La réintégration de Idrissa Seck au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds) n’est plus qu’une question de temps. L’assurance est du colonel Sérigne Malick Cissé, patron du Parti pour la solidarité et le développement social (Psds) et conseiller spécial du président de la République, Abdoulaye Wade. Il était hier, dimanche 28 octobre l’invité de l’émission “Grand Jury“ sur les ondes de la RFM, une radio privée sénégalaise
D’emblée, le colonel Cissé qui se dit commissionnaire dans le différend qui oppose le président de la République et son ancien Premier ministre soutient qu’il n’y a jamais eu de brouille entre les deux hommes politiques. “Abdoulaye Wade et Idrissa Seck se sont toujours retrouvés. Ils sont toujours restés les mêmes. Souvent on parle de retrouvailles comme si les gens s’étaient bagarrés ou perdus ? Non ! Ce sont des hommes qui géraient chacun à sa façon une certaine situation. C’est tout !“, estime-t-il. Le colonel Cissé récuse le terme “limogeage“ dont a été victime Idrissa Seck à la tête de la station primatoriale. “Ne me parlez pas de limogeage. Idrissa Seck était 1er ministre. Il a été remplacé par un autre. Un point c’est tout !“, s’exclame-t-il encore.
Sur l’exclusion du Pds de l’ex-gardien du « jardin des rêves » de Abdoulaye Wade, le colonel Cissé l’explique par “une situation qui passe dans tout corps mouvant, dans tout corps en progrès“. “Il s’est passé quelque chose, poursuit-il, il y a eu des réunions et dans un consens, il a été décidé que M. Seck ne devrait plus en faire partie. Les choses ont évolué jusqu’au moment où le comité directeur a pris une décision contraire. C’est-à-dire demander que le frère qui se trouve de l’autre côté, de revenir à la maison et de travailler pour une cause libérale. Et ce retour sera effectif bientôt“. Quand ? Le commissionnaire de Wade soutient que le “mot bientôt a son sens“. “Le comité directeur va décider de la réintégration d’Idrissa Seck et ses compagnons au sein du Pds“. “Cela a déjà été dit lors de la rencontre entre les membres de Rewmi et le président de la République. C’était télévisé et tout le monde a suivi“, précise-t-il.
Curieusement, malgré toutes ces assurances, le Colonel Cissé soutient qu’il ne peut pas dire ce qui se passe dans les salons. “Ça n’intéresse pas le Sénégal“, estime-t-il. Et d’ajouter : “Je ne saurais dire qu’il y a eu rencontre Wade-Idy parce que je ne suis pas là pour les surveiller. Je ne suis pas payé pour surveiller deux hommes libres“.
Le colonel Cissé s’est même étonné des « blocages » notés dans la presse sur le retour de l’ex-sherpa de Wade. “Blocage ?“, s’interroge-t-il avant d’esquiver la question : “Ne me parlez pas de retour. Il s’agit plutôt de réintégration d’un homme politique“, soutient-il en précisant à l’endroit de notre confrère : “je ne serais pas trop bavard“. Puis, il donne indirectement les raisons de son mutisme sur la question. “J’ai suivi dans la presse ces derniers temps beaucoup d’informations, beaucoup de sorties des Sénégalais qui ne vivent que dans la division des hommes ; qui ont besoin de cette division pour s’alimenter. Je ne leur offre pas cette opportunité“. Quid des fonds détournés ? Sur ce, le Colonel Cissé soutient que c’est une affaire pendante devant la justice et que par conséquent “elle ne se commente pas dans la presse“.
Mais face à la récurrence de la question : le chef du Psds lâche étonnement : “vous pouvez parler de milliards alors que ces milliards-là sont restés dans les caisses de l’Etat. Qui vous dit que ces milliards-là ne sont pas dans les caisses de l’Etat ?“
Pourtant le président de la République a déclaré que Idrissa Seck a ouvert des comptes à l’étranger pour y déposer cet argent ? lui rétorque notre confrère. En guis e de réponse, le Colonel Cissé soutient que le “Président ne reçoit que des documents qu’on lui présente. Il est obligé de les présenter à ses concitoyens“. Wade a été encore floué, alors ? “C’est vous qui le dites, rétorque M. Cissé. Il a raison s’il se fonde sur les documents qu’il a reçus“. Mais, “personne ne peut savoir si ces documents correspondent à la réalité“, ajoute-t-il.
“Il faut détruire le socialisme et le communisme“
Les membres du Front Siggil Sénégal sont avertis. Le Pds, selon le Colonel Sérigne Malick Cissé, doit régner sur le Sénégal pendant des siècles et des siècles. Pis, à en croire le patron du Psds, les tenants du pouvoir vont user de tous les moyens pour détruire “le socialisme et le communisme“. Il en veut comme preuve la stratégie déployée par Idrissa Seck et Abdoulaye Wade, lors de l’élection présidentielle de 2007.
“M. Seck est un libéral qui défend le libéralisme avec ses passions et ses moyens. Je n’ai jamais dit qu’il s’est entendu avec le président de la République. J’ai plutôt dit que M. Seck a fait son travail de libéral pour défendre le libéralisme contre les opposants qu’ils soient socialistes ou communistes qu’il faut détruire. Nous n’avons pas besoin de communiste ou de socialiste“, martèle le conseiller spécial de Wade.
Sur le débat qui concerne la succession du président de la République, le Colonel Cissé soutient qu’il ne le vit pas. Pour cause, il soutient que “Wade ne doit quitter le pouvoir qu’en 2017. C’est pourquoi je dis que ce problème de succession est une rumeur stérile“.
Et d’ajouter : “Quand j’ai mis en place le parti pour la solidarité et le développement du Sénégal (Psds) basé sur le Wadisme accompli et intégral, cela veut dire qu’à l’instar des grands hommes comme Mao Tse Toung et Lénine (sic) ou de Gaulisme (De Gaulle) ce Wadisme, doit rester des siècles et des siècles. En tout cas, nous y travaillons“. Pour lui, “le Wadisme est né avant Wade“. “Le wadisme, c’est presque le travaillisme du mouridisme. Wade est né là-dans. Il a appris. Il a mis en œuvre ce concept que nous devons poursuivre des siècles et des siècles“. Toutefois, le Colonel n’a pas voulu mettre à la tête de ce mouvement une quelconque personne. “C’est un collège qui anime le Wadisme. C’est un groupe d’individus animés de la même philosophie, de la même doctrine qui doit véhiculer ce concept. Parce que, soutient-il, une seule personne ne peut pas relever ce défi“.
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