REFERENDUM CONSTITUTIONNEL EN MAURITANIE :

Les citoyens mauritaniens ont voté hier, dimanche 25 juin massivement le référendum constitutionnel. Le président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (Cmdj), le Colonel Mohammed Ould Vall, chef de l’Etat qui a voté avec son épouse très tôt hier au bureau de vote du centre des Domaines où traditionnellement les présidents mauritaniens accomplissent leur devoir citoyen situé dans le chic quartier de Tevragh-Zéna dans le centre ville, s’est personnellement impliqué pendant la campagne électorale en faveur du oui, apprend-on à Nouakchott. Son administration avec. Les 2329 bureaux de vote, répartis dans les 13 Wilaya du pays ont accueilli la majorité des 984.423 électeurs inscrits au fichier électoral. Le référendum constitutionnel d’hier, le troisième de l’histoire de l’Etat et la nation indépendant de Mauritanie après ceux de 1958 et de 1991, constitue assurément le premier jalon d’une marche à pas cadencés vers une démocratie moderne dans ce pays.

(Envoyé Spécial). Les Mauritaniens se sont donnés hier, dimanche 25 juin, librement leur troisième constitution de l’histoire de leur jeune nation indépendante. Dans le calme, mais également dans une détermination qui en disait long sur leurs attentes pour une démocratie apaisée et moderne. La Loi fondamentale, la troisième du genre, même si elle ne découle en fait que de la deuxième promulguée par l’ordonnance n° 91 022 du 20 juillet 1991 et publiée au journal officiel du 30 juillet 1991, n’en comporte pas moins des avancées significatives, « révolutionnaires » dit-on ici en Mauritanie dans certains cercles politiques, parfois critiques à l’endroit du pouvoir de la transition. A la lecture des articles nouveaux introduits, on est enclin de les croire.

En effet, l’alinéa 2 de l’Article premier du titre premier indique très clairement que « la République assure à tous les citoyens sans distinction d’origine, de race, de sexe ou de condition sociale, l’égalité devant la loi ». Et l’article 2 de souligner avec force que « le peuple est la source de tout pouvoir ». Viennent ensuite les innovations : Article 26 : « Le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct »

3ème alinéa : « Est éligible à la présidence de la République, tout citoyen né mauritanien jouissant de ses droits civils et politiques et âgé de quarante (40) ans au moins et de soixante quinze ans au plus (souligné par nous) à la date du premier tour de l’élection. Article 27 : « le mandat de président de la République est incompatible avec l’exercice de toute fonction publique ou privée et avec l’appartenance aux instances dirigeantes d’un parti politique » (souligné par nous). Article 28 : « le président de la République nouvellement élu est rééligible une seule fois ».

Ces innovations à elles seules, constituent des avancées extraordinaires qui expliqueraient certainement pourquoi sur la trentaine de formations politiques qui se disputent démocratiquement le pouvoir et le leadership en Mauritanie, l’écrasante majorité a appelé à voter Oui massivement. Seule une petite minorité de partis politiques, « marginale » disent certains Mauritaniens ont appelé non pas à voter non contre la nouvelle Constitution, mais à la boycotter. Arguant que certaines questions fondamentales, notamment celles de cohabitation et la place des négro-africains n’ont pas été suffisamment prises en compte dans cette constitution soumise au peuple mauritanien.

Le président Vall et son Premier ministre votent à 9 Heure

Le bureau de vote du centre des Domaines comme à son habitude nous a-t-on révélé dans la capitale mauritanienne, a accueilli hier le chef de l’Etat, le colonel Ould Mohammed Vall sur les coups de 9heures. Le chef de la transition accompagné de son épouse et de son Premier ministre, Sidy Mohammed Ould Boubacar a accompli son devoir civique. A sa sortie, il s’est prêté bien volontiers aux questions des confrères de toute nationalité, venus nombreux couvrir l’événement. « Je suis fier d’avoir accompli mon devoir civique »,a –t-il déclaré d’emblée. Pour enchaîner en soulignant avec force que pour « la première fois dans leur vie, » ses concitoyens ont l’occasion de « choisir librement, d’agir librement et de choisir en toute conscience leur destin. Par conséquent, c’est le moment où jamais d’en décider ». Quels sont les acquis de cette question ? « Ils sont extrêmement importants. Il s’agit de l’âge de la constitutionnalisation de l’alternance dans un pays qui n’a connu que le parti unique et le pouvoir personnel. C’est quelque chose d’une importance capitale », a-t-il conclu.

Son chef du gouvernement, Sidy Mohammed Ould Boubacar abonde dans le même sens. Selon lui, visiblement fier de son administration qui a réussi le pari de l’organisation et de la sensibilisation, « la transition a accompli sa mission. Il reste aux Mauritaniens de se tourner avec confiance et sérénité vers l’avenir. Ils auront à choisir librement leurs dirigeants aux élections futures à savoir la présidentielle, les législatives et les locales. La démocratie est en marche ».