TALLA SYLLA, CANDIDAT MALHEUREUX À LA PRÉSIDENTIELLE"Les Sénégalais eux-mêmes n’ont pas compris les résultats"

Entouré de sa directrice de campagne et de son porte-parole, Talla Sylla s’est contenté de livrer une déclaration devant la presse, sans répondre à aucune question, hier, lendemain du scrutin. Ce fut l’occasion pour lui de reconnaître sa défaite à l’élection présidentielle et d’apporter quelques éclairages. « Nous n’étions pas présents en qualité et en quantité dans les bureaux de vote. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais j’ai demandé à mon Directoire de campagne de me fournir des informations précises sur la question. J’attendrai donc le rapport. Cette défaillance a fait que je ne dispose d’aucun résultat fiable. Donc je ne peux donner aucun chiffre, ni contester aucun chiffre avancé par mes adversaires. Je n’ai pas aujourd’hui les moyens de contester la victoire annoncée de Wade. Je le dis très clairement », indique la candidat malheureux.

« Je n’ai pas aujourd’hui les moyens de contester la victoire annoncée de Wade »

Le candidat du Jëf-jël ne s’en arrête pas là et précise : « Je suis Sénégalais, je vis au Sénégal, je suis un homme politique, un observateur et je connais donc le Sénégal et les Sénégalais. Je n’ai vraiment pas compris ces résultats. Et je pense que la tristesse qui se voit dans les rues de Dakar et du Sénégal montre que les Sénégalais eux-mêmes n’ont pas compris les résultats de ce scrutin. Il s’est passé quelque chose. Mais je suis un responsable avant tout et en tant que tel, je dis que je n’ai pas les moyens de prouver ce que j’avancerai sur ma vision de la situation. Je préfère donc me taire. Je ne me mettrais pas dans une logique de dénoncer des fraudes alors qu’aujourd’hui, je ne dispose d’aucun élément me permettant de prouver la véracité de ce que j’énoncerais. Je ne serais donc pas dans la logique de la démarche d’un mauvais perdant. Parce que je n’en suis pas un ». Talla Sylla concède certes qu’il a perdu, néanmoins, il s’interroge tout en refusant de baisser les bras. « Si je ne sais pas comment Wade a fait pour avoir ses résultats, je sais au moins qu’il n’a pas pu avoir les moyens d’entrer dans les urnes pour en extirper mes bulletins. Donc je sais que n’ai pas gagné et j’accepte ma défaite. J’attendrai donc de savoir qui d’autre aura les moyens de prouver que lui il a gagné les élections. Pour le reste, j’ai parcouru le pays, j’ai été partout au Sénégal et j’ai rencontré les Sénégalais. Le soutien que nous manifestaient les gens nous montrait l’espoir qu’ils plaçaient en nous. Je n’ai pas le droit de décevoir cet espoir-là. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’aller dans le sens de la mise en place d’un mouvement pour la vérité et la justice », annonce Talla Sylla qui indique que « les contours de ce mouvement qui pourrait compter le Jëf-jël ainsi que d’autres partis politiques et mouvements et des Sénégalais indépendants », seront déclinés plus tard.

Un mouvement d’opposition ferme pour faire face à Wade

En outre, Talla Sylla renseigne que, « dans le cadre de ce mouvement, avec tous les citoyens, tous les démocratiques, tous les républicains qui le souhaitent », il entend « déclencher un mouvement d’opposition ferme. Une opposition comme jamais il (ndlr : Wade) n’en a connu ». « C’est ce mouvement qui a manqué dans ce pays pendant ces sept ans. Car si ce qui s’est passé hier (ndlr : dimanche) a pu se passer dans les conditions que nous savons, c’est parce qu’en aval, il n’y a pas eu une opposition capable de faire face à Wade », clame-t-il. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, le Sénégal a besoin d’une opposition ferme, résolue et décidée à faire face à Wade et son équipe. Et j’ai justement décidé d’être à la tête d’une telle opposition qui manifestera, dénoncera à chaque fois que ce sera nécessaire. Une opposition qui sera là pour encadrer les Sénégalais, les organiser pour faire face à tous ceux qui sont en train de bénéficier de cette réélection que j’appellerais une prime à la mal-gouvernance ». Talla Sylla renchérit : « A la veille de ce qu’on a appelé la refonte du fichier, il y a une attitude incompréhensible de l’opposition. Par la suite, Clarté a été gelée de fait, pour ne pas dire liquidée, au profit d’organisations partisanes. Il y a eu une sorte de réveil de l’opposition à la veille du scrutin, mais ça n’avait plus de sens ».