Dakar, 10 sept (APS) - Le secrétaire général du Rassemblement démocratique sénégalais (RDS), Latif Guèye, a déclaré que s'il était mis dans une situation de légiférer, il aurait proposé que ‘'les hommes politiques aient d'abord un métier avant de créer un parti politique''.
‘'Il y a un déficit d'artistes dans la classe politique. C'est-à-dire des personnes qui se projettent au-delà de leurs ambitions personnelles et de leur vécu quotidien, pour mettre l'intérêt des Sénégalais au-dessus de tout ‘', a-t-il dit dans un interview publiée dans l'édition du week-end du quotidien L'Observateur.
‘'Beaucoup de Sénégalais considèrent la politique comme un métier, alors que la politique n'est pas un métier. Si j'avais un quelconque pouvoir dans ce pays, j'aurais proposé qu'on légifère pour que les hommes politiques aient d'abord un métier avant de créer un parti politique'', a-t-il ajouté.
‘'Jamais, a-t-il indiqué, nous n'avons atteint un tel degré dans l'invective, la calomnie, la médisance. Le climat politique sénégalais n'a jamais été aussi vicieux. C'est très dangereux et la responsabilité nous incombe''.
Le secrétaire général du RDS a déploré qu'à cause ‘'d'ambitions personnelles, on risque de mettre le pays à feu et à sang. Alors que le Sénégal ne mérite pas çà. On a assez de problèmes comme ça''.
La classe politique sénégalaise ‘'doit subir une sorte de catharsis mentale'', selon Latif Guèye. ‘'Les gens doivent se ressaisir pour mettre l'intérêt du Sénégal au-dessus de tout. Le dialogue politique ne serait jamais rompu, si la classe politique n'était pas viciée à la base'', a-t-il estimé.
Les hommes politiques ‘'ne doivent pas hésiter à pardonner, à faire table rase'' de certaines choses, ‘'à se remettre en cause et à partir de l'avant. Même si nous échouons dans le dialogue politique, il faut toujours le recommencer'', a-t-il dit.
Quand ils se rencontrent dans les cérémonies publiques, les hommes politiques ‘'se tapotent, ils rigolent et ils se parlent. Mais quand on les entend dans les médias, devant les populations, on a l'impression que le Sénégal est en guerre. Cette comédie a trop duré'', a-t-il indiqué.
Pour lui, ‘'de plus en plus, la classe politique est en train de perdre certaines valeurs'' et ‘'la politique est devenue aujourd'hui une chose différente de l'art de construire la cité, qui est une œuvre d'art''.
Analysant la ‘'rupture'' du dialogue politique au sein de la classe politique sénégalaise, Latif Guèye ‘'considère que ce qui s'est passé est grave''. ‘'S'il y avait une leçon à donner'' aux hommes politiques, ‘'c'est de se parler, de se parler encore et de toujours se parler'', a-t-il poursuivi.
Il a rappelé que le Code électoral consensuel de 1992 avait été, à l'époque, le fruit de dialogue politique au sein de la classe politique sénégalaise.
‘'On ne peut plus tromper les Sénégalais. C'est terminé'', a-t-il déclaré, diagnostiquant ‘'un changement chez eux, beaucoup plus important que le changement de régime. Depuis le 19 mars 2000, il y a une nouvelle citoyenneté'', a-t-il précisé.
‘'C'est la classe politique qui se jouait des populations et des citoyens. Aujourd'hui, les citoyens ont tout compris. Il y a un mouvement inverse, que personne ne pourra arrêter'', selon lui.
‘'Les Sénégalais ont pris leur destin en main, en tant que citoyens. Les hommes politiques risquent d'avoir des surprises'', a averti le leader du RDS.
Politique
0 Commentaires
Participer à la Discussion