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Politique

Talla Sylla pense à l'après 25 février: « Je nommerai Me Wade chef de chantier »

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Talla Sylla pense à l'après 25 février: « Je nommerai Me Wade chef de chantier »

Rupture dans la gestion de l'Etat mais aussi, dans ses différents démembrements ; tel est le projet que Talla Sylla propose au Sénégalais. Le leader du Jëf-Jël veut la conduire avec les Sénégalais, à travers une démarche basée sur le langage de la vérité. En outre, il balaie d'un revers de main, les tenants de la thèse qui soutient que son parti est infantile ou nihiliste. C'est parce qu'il se sait logique avec lui-même et ses militants que les jalons sont posés, conformément à sa vision. Second et dernier jet d'un entretien à bâtons rompus où Talla Sylla n'a épargné ni Wade, ni l'opposition dite classique.

Dans votre projet de Constitution, vous proposez une nouvelle ossature du fonctionnement de la république. Est- ce à dire que c'en est fini des cassettes et autres chansons ? Aussi, pensez-vous que 25 ans est un âge mûr pour gouverner un pays ?
C'est comme l'âge de 82 ans. Est-ce un âge mûr pour gouverner un pays ? Soit. Mais moi, j'ai voulu m'attaquer à un système, et rester cohérent.
D'abord, il fallait dans un premier temps analyser la situation. Au plan institutionnel, tout monde a constaté qu'il y avait une omnipuissance du président de la République , le Parlement marginalisé, le pouvoir judiciaire dévalorisé, les corps de contrôles affaiblis, le pouvoir local confisqué. A partir de là, il fallait réfléchir et voir comment arriver à rééquilibrer le pouvoir. Comment redonner à la justice son sens. Faire en sorte d'avoir un Conseil constitutionnel qui doit être une Haute cour constitutionnelle qui ne fera jamais plus des déclarations d'incompétence qui sont autant de fuite de responsabilité. Comment arriver à avoir un pouvoir judiciaire totalement indépendant de tout autre pouvoir. Alors, nous nous sommes dit qu'il fallait trouver une solution. Car, une chose est de mettre en place une institution, une autre est de l'appliquer.
Justement, dans notre projet de Constitution, nous avons mis les verrous. L'une des premières ruptures est que le Président de la république n'est plus la première institution. C'est d'abord le Parlement, le président, la Haute cour constitutionnelle, les Cours et tribunaux, ensuite le Conseil consultatif de la république, et enfin la Haute autorité des médias.
La deuxième rupture, c'est que ce Parlement est autrement composé. Aujourd'hui, le mode de scrutin est mixte, avec une proportion de députés élus au scrutin proportionnel, et l'autre proportion élu dans des départements. La Constitution que je propose garde la première proportion qui est élue au scrutin proportionnel sur les listes nationales. Mais elle ne va représenter que le 1/3 du Parlement. Cette liste sera présentée, soit par des partis politiques, soit par des candidats individuels. Il paraît qu'aujourd'hui, pour être candidat, il faut au minimum 10.000 signatures réparties dans au moins six régions, avec au minimum de 500 signatures par région. Mais, il suffit d'être trois ou quatre pour former un parti. Et cela nous permettrait de régler le cautionnement qui provoque une dérive mafieuse. Parce que désormais, les hommes politiques vont entretenir des rapports nébuleux avec les milieux financiers. Et c'est extrêmement dangereux. Il nous faut rester dans la logique de la liberté d'association, mais la participation aux élections qui est sources de dépenses publiques doit être conditionnée. La deuxième proportion qui représente les 2/3 est élue au scrutin uninominal à deux tours dans des circonscriptions préalablement déterminées, mais sur la base de la population. Cela veut dire que si on veut avoir 150 parlementaires au lieu de députés, parce que le député au Sénégal a dépité tout le monde. En effet, c'est pour favoriser une rupture psychologique. Les 50 Parlementaires seraient élus sur les listes présentées, soit par des partis ou des candidats individuels. Pour le reste, on divise le Sénégal en 100 circonscriptions, et dans chaque circonscription, un seul parlementaire est élu, s'il a au moins 50 % des votants. En cas de nécessité, il va au second tour. Il peut par ailleurs, être membre d'un parti politique. Et s'il est élu, il saura que ce n'est pas parce qu'il est d'un parti, mais parce qu'il a été majoritaire dans sa zone, et son éventuelle réélection ne dépendrait pas de la position de la direction de son parti, mais essentiellement du degrés de satisfaction de ses concitoyens. Cela nous permettrait d'avoir des Parlements de type nouveau.


