Le gouvernement ne jouerait pas franc jeu, à propos des négociations pour le retour de la paix en Casamance. Et l'envoi de militaires au sud du pays ne ferait qu'exacerber la crise et approfondir les suspicions entre les parties. Pour l'abbé Diamacoune Senghor, qui s'exprimait hier sur les ondes d'une radio de la place, Salif Sadio n'a jamais été en Côte d'ivoire, et Magne Diémé est aujourd'hui « libre comme un oiseau ».
Le président du Mfdc a son avis également sur Me Mbaye Jacques Diop, le nouveau « monsieur Casamance » Après les attaques enregistrées ces derniers jours à Bignona, et attribuées à des éléments supposés appartenir au Mfdc, le prélat irrédentiste, dit n'être pas tout à fait convaincu que cela soit le fait des rebelles. Alors, précise-t-il : « Moi, je ne suis pas bien placé pour vous dire les choses de manière exacte. J'ai appris cela par la radio. Et comme j'ai vu, par expérience, depuis des années les choses qui se passent et qu'on impute au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc), pour l'instant je n'ose rien dire à propos de cette attaque. Parce que, je n'ai pas encore d'informations exactes. Il y a beaucoup de choses qu'on impute au Mfdc, alors que ce n'est pas cela. Je ne peux pas blanchir le Mfdc, non plus ».
Salif Sadio se trouve en Casamance. Magne Diémé était en Gambie pour se soigner…
Le Mfdc n'est pas non plus content de ce qui est considéré comme un redéploiement de l'armée au sud du pays. La preuve, selon le prélat indépendantiste, des correspondances seraient même adressées au Président de la République , pour dénoncer le comportement de nos forces armées. Et, prévient l'Abbé Diamacoune Senghor, Me Abdoulaye Wade est averti. « Les militaires qu'il envoie dans les départements de Bignona, Ziguinchor et Oussouye, ce n'est pas pour calmer les choses. C'est pour perturber encore ». À propos d'un supposé voyage de Salif Sadio en Côte d'ivoire, l'abbé est formel, « ce n'est pas vrai . Salif Sadio se trouve en terre de Casamance, et il n'a été nulle part de ce côté-là (ndlr : Côte d'ivoire). Il se trouve soit dans le département de Ziguinchor ou dans celui de Bignona ». Une autre révélation faite par le prélat, Magne Diémé était bel et bien en Gambie pour des raisons de santé. « Il était parti se faire soigner, d'un asthme qu'il traîne. Il n'y était pas pour combattre ou pour se réfugier ».
Combats internes du Mfdc : « c'est le gouvernement … »
Revenant avec insistance sur les combats entre faction de son mouvement, Diamacoune est resté comme à son habitude très amère contre le gouvernement de Abdoulaye Wade. « C'est le gouvernement qui vient tout perturber. Nous, nous allons profiter de la présence de Salif et de tous les autres combattants dans le département de Bignona, pour essayer de passer par certains de leurs proches parents. À charge pour ces derniers de les raisonner pour qu'on obtienne le silence des armes. C'était cela le travail que nous avions entrepris. Et à ce moment-là, on n'a rien trouvé mieux que de nous envoyer des militaires en pagaille, pour perturber le petit travail que nous avions entrepris, pour parler de pardon et de réconciliation entre jeunes combattants. » À propos des négociations entamées depuis le premier round à Foundiougne, Diamacoune Senghor est formel. Le Mfdc, n'est pas opposé aux négociations. « Que ce soit Foundiougne ou ailleurs, nous n'avons jamais été pour la cessation du travail. Nous souhaitons poursuivre le travail (négociations) mais dans le calme, le silence des armes, et en même temps aussi pour le développement de la Casamance ».
Me Mbaye Jacques Diop renvoyé devant sa « conscience »
A la question de savoir comment apprécier le travail du nouveau « monsieur Casamance », en l'occurrence Me Mbaye Jacques Diop, le prélat s'est voulu clair. Son éducation traditionnelle, ne lui permet pas de dire le mal qu'il connaît de quelqu'un. Mais une chose est sûre : « Le pouvoir ne s'arroge pas. Et, en bon arbitre, il faut écouter les deux parties, regarder de part et d'autre où se trouve la vérité ? Et c'est peut-être entre les deux que se trouve la vérité. Un responsable ne doit pas être l'homme d'un seul œil et d'une seule oreille ». S'il se passe quelque chose de négatif, « avant de pointer un doigt accusateur sur d'autres personnes, poursuit Diamacoune, il faut d'abord faire son examen de conscience pour voir si dans ce qui se passe, on n'a pas sa responsabilité là dans ». Et c'est pour montrer sa bonne disponibilité pour la recherche de la paix, que le rebelle en chef dit avoir toujours demandé à ses hommes de ne pas porter atteinte aux activités des hommes politiques, encore moins perturber les campagnes électorales. C'est pourquoi, a-t-il précisé, « j'ai toujours ordonné à l'aile combattante de ne jamais perturber les campagnes électorales et les votes. Je n'ai de cesse de demander le calme et la tranquillité, qu'on laisse les gens faire ce qu'ils ont à faire. J'ai toujours dit que perturber cela, c'est en fait aiguiser un couteau pour nous tuer. Nous, nous voulons trouver la solution au problème de la Casamance , par une voie autre que celle des armes ».
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