En oeuvrant mordicus pour le retour de son "fils putatif" à la maison, Me Wade avait-il paramétré tous les risques que cela entraînerait pour son parti ? Quelle que soit la réponse à cette question, une chose est sûre: la cohabitation entre Idrissa Seck et ses désormais nouveaux "frères" ne sera pas une sinécure. S'il fera tout pour concilier les différentes sensibilités, le camp des faucons et celui de "Ngorsi", le président de la République devra compter sans le ministre de la Jeunesse, Aliou Sow.
De Paris où la nouvelle du retour au bercail de l'ancien Premier ministre l'a trouvé, celui qui se réclame du vrai "wadisme" n'a pas attendu son retour à Dakar pour montrer sa farouche opposition à cette idée de réconciliation. « On ne peut pas faire confiance à quelqu'un qui a fait preuve d’espionnage dans la République, qui a fait preuve d'un comportement ingrat vis-à-vis de l'homme qui a tout fait pour lui. On ne peut pas faire confiance à quelqu'un qui a utilisé des pratiques que personne ne connaissait au Sénégal », a-t-il chargé hier, dans un hôtel parisien, au sortir d'une réunion avec ses camarades de la fédération de Paris en compagnie du Premier ministre Macky Sall.
Pour le secrétaire général de l'Ujtl, « cet homme-là (Idy, ndlr) ne peut jamais servir de modèle ». Car « il y a un certain nombre de symptômes qui apparaissent chez lui comme un contre-exemple qui a trahi doublement Wade, tout comme il a trahi ses nouveaux alliés de l’opposition ». Visiblement très amer et déçu, le ministre de la Jeunesse déclare sans ambages : « Nous avons travaillé à une reprise en main du parti empreint des valeurs wadistes et des valeurs libérales, un parti qui n’est pas piraté, qui n’est pas infiltré par la création et la promotion de clans mettant en opposition des frères et des sœurs, ces gens qui ont fait tout cela n'ont nullement besoin de s’accommoder de la présence d’un homme comme Idrissa Seck ».
Aliou Sow fait également savoir que le retour de Idy au Pds n'altérera en rien l'idée qu'il a de ce dernier. « Mes principes ne peuvent pas évoluer, parce que je me respecte et je respecte le peuple sénégalais », dit-il en indiquant que ses « positions d’hier sont celles d’aujourd’hui et seront celles de demain, parce qu’elles ne sont pas des positions de circonstance, des positions opportunistes, mais des positions de convictions et de principes ».
Et de lancer : « mon wadisme demeure intact ». M. Sow poursuit sa diatribe en clamant que Idy et lui n'ont pas « la même vision », encore moins la « même conception politique ». Avant de prévenir : « Mes positions sur lui ne varieront pas. C’est quelqu’un qui ne pourra jamais compter sur moi en tant que citoyen d’abord, et en tant qu’acteur politique, ensuite, parce qu’il incarne le contraire de ma personne ».
À l'instar de Niasse et de Dansokho qui, il y a une dizaine de jours à Paris, avaient chargé avec virulence Idy sur les chantiers de Thiès et les fonds politiques, le ministre indique que l'ancien Premier ministre devait plutôt régler d'abord ses ennuis judiciaires. Pour lui, le come-back d'Idy biaise le débat. Il a souligné : « Cette question, il ne faut pas l’oublier, c’est plusieurs années de débat, d’accusations, de contre-accusations, de personnes interpellées, inculpées ».
Et pour cause, « le peuple, la jeunesse sénégalaise, ma génération, ont besoin de savoir (ce qui s'est réellement passé); mais ils n'ont pas besoin d’une piste qui veut brouiller la visibilité de l’action du président Wade ». Avant de conclure, comme pour mettre en garde : « Il ne faut pas qu’on en arrive à un statu quo qui va mettre les gens dos-à-dos ».
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