Une gestion difficile du pouvoir exécutif donc ?
J'ai eu à dire à un ancien président du Sénégal que l'on n'a pas besoin d'une majorité à l'Assemblée pour gouverner un pays. Les politiques cherchent une majorité pour manipuler une Constitution, et manipuler les institutions. Ils ont besoin de marionnettes pour pouvoir faire passer tout ce qu'ils veulent. Je ne peux pas comprendre qu'un gouvernement qui a un excellent projet, et qui n'a pour objectif que de prendre en charge les préoccupations des citoyens, que ce projet soit rejeté par le Parlement. C'est impossible. Au Mali, le président n'a aucun député, et il gouverne le pays depuis 5 ans. Malheureusement, on nous a mis dans un schéma où on a nous dit qu'il faut une majorité confortable. Il y a présentement une majorité confortable dans le pays, mais c'est présentement que nous vivons la plus grande instabilité gouvernementale au Sénégal. Qui peut avoir pire ?
Le deuxième changement que nous comptons apporter, est que le président de la République , ne détermine plus la politique de la nation. Ce sera le gouvernement qui détermine, et qui conduit la politique de la nation. Le président de la république nomme le Premier ministre, mais ne peut plus le limoger.


Pensez-vous que les populations sont prêtes à vous suivre ?
Je suis convaincu que les populations ne sont prêtes qu'à changer de situation, de façon salutaire. A partir de là, notre responsabilité est de montrer aux populations comment sortir de cette situation. C'est pourquoi, au lieu de construire des salles de classes à tout va, et de donner aux paysans des matelas gonflables et tout qui, en général, ne sert à rien, nous préférons réfléchir sur le système. Le Sénégal n'a pas de problème de compétence. Notre principal problème est la volonté politique. Une fois qu'on est dans un système tout à fait clair où les gens peuvent se retrouver, les partenaires sauront qu'il y a un canevas qui pourra les rassurer


Vous faites souvent allusion au manque de moyens, alors que vous voulez présenter aux Sénégalais un projet de société qui nécessite suffisamment de moyens. Comment comptez-vous vous y atteler ?
L'absence de moyens ne m'inquiète pas. J'ai dit que nous avons mené notre action sans les moyens dont disposent les autres. Je veux dire que le Sénégal pourra faire énormément de choses, sans les moyens dont on parle. Il s'agit simplement d'en avoir la volonté, qui est la première des choses. Dans deux mois, nous aurons un président de la République. Mais , s'il n'y a pas une volonté politique réelle de se mettre au service des citoyens, sûr qu'il y aura une nouvelle mafia, de nouvelles coteries autour de l'appareil d'Etat. L'Etat va sans doute changer de nom, mais fondamentalement, dans la vie des citoyens, rien ne va changer en bien. Pour éviter cela, ceux qui veulent arriver au pouvoir doivent réunir certaines conditions. Il faut être un patriote ; et que les gens soient en mesure d'en attester, par des actes posés.
L'autre condition, c'est qu'il faut être un leader vertueux. Pour ce qui me concerne, dès que j'ai été porté candidat du Jëf-Jël, j'ai immédiatement démissionné de mon poste de président. Parce qu'on ne peut diriger ce pays en bien, en étant à la tête d'un parti politique. Depuis cette date, je n'ai assisté à aucune réunion d'aucun parti politique, même du Jëf-Jël. La deuxième chose, c'est que je ne suis candidat qu'à un mandat.


