Point d’interrogation : « Les graves dérives d’une Ministre d’état »

Mais la colère des républicains couvent déjà par ce que ces propos tenus par cette dame-là sont si graves qu’ils font partager entre le rire et la rage. Il ne faut point s’en boucher les oreilles. Il faut en mesurer le ridicule et les dénoncer tout en interpellant le président de la république, incarnation et garant de l’unité nationale à prendre ses responsabilités devant un discours aussi préjudiciable pour l’image de la République. Le Sénégal ne connait pas ces écarts et ne les connaitra point. Il faut, dans une République normale et dans une démocratie policée, peu d’imagination pour arriver à un niveau de Schizophrénie et d’irresponsabilité si tragique par ce que si dommageable à l’image de l’Etat et du gouvernement de la République où elle siège.

Ino, c’est ainsi qu’on l’appelle. Ancienne militante du PS puis de l’AFP, transhumante de renom et militante bizarre de la génération du concret dont elle appelle le leader Karim Wade à revoir sa copie, elle ne se gène pas à verser dans des discours qui heurtent la morale et les vertus de l’unité nationale. Elle parle ethnie. Elle parle origine. Elle parle Mouvement des Femmes libérales qu’elle a le culot de vouloir diriger alors qu’elle n’est venue au PDS qu’en 2006. Elle dévie. Elle dérive. Elle délire. Mais jusqu’à quand ? Jusqu’à quand un Ministre d’Etat-grade obtenu spectaculairement au détriment de la respectabilité républicaine- continuera t’il à transférer le combat politique sur le champ de l’identité ?

Où va ce pays quand un ministre d’état de la République, de surcroit Ministre d’Etat – titre qui indispose encore les jacobins de l’Etat- verse dans un discours de bas étage qui amènent ceux qu’elle attaque, soit par excès de zèle, soit par ignorance à lui donner rendez vous aux champs des déballages. Est-ce acceptable pour une personne favorisée par le hasard et par la combine politicienne de faire de la race, de l’ethnie et de la naissance une arme verbale dans une République moulée dans les vertus historiques de la symbiose ? Mais faut-il lui en vouloir à mort puisqu’elle avoue n’avoir jamais pensé dans sa vie dans ses rêves les plus fous qu’elle deviendrait Ministre de la République. Voilà pourquoi, elle n’en connait point les exigences.

Il apparait donc bien que la République du Sénégal a mal de ses hommes et des femmes prédisposés à la direction des affaires publiques. Elle a mal de ses contre modèles. Elle souffre de l’arrogance des parvenus adoubés par humeur comme si l’acte de trahison est un acte d’héroïsme ? L’Etat même a besoin d’un nouvel élan qui lui redonne se respectabilité par le biais d’homme et de femmes qui en portent bien le halo. Prisonnier d’une classe politique à la sauce gombo, il est envahi par des condottieri et des chemineaux responsabilisés sans aucune enquête de moralité concluante de sorte que la nation elle-même ne se sent plus à l’abri des dérives et de gros écarts de langage grossiers.

Mais malheureusement que les institutions résistent. Leurs piliers restent solides. La République du Sénégal tient bon malgré tout par ce qu’elle est la somme du labeur des générations qui n’ont jamais menti à leur peuple et qui n’ont jamais trahi. Elle est et reste le produit historique du combat des génies politiques qui furent à la guerre et surent être partout. Elle est un résultat historique autant qu’un fait politique.

A l’heure des adversités et de la recomposition de la géopolitique nationale, le Sénégal a besoin de modèles respectueux et respectables d’hommes et de femmes devant lesquels les vertus jubilent. Wade doit assainir son gouvernement et son équipe politique ne serait ce que pour limiter les dégâts. L’esprit public national a si changé que l’honorabilité d’un responsable politique ne se mesure point à l’aune de son titre, dût-il être un tragique hasard, mais à l’aune de son cursus Honorum et de sa moralité civile et politique. En politique, la liberté n’est pas le droit d’injurier lorsqu’on n’a plus d’exutoire.

La politique a besoin de morale, à l’acte comme à l’oral. Elle ne peut être, pour une société bantoue, une action de combine et de combinaison où le paganisme du geste et du propos intervient pour tuer la foi. Or, il a été bien dit par les sages qu’en politique quand la foi baisse, pullulent les superstitions et les idolâtries. Mais même si on n’a pas de foi, il faut croire en quelque chose.. Seulement, quand on ne croit en rien, on est prêt à tout faire et à tout dire. Et on restera toujours dans sa culpabilité, de Dakar à Treichville, mais jamais dans l’innocence.

Tamsir Ndiaye Jupiter, Nouvel Horizon N°668 Du 17 au 23 Avril 2009