El Hadj Oumar Lamine Badji vient ainsi allonger la liste des personnalités assassinées par des éléments armés. C’est le député socialiste Mamadou Cissé tué au lendemain des élections de 1983, qui a ouvert cette liste macabre des symboles de l’Etat tombés pendant le conflit casamançais. Les réactions provoquées par ce drame avaient certainement poussé les auteurs de tels actes à marquer une pause dans cette entreprise macabre. Il faudra attendre 1998 pour voir un autre représentant de l’Etat attaqué avec l’assassinat du sous préfet de Sindian, tombé dans les mêmes conditions, sous les balles d’éléments armés. La série noire se poursuivra en 2005. Cette année-là, alors qu’on n’avait pas fini de louer les mérites de l’accord de paix signé presque un an plus tôt, le sous-préfet de Diouloulou, dans le département de Bignona tombe dans un guet-apens tendu par une bande armée dont les éléments ont été identifiés comme combattants du mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). Gorgui Mbengue, qui était alors à quelques mois de la retraite, sera tué par ces coupeurs de route. Avec ce crime, l’horreur venait d’atteindre son comble en Casamance. Les réactions ont fusé de partout, condamnant cet acte considéré comme une agression contre l’Etat. Aujourd’hui, ceux qui avaient pensé que l’émotion et les réactions suscitées au lendemain de la disparition brutale de Gorgui Mbengue allaient contribuer à mettre un terme aux assassinats ciblés de personnalités, ont reconsidéré leur proposition au contact de la réalité. Car, les éléments armés ont encore frappé, cette fois encore, au cœur même de l’Etat. Et la victime n’est autre qu’El Hadj Oumar Lamine Badji, président du conseil régional de Ziguinchor.
Le président du Conseil régional de Ziguinchor, est mort, tué par des éléments armés non encore identifiés. Le drame s’est produit à Sindian à une quinzaine de kilomètres de Bignona. Cette nuit-là, alors que ce chef lieu-d’arrondissement s’apprêtait, comme le reste du Sénégal d’ailleurs, à célébrer la plus grande fête musulmane qu’est la Tabaski, une bande armée s’est invitée dans le village. Le domicile du président du conseil régional de Ziguinchor présent sur les lieux pour les besoins de la fête sera la cible des éléments armés. Après l’avoir encerclé, ils soustrairont de sa chambre El Hadj Oumar Lamine Badji. Les assaillants qui venaient ainsi de mettre la main sur leur proie assassineront froidement le président du conseil régional. On ne sait pas exactement les circonstances dans lesquelles ce crime a été commis, mais, des sources proches de la famille du défunt révèlent qu’El Hadj Oumar Lamine Badji a été criblé de balles avant d’être égorgé. Toujours est-il qu’il est mort sur le coup, victime de ses hôtes d’un autre genre, qui ont par la suite, mis le feu à la maison et au véhicule de service du président du conseil régional de Ziguinchor. C’est après leur départ que l’armée, stationnée à quelques centaines de mètres du lieu du drame, fera une descente sur place.
Mais, le pire s’était déjà produit. Elle ne trouvera qu’un corps baignant dans une mare de sang, gisant sur le sol. Et c’est devant le regard médusé et interrogatif de sa famille que le corps d’El Hadj Oumar Lamine Badji a été transporté à la morgue de l’hôpital régional de Ziguinchor. La nouvelle, qui est tombée comme une bombe a plongé toute une région dans l’émoi et la consternation. Des sentiments exprimés dimanche dernier par les dizaines de personnes qui ont pris d’assaut l’hôpital à l’annonce de la nouvelle.
Aujourd’hui encore, les ziguinchorois s’interrogent sur les motifs réels de ce crime. Qui a pu pousser sa haine au point de commettre cet acte qui a endeuillé tout le Sénégal ? Cette question revient souvent dans les sujets de conversion.
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