Idrissa Seck est de retour au Sénégal après un séjour de cinq mois à l’extérieur. Il a prononcé un discours aux relents de profession de foi L’ancien Premier ministre Idrissa Seck est revenu à Dakar après un long séjour de cinq mois à l’étranger avec un discours en poche. Le contraire aurait surpris et intrigué. Lors de son dernier séjour au Sénégal, il avait adopté une position muette. Pas de déclaration à se mettre sous la dent. Alors, cette fois-ci, il était attendu. Et sans surprise, il a sorti un discours aux relents de profession de foi et de squelette de projet politique. Mais le trauma de la rupture avec Wade reste vivace.
Idrissa Seck n’oublie pas la manière dont la rupture avec son ancien patron s’est passée. Il en mesure l’importance dans la perception que les Sénégalais auront de l’homme Seck. D’où l’explication, sans avoir l’air d’y toucher, qu’il avance précautionneusement. À ceux qui s’interrogent encore sur le contenu de son CD N°1 et les révélations qu’il contient, il leur avance une explication dans son dernier single : « le destin personnel des hommes, même d’État, est une insignifiance au regard des intérêts supérieurs d’une Nation ». Autrement dit, il a fait son devoir d’autant plus qu’il avait plus à perdre dans cette affaire. Il lui aurait « suffi de dire oui à tout, de n’exprimer aucun désaccord,… ». Et révélation de taille : Idrissa Seck avait une mission à accomplir dès 2000. Il n’en révèle rien, mais on peut lire entre les lignes que d’une certaine manière, l’ancien PM se sentait dans le rôle de gardien de l’orthodoxie du Sopi. Et que Wade a dévoyé le Sopi, tuant ainsi son rêve. Tuant, du même coup, l’homme en qui il croyait et dont les qualités qu’il avait cru déceler n’en sont point. Il égrène les points d’un réquisitoire qui cingle l’homme à travers ses échecs.
Sans doute, Idrissa Seck a besoin de démontrer que Wade c’est Wade et que lui est bien Idrissa Seck, l’homme que l’État dans sa toute puissance n’a pas su détruire. Idrissa Seck se veut un homme sorti indemne de « virulentes épreuves » et, surtout, sans tache de ses quatre ans de «quasi président de la République ». L’inoxydable Idy veut donc sauver le Sénégal malade. « Peu importe qui sera ce médecin, qu’il se nomme Idrissa Seck ou non. »
Seck se voit déjà dans la peau de Zorro sauvant le Sénégal. Ou, mieux, d’un leader charismatique regroupant « des Sénégalaises et des Sénégalais capables de le soigner ». Seck se voit à la tête d’un peuple uni. Plus question d’un parti, d’une couleur. Il veut tout le monde derrière lui. Cela va être coton de faire avaler à tous ceux qui mènent le combat depuis quarante ans pour un nouveau Sénégal de devoir se ranger derrière le maire de Thiès qui propose un nouveau Sénégal, un nouveau parti Rewmi qui signifie la nation.
Avec une certaine solennité, Idrissa Seck s’adresse aux Sénégalais dans un style de chef d’Etat : « Mes chers compatriotes, l’alternance a terminé l’ancien régime, elle n’a pas inauguré le nouveau Sénégal que le peuple attendait en 2000. Cette dernière tâche pourrait être la nôtre ». D’aucuns comprendront « la tâche de Idrissa Seck ».
Comment voit Seck voit le Sénégal nouveau ? Le maire énumère, quasiment à l’envers, les tares du régime actuel. Plus de régime présidentiel renforcé (Wade), séparation des pouvoirs (Assemblée nationale croupion), indépendance des corps de contrôle (il a été l’exemple de leurs victimes), alternance générationnelle (Wade est vieux, ses opposants itou), énergie disponible (les déboires de la SENELEC), etc. Bref, toutes les misères actuelles, Seck se promet de les résoudre.
Pour une esquisse de projet politique, c’est plutôt mince. Requérir contre le régime est chose facile. Toute l’opposition s’y attelle depuis six ans. Sans doute, avec son style propre de communication par CD interposé, il construit un mythe autour de sa personne, mais dans le fond, son discours ne dépare point de ce qui se fait dans l’opposition. D’ailleurs, son projet reste obscur. Il est plutôt une déclaration d’intention. Ce qui en fait un aveu car, Seck ne peut pas gommer ses quatre ans de « quasi président de la République » du Sénégal. Wade ne peut être seul comptable – coupable des maux dont son ancien bras droit et ancien Premier ministre l’accable
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