Est-ce qu'à un seul mandat, vous pouvez régler le problème des Sénégalais ?
Même en cinq mandats, ce ne sera pas possible. Mais, il nous fait être sur la voie. Ce qu'on attendait de Wade, c'est qu'il fasse comme Mandela, qui a une mission politique et historique autrement plus importante que la sienne, mais qui a très tôt compris qu'il n'allait avoir ni le temps, les moyens de construire l'Afrique du Sud. Il s'est contenté de jeter les bases d'une démocratisation plus poussée de la société sud africaine, d'une réconciliation nationale et après il s'en est allé. Aujourd'hui, personne ne pourra reprocher à Mandela de n'avoir pas réglé le problème de la pauvreté dans son pays. Mais, si on a des préoccupations de réélection, il y aura énormément de lobbies qui n'auront pas intérêt à ce que les choses changent en bien. Et de mon point de vue, Wade n'aurait pas dû se représenter. Le Sénégal doit s'organiser pour lui préparer une retraite.


Quel type de retraite ?
Wade dit qu'il veut se représenter pour terminer ses chantiers. Lorsque je serais élu, je le nommerai chef de chantier. Avec résidence à Versailles s'il le souhaite. Avec même tous les dispositifs financiers qui pourraient être gérés par les membres de sa famille. Mais, de grâce, qu'il nous laisse travailler. Nous avons perdu énormément de temps dans ce pays.


Et s'il y avait à la présidentielle un deuxième tour, pour qui voteriez-vous, si vous ne faites pas partie de la course ?
Je ne suis pas aujourd'hui dans cette logique. Je suis dans la logique de me battre pour gagner au premier tour. Je ne poserais aucun acte d'ici là, en théorie comme en pratique, qui puisse mettre dans la tête des Sénégalais que je n'y crois pas. Je ne fais pas partie des candidats sans illusion. Je suis entré en politique à l'age de 14 ans, aujourd'hui j'en ai 41. Pendant 27 ans, je me suis mis au service de mon pays. Je vais montrer au Sénégalais que c'est à nous qu'ils doivent faire confiance, parce que nous avons toujours été à leur service, nous ne les avons jamais trahis.


Des informations faisant état de votre mauvaise santé circulent. Il a même été dit que vous auriez été marabouté. Qu'en est-il exactement ?
Oui, je l'ai lu. Je regrette que cela ait alerté et a fait peur à énormément de gens. La maison de ma mère a été envahie. Cela a été un choc. En dehors de cela, le reste ne me pose pas de problème. Je n'ai jamais fait de démenti dans la presse. Parce que dans le contexte de construction d'une démocratie, il ne faut jamais affaiblir les instruments qui peuvent favoriser son émergence et son développement. Chaque fois qu'il y a un problème, je préfère discuter avec le journaliste. Je suis convaincu que si les gens pouvaient me marabouter, jamais ils ne m'auraient agressé.
Depuis quelque temps, j'ai décidé de ne plus parler de l'agression, parce que je ne veux pas être réduit à l'agression. Si des séquelles que je gère de temps en temps me posent des problèmes, je préfère les gérer dans le plus grand secret, pour autant que c'est possible. Et je ne veux aussi permettre à certaines personnes de dire que c'est une stratégie politique. Aujourd'hui, je me préoccupe de l'agression dont le peuple Sénégalais est victime.
Concernant mon agression, j'ai pardonné à tout le monde : du commanditaire, à celui qui est mort,en passant par les hommes de main. Mais je ne peux pardonner que ce qui m'appartient. Car, je ne suis pas vindicatif.


Que répondez-vous à ceux-là qui soutiennent que le Jëf-Jël a une démarche infantile ?
Dans un pays où il y a plus de 10 millions d'habitants, il y a autant d'opinions. Souvent, les gens nous infantilisent parce qu'ils auraient aimé nous voir faire ce qu'ils veulent. Ce qui n'est pas le cas. Depuis le début, nous avons choisi le chemin de la vérité et de la justice. Malheureusement, pour certains les hommes politiques ne doivent vouloir les choses que pour eux-mêmes.
En outre, on nous parle d'hommes politiques d'expérience. Mais, ils sont expérimentés en matière d'échec. Sinon, le pays n'en serait pas là. Heureusement que je n'ai pas ce type d'expérience.

 

A lire aussi: La première partie de l'interview de Talla Sylla.



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