Pourquoi Tanor et Niasse ont évité Paris

La Cpa avait demandé à ses leaders, « qui en ont les moyens » , de faire le déplacement sur Paris pour vilipender Me Wade ; récipiendaire du prix de recherche de la paix, Houphouët- Boigny. Mais le 16 mai dernier, il n'y eut que le leader du Parti de l'indépendance et du travail, Amath Dansokho, devant l'Unesco. Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse savaient depuis la dernière visite de l'ancien président de la République , Abdou Diouf, à son successeur qu'ils ne se rendraient plus dans la capitale française. Mais, il fallait sauver la face, pour ne pas dire la farce.
Pour dévoiler au monde le visage, qu'ils pensent être celui réel du chef de l'État sénégalais, Me Abdoulaye Wade, les dirigeants de la Coalition populaire pour l'alternative (Cpa) avaient demandé à «  ceux qui en ont les moyens  » de se rendre à Paris pour manifester contre le prix Houphouët Boigny qui lui a été décerné. Une manifestation qui, à priori, devait permettre aux deux poids lourds de l'opposition, le Parti socialiste (Ps) et l'Alliance des forces de progrès (Afp), d'élaguer leurs cercles politiques. Leurs leaders, respectivement Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse, avaient indéniablement favorisé cette décision de la frange la plus forte de l'opposition. Les deux ne manquent pas non plus de moyens. La présence du premier au regroupement des femmes de la Cpa , le mardi dernier, indique que son agenda n'était pas si chargé que ça, le jour de la manifestation. Mais ils ont fini par faire faux-bond à leurs militants de l'Hexagone. Des sources concordantes sont formelles : avant la dernière visite du président de l'Agence internationale de la Francophonie et ancien chef de l'État sénégalais, Abdou Diouf, à son successeur,  aussi bien Niasse que Tanor jubilaient. Pour le premier, la manifestation prévue à Paris était une belle occasion de faire la fête à Me Wade. Pour le second, l'occasion de lui renvoyer les huées de 1998 contre Diouf, dont il était le second dans le Ps et Directeur de cabinet. Mais, c'était sans compter sur la capacité de réaction du récipiendaire du prix Houphouët Boigny. Car, Me Wade sachant qu'il fallait extirper le mal par la racine, et que Abdou Diouf ne pouvait que passer dans son camp, aurait alors décidé « de passer aux actes », à l'occasion de la visite que devait lui rendre ce dernier, juste avant la cérémonie de l'Unesco. Nos sources proches de la présidence de la République confirment qu'à l'occasion de cette audience, le réchauffement du climat politique a été évoqué. Me Wade aurait alors attiré l'attention de son hôte sur l'importance que la remise du prix Houphouët Boigny revêtait pour lui et son prédécesseur : lui en est le bénéficiaire, du fait de ses résistances politiques sous le règne particulièrement de son prédécesseur ; l'autre est le parrain de la distinction, mais également l'auteur de sévices qui lui valent le prix. La poire ne pouvait qu'être coupée en deux. Ainsi, Me Wade se serait engagé à «  réhabiliter  » M. Diouf. Mais l'ancien responsable du Parti socialiste et de l'État devait « raisonner » Ousmane Tanor Dieng, qui fut son ministre, Moustapha Niasse, qui «  en dépit de tout, l'écoute et le consulte  » ; et Abdourahime Agne, dont l'Histoire retient la déclaration à l'occasion des chahuts contre Diouf à Paris. Il fut aussi président du groupe parlementaire socialiste. La mission ne fut donc pas trop difficile. C'est pour ces raisons, avancent nos sources, que ces trois leaders ne se sont pas rendus en France mardi dernier. Dès lors, déduisent nos sources, Abdoulaye Bathily ne pouvait que "se résoudre " à rester à Dakar ; l'opération sur Paris étant devenue «  suicidaire  ». Mais, puisqu'il fallait faire bonne figure, les uns et les autres durent se résoudre à envoyer leurs «  seconds-couteaux  » tenir compagnie au responsable du Parti de l'indépendance et du travail, Amath Dansokho ; aux soins en Europe.

L'un dans l'autre, c'est Me Wade qui a récolté plus de points dans l'étape parisienne. La Cpa saura-t-elle rebondir ?