, il a même su imprimer une direction aux choix du Président. Tour à tour, ses adversaires seront soit liquidés soit dégradés. Mais le temps jouant, Macky Sall ne dispose visiblement plus des mêmes atouts. C’est désormais lui qui se trouve dans une zone à risques. Il le comprend bien, sans doute après avoir évalué la dernière mesure d’érection de comités électoraux...
Restera, restera pas, l’actuel locataire de la Primature, n’a en tout cas aucune envie de lâcher le morceau. Et il se bat bec et ongles pour se maintenir à sa position. Nommé Premier ministre le 21 avril 2004, à la place d’Idrissa Seck qu’il a combattu discrètement alors qu’il était ministre de l’Intérieur, Macky Sall aura déjà battu le record en terme de longétivité à ce poste très convoité. Ni Moustapha Niasse (3 avril 2000-3 mars 2001) ni Mame Madior Boye (3 mars 2001 4 novembre 2002), encore moins Idrissa Seck (4 novembre 2002 21 avril 2004)n’ont réussi à se maintenir au sommet de la Primature autant de temps. Même si du reste, cette "baraka" est plus dû au fait que Me Wade avait fini par apparaître comme un homme qui "dévorait ses seconds". Et que cette image négative commençait déjà à s’installer dans l’opinion sénégalaise. Mais deux ans, un mois après sa nomination, les premiers signes de fragilité commencent à se manifester. Et ils viennent d’abord des renouvellements des instances du Pds, initiés avec la persmission de Me Wade. "Macky Sall s’est attaqué à des bastions très puissants du Pds. Et cela n’est pas sans effet", renseigne une source du Pds. Conséquence, des frondes tous azimuts, portées souvent par des vétérans du Pds comme Aly Kébé, tout puissant maître de Kébémer et ancien compagnon de Me Wade, se font jour. Sa rencontre avec Me Wade, lors d’une audience à laquelle n’a pas participé Macky Sall a beaucoup participé à la fragilisation de ce dernier. De même que certaines informations portées à l’attention du Président, relatives à son réseau politique et de cadres qu’il a placés un peu partout dans des directions très stratégiques du pouvoir. Autant de griefs qui justifient la mise en place des fameux comités électoraux. Ainsi, le quatrième Premier ministre de Wade qu’on pensait avoir tiré les leçons de la chute d’Idrissa Seck commence à être perçu comme un homme très ambitieux qui aurait les mêmes méthodes du maire de Thiès et qui fragiliserait l’appareil encore exsangue du Pds. Le spectre de la dualité que son prédécesseur espérait voir disparaître avec son départ de la Primature - "le premier objectif de cette décision est de restaurer l’unité dans les centres de décision de notre pays", déclarait Idrissa Seck, sur le perron de la Primature le jour de la passation de service - commence à nouveau à planer.
D’autant que des bruits faisant état d’un enrichissement rapide de son Premier sont parvenus au Président Wade. Un enrichissement que Macky Sall aurait maquillé dans l’immobilier. Des "bruits" vite démentis dans la presse. Aujourd’hui encore, personne ne connaît la nature des armes que détiennent ses adversaires au premier rang desquels Modou Diagne Fada, très fin politiquement, mais aussi Aminata Tall qui a beaucoup de cartes en main. Le maire de Baol, devenu simple ministre d’Etat à l’issue du dernier réaménagement, bénéficie d’une longue expérience avec le Président Wade. Très hostile à Macky Sall, son nom est d’ailleurs avancé dans certains cercles libéraux comme étant une potentielle remplaçante de l’actuel Premier ministre. Une éventualité prise très au sérieux dans l’entourage de Macky Sall. Mais que certains connaisseurs du Pds écartent de revers de main. Aminata Tall aurait en effet un handicap majeur : celui de ne pas passer dans la famille du Président. Quid de l’autre Aminata, patronne de l’Agence pour la promotion de l’investissements et des grands travaux de l’Etat (Apix). On prête à Aminata Niane, une grande proximité avec le Président Wade mais aussi avec son fils Karim. Un avantage certain mais comme Aminata Tall, elle a aussi un handicap majeur pour n’être pas membre du Pds.
Ainsi, en procédant par élimination, Me Wade pourrait bien être amené à se poser cette question-ci : "qui à sa place ?". Une grande équation même pour le commun des libéraux. Mais la "seule constante" du Pds doit régler définitivement avant d’entraîner son parti dans la bataille pour les prochaines élections.
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