REVELATION - A propos de la rencontre du 22 janvier entre Wade et Idrissa Seck au Palais : Les secrets d’une audience

La surprenante audience entre le Président Wade et son ancien Premier ministre Idrissa Seck commence à livrer ses secrets encore jusque-là confinés dans un cercle très restreint des deux protagonistes. Des propositions ont été faites entre les deux hommes sous la garantie de milieux maraboutiques aussi bien à Tivaoune qu’à Touba. On entrera peut-être un plus dans l’intelligence des entretiens au Palais, aujourd’hui, car, à moins d’un subit retournement de situation, il est prévu que Idrissa Seck retourne au palais, aujourd’hui à 11 heures, pour une séance d’explications et d’arrangement, avant de tenir enfin sa conférence de presse vers les coups de 17 heures. Mais, à l’évidence, dans cet enjeu politico-électoral, le Président Wade s’est retrouvé dans une posture où il n’a plus vraiment les cartes en main. Révélations…

On se doutait bien que le Président Wade n’avait pas tout dit aux Sénégalais, lors de son bref entretien à la presse, le 22 janvier dernier, à l’issue de l’audience qu’il avait accordée à Idrissa Seck. Une audience qui, du reste, avait surpris et même outré bon nombre d’observateurs de la scène politique sénégalaise. Mais, c’est bien l’effarement total au vu des propositions et accords qui ont sous-tendu le tête-à-tête entre les deux hommes, au Palais Léopold Sédar Senghor. En effet, au cours de cette audience, il apparaît, selon des confidences dignes de foi, que c’est bien Me Wade qui s’est ouvert à son ex-Directeur de cabinet pour lui faire deux grandes propositions.

D’abord, le secrétaire général national du Pds a proposé à Idrissa Seck d’être la tête de liste de son parti pour créer ainsi les conditions de faire de ce dernier le président de l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives. Ainsi, lui, Wade, garderait son fauteuil présidentiel pendant 18 mois, le temps de démissionner pour laisser Idrissa Seck assurer l’intérim pendant six mois et organiser ainsi les élections avec l’appareil du Pds. La seconde proposition faite à Idrissa Seck, par Wade, c’est de repousser les élections de 18 mois à 2 ans. Dans ce cas de figure, Wade est disposé à ne pas se représenter pour laisser le soin et la latitude à son ancien Premier ministre d’être candidat à la présidentielle sous la bannière du Pds. Le locataire du Palais Léopold Sédar Senghor a même accepté de démissionner de son poste de secrétaire général national du Pds, pour, en tant que président de la République, se mettre au-dessus de la mêlée. Il semble que Wade a été particulièrement affecté par cette situation dans laquelle il s’est vu obligé de céder face à Idrissa Seck qui détient ainsi les cartes du jeu et de l’enjeu.

Dans tous les cas, de ces deux propositions, Idrissa Seck a marqué son intérêt pour le second cas de figure. Toutefois, il a assorti son acceptation de trois conditions précisément : d’abord que Wade le blanchisse publiquement sur l’affaire des chantiers de Thiès, ensuite qu’il reconnaisse que lui, Idrissa Seck, est co-gestionnaire du Pds, et enfin, que le Président prenne l’initiative de les rappeler, lui et ses proches, au Pds, comme c’est lui-même qui avait pris la décision de les exclure. Si surprenant que cela puisse paraître, Me Wade a pris l’engagement de satisfaire ces conditions posées par Idrissa Seck. En contrepartie, ce dernier a pris l’engagement, auprès de Wade, de ne pas commettre des représailles, en se lançant dans une chasse aux sorcières.

L’ERREUR DE WADE

Seulement, le Président Wade a commis une grave erreur, rapporte-t-on, de déclarer, lors de sa sortie face à la presse après l’audience, que son hôte du jour a accepté de revenir au Pds. Aussitôt, cette déclaration faite, l’ancien Pm a appelé Serigne Abdoul Aziz Sy Junior pour dire que le Président Wade n’a pas respecté son engagement et, de par sa déclaration, cherche à le mettre en mal avec ses alliés de la coalition Jamm Ji, les responsables et militants de son parti Rewmi et l’opinion publique. C’est ce qui explique d’ailleurs que Idrissa Seck n’ait pas tenu, comme convenu, sa conférence de presse prévue dans l’après-midi même pour faire une déclaration. Il a estimé qu’il n’était plus question de parler. La réaction de Serigne Abdoul Aziz Sy Junior ne s’est pas fait attendre, renseignent nos interlocuteurs, car le dignitaire religieux a aussitôt interpellé le Président Wade qui lui aurait dit en wolof : «sutturaleen ma» (littéralement, en français, «protégez-moi de l’opprobre»). C’est d’ailleurs ce qui explique la seconde sortie publique, le lendemain 23 janvier, de Serigne Abdoul Aziz Sy Junior, comme pour éviter que la situation ne débordât dans le mauvais sens. C’est également ce qui justifie que l’on ait parlé de la poursuite des rencontres entre Wade et Idrissa Seck. A ce niveau, il faut préciser que les négociations ont été menées par Abdoul Aziz Sy Junior avec la caution de Touba. C’est la raison pour laquelle Idrissa Seck s’est rendu dans la capitale du mouridisme auprès de Serigne Saliou Mbacké pour se plaindre de l’attitude de Me Wade qui n’a pas tenu sa parole.

LES GRANDES LIGNES D’UN TEXTE

D’ailleurs, sauf retournement de situation, Idrissa Seck devrait revoir Me Wade, aujourd’hui, à 11 heures au Palais, avant de tenir vers 17 heures la conférence de presse qui avait été prévue auparavant le 22 janvier et que Wade avait lui-même annoncée.

Pour la conférence de presse, le président de Rewmi, Idrissa Seck, a préparé déjà, indique-t-on, un texte dont la teneur sera rendue publique, à cette occasion. Cela pour dire trois choses : d’abord, au plan strictement humain, il a pardonné à Wade les misères qu’il lui avait fait endurer, car il considère, sous cet angle, qu’il est, après tout, un père. Ensuite, Idrissa Seck se félicitera que Wade ait eu à le blanchir, mais exigera que toutes les victimes collatérales de l’affaire des chantiers de Thiès soient blanchies. Enfin, dans son speech, le président de Rewmi montrera qu’il reste arc-bouté à la coalition Jamm Ji, notamment avec ses alliés du Parti socialiste et de la Ld/Mpt.