SENEGAL-POLITIQUE-PORTRAIT : Robert Sagna, un ingénieur agronome entré en politique

Dakar, 18 déc (APS) - Robert Sagna, le leader du courant ''Démocratie et solidarité'' du Parti socialiste qui a annoncé vendredi sa candidature à l'élection présidentielle du 25 février 2007, est un ingénieur agronome de formation entré en politique pour y faire une grande carrière à l'image des différents portefeuilles ministériels qu'il a occupés.

Sous le régime de Abdou Diouf, Robert Sagna a été plusieurs fois ministres. Il a ainsi géré le portefeuille de l'Equipement, occupant cumulativement avec celui de ministre confédéral sénégambien des Transports de 1983 à 1988. De 1988 à 1990, il est ministre de la Communication, puis de l'Equipement, des Transports et du Logement jusqu'à 1991.

Il prend ensuite le portefeuille de l'Equipement, des Transports et de la Mer jusqu'en 1993, avant d'enchaîner avec le ministère de l'Agriculture jusqu'à mars 2000, avec rang de ministre d'Etat.

Maire de Ziguinchor depuis plus de 20 ans, Robert Sagna a été décrit par ses partisans, lors de sa récente déclaration de candidature, comme ''un pur produit du pays''. En effet, il a fait ses études à Ziguinchor, avant d'entrer à l'Ecole nationale des cadres ruraux de Bambey (ENCR).

C'est seulement après cela qu'il est allé poursuivre ses études en Belgique et en France, plus précisément à l'université Paris I (Panthéon Sorbonne) où il obtient un diplôme de troisième cycle en économétrie.

De retour au Sénégal, il débute sa carrière comme inspecteur du génie rural à Thiés, avant de piloter, au bout de deux ans, la division des aménagements hydro-agricoles du projet rizicole de Sédhiou financé par la Banque mondiale.

Sous Senghor, il a successivement occupé les postes de directeur des études, des méthodes et du plan au ministère du Développement rural de 1974 à 1978 et de secrétaire d'Etat à la Promotion humaine jusqu'en 1980. A la tête de ce nouveau poste ministériel qui est l'ancêtre de l'Action sociale, Robert Sagna s'est attaché à lui donner de la consistance.

Durant la même période, le président Senghor le choisit pour succéder à Emile Badiane, le leader politique de la Casamance et un des principaux fondateurs du Mouvement démocratique des forces de Casamance (MFDC), décédé en 1972.

Il met en œuvre avec succès un plan alimentaire du Sénégal, de 1978 à 1985, et parcourt la campagne pour rencontrer les organisations villageoises.

Lorsque Abdou Diouf succède à Senghor à la tête du Sénégal en 1981, il continue de promouvoir Robert Sagna qui a pris entre temps la carte du PS et hérité du siège de maire de Ziguinchor sans coup férir. Ces fonctions sont cummulées avec celles de secrétaire d'Etat à la Pêche maritime, de 1980 à 1983.

Fidèle supporter de Diouf, il joue une part active à la campagne présidentielle de 1993. Il tente d'éteindre le feu qui couvait dans son parti, du fait de la fronde de Djibo Kâ, mais sans grand résultat puisque ce dernier est exclu du PS et forme en 1998 l'Union pour le renouveau démocratique (URD).

Au lendemain de la défaite du Parti socialiste, Robert Sagna est accusé par ses camarades de ''n'avoir pas fait son boulot'' à Ziguinchor, puisque cet ancien bastion socialiste était tombé sous l'escarcelle de l'opposition.

Pour sa part, il met l'échec sur le compte de l'actuel secrétaire général du PS Ousmane Tanor Dieng dont il réclame sans succès la démission de la tête du parti.

Cette position a peu évolué, puisque, récemment, il a contribué à la naissance du courant ''Démocratie et Solidarité''. Durant les négociations qui se mènent au sein du PS, il propose à Ousmane Tanor Dieng de garder le poste et de lui laisser la candidature du PS à la présidentielle du 25 février 2007.

Malgré moult tentatives de réconciliation du conseil des sages, ses alliés Amadou Bator Diop, ancien ministre du Développement rural, Abdourahmane Touré ancien ambassadeur, Lamine Ndiaye, Moustapha Kâ, ancien ministre de la Culture le choisissent comme leur candidat à la prochaine présidentielle.

Ils sont rejoints par l'ancien secrétaire général de la CNTS, Madia Diop qui était présent lors de sa déclaration de candidature vendredi.

ADI/CTN