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Politique

Pacte de bonne gouvernance: Au bon souvenir d’Amadou Makhtar Mbow, patriarche des “assisards” !

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Pacte de bonne gouvernance: Au bon souvenir d’Amadou Makhtar Mbow, patriarche des “assisards” !
 L’ancien Directeur général de l’Unesco, Amadou Mahtar Mbow a piloté deux réformes institutionnelles mort-nées (Assises nationales et CNRI). Au crépuscule d’une vie entièrement dévouée à la nation, ses travaux sont dépoussiérés par 12 candidats à la présidentielle du 25 février 2024. Portrait du patriarche des ‘’assisard’’.


L’âge passe mais laisse intact les idées et les convictions fortes. A 103 ans le 20 mars 2024, le père des Assises nationales, Pr Amadou Mahtar Mbow est certes congédié par le temps, cet ennemi sournois qui consume l’homme jour après jour. Mais, les réformes qu’il avait entreprises et qui ont été mises en veilleuse pour ne pas dire ranger dans les lugubres tiroirs de l’oubli, commencent à rejaillir en cette veille de campagne pour l’élection présidentielle du 25 février prochain. Remettant, ainsi, le patriarche, à la retraite depuis plusieurs années, au cœur du débat politique sans qu’il ne l’ait demandé.


Rewind ! C’est sans doute l’une des séquences les plus éprouvantes de sa vie qui n’a pourtant pas été un long fleuve tranquille. On est en mi-2008. Le Sénégal traversait une crise politique (les partis d’oppositions qui contestaient les résultats de la présidentielle de février 2007, ont boycotté les législatives d’avril) sans précédent, exacerbée par la crise économique mondiale avec comme corollaire une récession drastique. A l’initiative de l’opposition (le front Siggil Senegaal) et de la société civile pour sortir le pays de cet étau, les Assises nationales sont lancées, le 1er juin 2008, avec à sa tête l’ancien Directeur général de l’Unesco (1974-1987), Amadou Mahtar Mbow. A 87 ans à l’époque, il profitait discrètement d’une retraite dorée bien méritée après avoir roulé sa bosse aux quatre coins du globe.


Choisi par les initiateurs, l’ancien tirailleur sénégalais engagé au front durant la deuxième guerre mondiale pour libérer la France, devenu professeur d’histoire et de géographie, ministre (éducation et culture) puis Directeur de l’Unesco, avait décliné dans un premier temps. Même s’il se sentait « toujours prêt à servir » comme le lui impose les principes sacrés du scoutisme qu’il a pratiqué durant son adolescence, il avait évoqué, entre autres raisons de son refus, son âge très avancé. Cependant, en bon et infatigable soldat des causes justes, il renfile l’uniforme de vétéran pour répondre à l’appel du peuple. Car, selon lui, « rester sourd serait un reniement de soi ».


« Au soir d'une vie aussi longue que la mienne (...) on ne peut se dérober. C'est donc après mûre réflexion que j'ai accepté de présider ces assises », argue-t-il, repris par l’AFP, lors de la cérémonie de restitution des conclusions des Assises nationales. Pour lui, être sollicité de nouveau pour diriger une initiative ô combien cruciale et présentée comme « une solution concertée de sortie de crise » pour le Sénégal, est un autre combat qu’il fallait mener, malgré le poids de l’âge.


Assises nationales et CNRI, deux réformes dans les tiroirs


Bravant menaces et critiques de l’ancien régime pendant près d’un an (1er juin 2008-24 mai 2009), il ne se doutait point que ses travaux qui l’ont poussé à sillonner le pays de villes en hameaux aux contacts des Sénégalais et d’autres acteurs socio-politiques, allaient finir à la corbeille. Le président de la République, Macky Sall qui avait signé la charte de gouvernance démocratique à l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 2012, arrivé au pouvoir, rechigne à appliquer cette réforme. Prétextant qu’il avait émis des réserves lors de la signature. Une douche froide pour les ‘’assisards’’ ! Mais, il en fallait plus pour entamer l’engagement et la détermination de l’homme à la légendaire tunique blanche et à la chéchia rouge. Le volontaire de l’armée française à la deuxième guerre mondiale qui a frôlé la mort dans les tranchées en 1940, a une carapace en Kevlar.

 

Engagé par Macky Sall en mai 2013 pour mener sa ‘’reforme’’ cette fois, Mbow accepte volontiers. La mission consistait en la rénovation de l’armature institutionnelle du Sénégal confiée à la commission nationale de réforme des institutions (Cnri). A la restitution des conclusions et recommandations, bis repetita ! Pour avoir proposé un projet de nouvelle Constitution en plus des 11 points sur lesquels sont articulés les conclusions et recommandations, le client (le président Macky Sall) a estimé que Mbow et Cie ont « outrepassé leurs attributions ». Convoquant le décret n° 2013-730 du 28 mai 2013 portant création de la Cnri et définissant sa mission, le ministre-conseiller juridique de l’époque, Ismaïla Madior Fall soulignait que « nulle part, il n’a été question d’une nouvelle Constitution ».


12 candidats à la présidentielle signent le pacte des Assises


Deux déceptions d'affilée qui ont précipité son retour à la retraite. Aujourd’hui, une décennie après, le temps semble lui donner raison. En effet, un bienfait n’étant jamais perdu, sur les 20 candidats en lice pour les prochaines joutes électorales du 25 février prochain, 12 ont signé cette semaine la charte de gouvernance démocratique des Assises nationales qui porte son empreinte, s’engageant ainsi à l’appliquer. Ce qui mettra certainement du baume au cœur de ce grand commis de l’État qui a servi la République toute sa vie durant, sous plusieurs casquettes.

D’abord engagé volontaire à l’armée française en 1940, il a également servi pour l'armée française en Afrique du Nord puis de nouveau en France comme sergent spécialiste où il achève sa carrière militaire. Après sa démobilisation en fin 1945, il entreprend des études à la Sorbonne où il est diplômé en Géographie. C’est le début d’une courte carrière d’enseignant qui a commencé en 1951 à Rosso (Mauritanie), puis au Lycée Faidherbe de Saint-Louis (Sénégal) et à l’école normale supérieure. Ceci, avant d'être dépêché au ministère l’Éducation nationale du Sénégal.

A ce Cv kilométrique s'ajoutent des postes ministériels : ministre de l'Éducation, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports (1957-1958) dans le gouvernement sénégalais issu de la Loi-cadre (celle qui crée des États autonomes en Afrique occidentale française, AOF). Dans le gouvernement de Senghor dont il a été l’un des opposants pendant huit ans, il a occupé le poste de ministre de l'Éducation de 1968 à 1970 avant d’être élu député de 1970 en 1974. Année à laquelle, Amadou Makhtar Mbow intègre l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), d’abord en tant que sous-directeur général chargé de l'éducation puis Directeur général (1974-1987). Au siège de l’organisme onusien situé à la Place de Fontenoy au cœur de Paris (France), le sénégalais a laissé une empreinte indélébile sur la mémoire institutionnelle des Nations Unies.



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