Recalés du gouvernement : Le chef de l'Etat punit les ’traîtres’

Plus d’une quinzaine de ministres de l’ancienne équipe de Macky Sall n’ont pas été reconduits dans celle d’Adjibou Soumaré. Et le fait marquant est que tous ceux qui étaient accusés de ‘traîtrise’ sont passés à la trappe. De même que certains alliés comme Me El Hadji Diouf, Diègane Sène et Oumar Khassimou Dia.

Me Abdoulaye Wade a mis hier à exécution sa menace de sévir contre les ‘traîtres’ de son parti qui ont été accusés, à tort ou à raison, d’avoir appelé au vote-sanction contre la coalition Sopi 2007 aux dernières législatives. C’est en tout cas l’une des lectures qu’on peut avoir à la vue du gouvernement mis sur pied hier et piloté par le Premier ministre Hadjibou Soumaré. Et dans le lot de ces ‘rebelles’ qui ont été limogés hier, on citera l’ancien ministre du Commerce Khoureichi Thiam, par ailleurs responsable politique à Tambacounda. Investi sur la liste départementale, Khoureichi Thiam avait été accusé par ses frères libéraux d’avoir donné un mot d’ordre de boycott. L’ancien ministre du Commerce avait même été entendu la semaine dernière par l’administrateur du Pds, Abdoulaye Faye, à propos des accusations qui pesaient sur lui. Khoureichi Thiam s’était même bien défendu devant le ‘juge’ du Pds. Mais au regard de son limogeage, force est de reconnaître qu’il n’a pas convaincu.

Me Wade a également sévi contre Assane Diagne désormais ex-ministre de l’Habitat et responsable politique à Bambey. Ses adversaires politiques affirment qu’Assane Diagne n’avait fait aucun effort pour la victoire de la coalition Sopi 2007. L’ancien socialiste devenu libéral au lendemain de l’alternance aurait appelé au vote-sanction dans sa localité. Assane Diagne partage cependant cette sanction avec son adversaire Aïda Mbodji avec qui il entretient des relations exécrables. L'ancienne ministre de la femme a été aussi ‘remerciée’. Une manière de mettre un peu de discipline dans les rangs du Pds à Bambey.

L’éviction de Lamine Bâ du gouvernement est à analyser également dans le cadre des punitions administrées aux’ traîtres’ du Pds. L’ancien ministre de la Coopération internationale, bien qu’étant un haut responsable du parti, n’aurait pas beaucoup mouillé le maillot pour faire triompher la liste des libéraux aux législatives. Lamine Bâ, faut-il le rappeler, n’était pas investi aux élections législatives. Un choix du parti qu’il avait du reste contesté en sourdine. Il en est de même pour Christian Sina Diatta qui est également passé à la trappe de même que son frère Georges Tendeng. Même si le dernier nommé n’a jamais été accusé ‘ouvertement’ de traîtrise.

Mais dans le lôt des recalés du remaniement, il y a ceux-là qui récoltent les conséquences de leur défaite dans leurs localités. Et c’est le cas du désormais ex ministre de l’Environnement Thierno Lô qui a perdu la bataille épique de Darou Mousty contre son ‘ennemi’ Modou Diagne Fada. Le néo-libéral Me Abdoulaye Babou, bien qu’investi sur la liste de la Coalition Sopi 2007, n’a pas su s’imposer dans son fief. L’ancien porte-parole de l’Afp est, en réalité, très contesté par son rival Iba Guèye qui n’a jamais cessé de dire à qui veut l’entendre que Me Babou n’avait pas de base politique à Mbacké.

C’est à peu près les mêmes raisons qui ont conduit à la mise à l’écart de Joseph Ndong qui a toujours peiné à s’imposer dans le département de Mbour.

D’ailleurs, Me Wade a fini par débaucher le maire socialiste de Joal, Paul Ndong, pour s’assurer la victoire aux législatives dans la localité. L’on se rappelle également que Wade avait réellement jaugé la non-représentativité de Joseph Ndong à l’occasion de l’inauguration du nouveau pont de Joal Fadiouth.

L’autre enseignement à tirer de ce remaniement est que Me Wade s’est débarrassé de quelques alliés. Il s’agit de Diégane Sène de l’Urd, Me El Hadj Diouf du Ptp et Oumar Khassimou Dia du Rp.

Il y a enfin le cas d’Abdou Fall, le porte-parole du Pds, qui, il faut le dire, ne fait pas l’unanimité au sein de la famille libérale à Thiès.

Pourtant, il se positionne comme le responsable du parti à Thiès. Au-delà de la débâcle du Pds dans la cité du rail à la présidentielle, Abdou Fall serait-il victime de la guerre de positionnement à Thiès ? Cette mise à l’écart pourrait peut-être lui permettre de se positionner comme président du groupe parlementaire libéral.

Quant à Abdou Aziz Sow, son cas se justifie par la léthargie que connaît actuellement le Nepad. Au point de décourager le président Wade qui a récemment annoncé qu’il ne perdra plus de temps avec le Nepad.