Dakar, 2 fév (APS) - Le parcours de Idrissa Seck, 47 ans, candidat à l'élection présidentielle du 25 février, est passé du statut, supposé ou réel, de dauphin de Me Abdoulaye Wade à celui d'un banni qui cristallise tant de polémiques. Il s'est aujourd'hui affranchi pour assumer un destin présidentiel. 
Né le 9 août 1959 à Thiès (70 km à l'est de Dakar), ville dont il est le maire, Idrissa Seck a fréquenté l'école des Hautes études commerciales (HEC) et l'Institut d'études politiques de Paris, ou encore l'université de Princeton, aux Etats-Unis.
Il a gravi les échelons à l'ombre du maître, le président Abdoulaye Wade, secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (PDS), alors dans l'opposition. En mars 2000, à l'arrivée au pouvoir de Me Wade, dont il était considéré comme l'éminence grise, Idrissa Seck devient son directeur de cabinet, avec rang de ministre d'Etat.
Numéro deux du PDS en 1998, il conduit à ce titre aux législatives d'avril 2001 la coalition “Sopi” formée autour de la mouvance présidentielle et remporte 89 des 120 sièges à l'Assemblée nationale. Il reste dans l'ombre jusqu'à sa nomination en novembre au poste de Premier ministre du Sénégal après la mise à l'écart de Mame Madior Boye.
“Ma mission sera de conduire ma nouvelle charge en étant attentif à tous les signes, à toutes les potentialités, à tous les talents du Sénégal qui ont pu produire le triomphe et la joie, mais aussi rester attentif à nous guérir de tous les maux et de toutes les faiblesses, qui ont produit ce drame”, avait-il déclaré dès sa nomination.
Homme d'affaires et consultant en “management”, spécialisé en finance et stratégies de développement, il a opéré dans les années 90 dans le secteur privé tout en continuant à tracer son sillon au PDS, parti qu'il a rejoint dès l'âge de 15 ans.
Les Sénégalais l'avaient “découvert” en 1988, alors qu'il avait 29 ans, quand Abdoulaye Wade fit de lui son directeur de campagne pour la présidentielle, perdue face au PS.
Lorsque le président socialiste Abdou Diouf avait élargi son gouvernement à l'opposition, il avait hérité du portefeuille du Commerce, de l'Artisanat et de l'Industrialisation.
Au fil des ans, il a su peaufiner son image de fidèle parmi les fidèles d'Abdoulaye Wade et, manœuvrer pour écarter ses adversaires réels ou supposés.
Certains lui reprochent son arrogance, son éloignement de la base du parti, son goût du pouvoir et de l'argent. D'autres, l'accusent d'avoir mystifié ses concitoyens par ses connaissances coraniques. Mais il continuait de jouir de la confiance du président, jusqu'au jour où, accusé d'entretenir une dualité au sommet de l'Etat, il est écarté de son poste de Premier ministre.
Ce fut le point de départ d'une traversée du désert qui va s'accélérer avec les accusations nées de la gestion d'Idrissa Seck du dossier des chantiers de Thiès. Il lui est reproché d'avoir procédé à des surfacturations dans la gestion des 40 milliards de francs CFA débloqués pour la construction ou la réhabilitation d'infrastructures à Thiès, ville dont il est le maire.
La situation est telle que le président, qui l'a toujours soutenu face aux critiques, le lâche. ‘'Je me suis trompé et il m'a trahi'', dit Abdoulaye Wade rappelant qu'il a payé les études d'Idrissa Seck en France et aux Etats-Unis. ‘'J'avais tellement confiance en lui que je lui ai quasiment remis les clefs du PDS. Moi, je dormais. Un jour, grâce à Dieu, je me suis réveillé'', dit Me Wade.
En plus, alors qu'il est en prison dans le cadre du dossier des chantiers de Thiès, il est accusé d'''atteinte à la sûreté de l'Etat et à la Défense nationale''. Mais Idrissa Seck, emprisonné pendant 7 mois, bénéficie d'un non lieu.
A sa sortie de prison, M. Seck, qui avait été exclu du Parti démocratique sénégalais en même temps que d'autres proches, se lance dans une aventure personnelle tout en affirmant son appartenance au PDS, sa ‘'famille naturelle''.
Il annonce coup sur coup sa candidature à l'élection présidentielle du 25 février et crée le parti politique dénommé ‘'Rewmi'' (le pays en wolof). Même si les derniers développements de ses échanges avec Abdoulaye Wade laissaient planer dans l'opinion l'idée que Idrissa Seck allait renoncer à se présenter, il a maintenu sa candidature.
ADC/CTN
0 Commentaires
Participer à la Discussion