Ousmane Tanor Dieng : l'audit du fichier est une ‘'exigence indispensable'' pour la tenue de bonnes élections

Ousmane Tanor Dieng : l'audit du fichier est une ‘'exigence indispensable'' pour la tenue de bonnes élections

Dakar, 8 oct (APS) - Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS, opposition), Ousmane Tanor Dieng, a affirmé dimanche que ‘'compte tenu des indices graves'' notés dans le processus d'inscription sur les listes, un audit du fichier électoral est une ‘'exigence indispensable'' pour éviter des ‘'élections bâclées''.

‘'C'est une exigence indispensable. S'il n'y a pas d'audit du fichier, si nous ne pouvons accorder aucun crédit à ce fichier, ça veut dire que nous aurons des élections bâclées. Or ça, nous ne pouvons pas l'accepter'', a dit M. Dieng invité de l'émission ‘'Grand Jury'' de la Radio Futurs Médis (RFM, privée).

‘'Compte tenu de ces indices graves, nous demandons un audit du fichier électoral. Je crois que c'est le minimum qu'on peut demander parce qu'on l'avait en 2000. Non seulement on avait l'audit du fichier, mais ce fichier avait été mis en ligne'', a ajouté le député socialiste.

Il a dit que ce sujet fait partie de ceux que des leaders de l'opposition vont aborder avec le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales qu'ils doivent rencontrer en début de semaine prochaine.

Avec l'ancien système, chacun pouvait, avec un numéro vert, demander s'il est sur le fichier, a-t-il rappelé estimant que ‘'ça, on peut le faire aujourd'hui pour que le citoyen téléphone à ce numéro pour savoir si sa carte est sortie''.

''Ce qui arrive aujourd'hui'' c'est que ''comme les cartes sont fabriquées on ne sait pas trop comment, tout le monde sait que des gens qui étaient inscrits il y a plus d'un an n'ont pas encore retiré leurs cartes'', selon Ousmane Tanor Dieng.

‘'Je crois que c'est une situation inacceptable parce que toutes ces personnes qui vont et viennent vont finir par ne plus y croire et ne plus partir'' retirer leurs cartes.

Il a ajouté : ‘'c'est un problème grave. Je ne comprends pas pourquoi certains Sénégalais estiment qu'on en parle trop. La dévolution du pouvoir est à la base de la paix et de la stabilité dans tous les pays du monde. Donc il faut prévenir parce que tout ce qui est arrivé dans ces pays dont on parle aujourd'hui, c'est à la suite d'élections contestées, truquées, bâclées.''

‘'Nous voulons prévenir pour que les élections se passent de manière régulière et transparente. Ce n'est pas une demande exagérée'', a-t-il encore dit.

Parmi les ‘'indices graves'' qui entravent le processus, Ousmane Tanor Dieng a notamment cité ‘'la présence d'étrangers'' que ‘'personne ne peut contester''.

‘'Nous voyons qu'il y a des distributions de cartes d'électeurs qui se font en dehors de la présence des membres de la commission. Tout d'un coup on a transformé la commission d'inscription en commission de distribution des cartes. Ça n'a pas de base légale, ce n'est pas normal, a-t-il poursuivi. En plus, le dispositif avait prévu que la CENA (Commission électorale nationale autonome) aurait un récépissé en même temps que le ministre de l'Intérieur et allait avoir son propre fichier. Mais on ne lui a pas donné les moyens de travailler.''

L'audit du fichier est ‘'une exigence et nous allons le demander au ministre de l'Intérieur que nous allons rencontrer en début de semaine prochaine. Sans audit du fichier électoral, nous ne pouvons lui accorder ni foi ni crédit''.

‘'A priori ils disent que le fichier est bon. Nous le contestons, donc il faut faire un audit du fichier et on ne comprend pas d'ailleurs de quoi le gouvernement a peur pour faire du dilatoire'' à ce propos, a relevé le premier secrétaire du Parti socialiste. Il a estimé que cet exercice est un ‘'test de la bonne foi du gouvernement''.

Ousmane Tanor Dieng a souligné que ‘'le fichier est au cœur de la bataille électorale. S'il n'est pas bon, s'il est piégé, on ne peut pas avoir d'élections transparentes et régulières et on ne pourra pas assurer la paix et la stabilité''.

‘'Il ne faut pas qu'on s'arrête à nous dire que les élections auront lieu sans prendre en même temps les dispositions appropriées et nous mettre devant le fait accompli'', a-t-il conclu en excluant toute idée de report des élections prévues le 25 février 2007.

ADC/BK