Marche vers les élections couplées :L'opposition, une bombe à retardement pour elle-même ?

Depuis, force est de constater que la division est le maître mot entre Me Wade et ses anciens alliés. Malgré les invectives qui émaillent le discours politique, les sorties répétées, par presse interposée, ont été sanctionnées par une confrontation directe entre le Pds et ses alliés d'une part, les partis de l'opposition constitués dans la Coalition populaire pour l'alternative (Cpa), d'autre part. Unis pour défier le Pds et Me Wade, tel est l'objectif que s'est assigné la Cpa. Les leaders des différents partis que sont le Parti socialiste (Ps), l'Alliance des forces de progrès (Afp), le Parti de l'indépendance et du travail (Pit), la Ligue démocratique (Ld) ou le Parti de la réforme (Pr), entre autres, font montre d'un camp qui marche, main dans la main. Pour preuve, ce sont bien eux qui sont au rendez-vous à l'occasion de tous les évènements politiques, pour contester ensemble et de vive voix les déroutes de Me Wade. Ce sont bien eux qui se retrouvent dans ce qu'il est convenu d'appeler « les jeudis de la Cpa  ». Une occasion pour débattre des questions relatives à la situation politique du pays. Ce sont encore bien eux qui se veulent protecteurs et défenseurs des intérêts à un degré moral, voire économique de l'ensemble des forces vives de la nation. Demander le suffrage des Sénégalais, voudrait-il dire marcher ensemble mais dans la division ? La question qui se pose, se trouverait peut-être dans une affirmation de Cioran qui disait, « je me suis fait un non ». Dire non, face aux dérives du pouvoir, et aux exigences pécuniaires d'un certain ordre de militants siégeant à l'assemblée pourrait être l'arme fatale d'une opposition en quête de devenir. Pour être monté au créneau, dénonçant la prorogation du mandat des députés et le couplage des élections, la date fatidique du 30 juin a assurément montré les faiblesses d'une opposition unie et « désunie ». L'importance des portefeuilles ministériels et autres étant une cause de discorde, c'est pratiquement l'ensemble des partis de l'opposition qui souffrent de cet appétit bien politicien. C'est bien le leader du Jëf Jël, fort de ces constats, qui déclarera qu'il n'existe pas d'opposition au Sénégal. Ceux qu'ils considèrent comme des « voleurs », représentant de surcroît le peuple, sont aussi à l'image des partis de l'opposition. En effet, l'Hémicycle, même vidé de quelques grosses pointures de l'opposition, compte toujours en son sein bien des députés contestataires. Mais, les députés restés à l'Assemblée nationale dévoilent de fait une certaine désunion des partis de l'opposition, en interne comme en externe . Au regard de ces constats, la véritable pomme de discorde pourrait se trouver dans le choix d'un seul leader, qui, au nom de ces pairs, fera face à Me Wade. Mais, à quelques mois des élections (si élections il y aura), l'opposition n'a pas encore fini de montrer ses faiblesses. Elle dévoile de jour en jour sa dysharmonie sur des points bien sensibles, qui ne laissent cependant guère indifférents les millions de Sénégalais. C'est vrai qu'elle clame urbi et orbi son engagement à demeurer une seule tête. Au rythme des spéculations et des démarches incohérentes des différents leaders sur certains points relatifs à un nombre de questions d'approche politique et stratégique, les équations se « broient » dans la langue des Sénégalais. Les rencontres en catimini entre Wade et certains membres de l'opposition cacheraient-elles un deal ? Elargir le gouvernement aux partis de l'opposition est une hypothèse que n'écarte pas Me Wade, dans sa politique du « diviser pour mieux régner ». La probable candidature de l'ancien Premier ministre, Idrissa Seck, qui a déjà fait appel à toutes les forces pour faire face à Me Wade, pourrait augurer des retrouvailles. Le temps d'un instant d'allégresse ? Pour l'heure, c'est comme qui dirait que l'opposition demeure sa propre bombe à retardement.