Comment vous sentez-vous après votre audition d’hier ?
Je suis quitte avec ma conscience. Je remercie Dieu de m’être réveillé aujourd’hui chez moi après mon audition hier, suite aux accusations calomnieuses du ministre de l’Intérieur tendant à m’impliquer dans une histoire de blanchiment d’argent. C’est grave parce que dans un Etat de droit, le rôle du ministre de l’intérieur n’est pas d’accuser les citoyens mais de transmettre les preuves compromettantes qu’il pourrait avoir à la justice. Lorsque je me suis présenté, les questions ont tourné autour des élections locales. Comment je comptais y aller, avec qui, vu que je n’ai pas reçu le récépissé de l’Apr, avec quels moyens, je comptais financer ma campagne. Je leur ai dit que je n’étais pas venu répondre à des questions politiques ou électorales. Je compte aller aux locales avec des coalitions de partis d’opposition
Sur quelles autres questions a porté l’interrogatoire ?
Les enquêteurs m’ont dit que je m’étais rendu au Maroc pour y recevoir une enveloppe de 500 mille euros (325 millions de francs environ). Je leur ai rétorqué que mon dernier voyage au Maroc remonte à l’époque où j’étais Premier ministre et que l’Etat est en mesure de le savoir, car je suis suivi aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger. Les enquêteurs ont ensuite déclaré que j’étais impliqué dans un réseau de blanchiment d’argent et qu’avec Abdoulaye Sall, j’aurais convoyé des dizaines de millions d’euros par conteneurs depuis Amsterdam. Cela fait huit ans que je suis allé au Pays-Bas. Abdoulaye Sall est l’un de ces milliers de Sénégalais qui soutiennent notre cause. On n’a pas de rapport lié à l’argent. Ils ont aussi parlé d’un militant de l’Apr résidant au Burkina Faso. Ils voulaient savoir, s’il était mon bailleur. L’Apr n’a pas de bailleurs de fonds. Si on en avait, on n’aurait pas eu besoin de faire des souscriptions et de vendre des cartes. S’il s’agit que d’argent, on devrait s’adresser à d’autres partis.
Quels sont vos rapports avec Omar Bongo ?
Durant l’audition, ils ont sorti deux courriers que j’ai adressés à Bongo. Je lui annonce dans ces lettres que j’ai servi l’Etat du Sénégal et que maintenant je me suis séparé de Wade. J’ai créé mon parti et compte tenu de son expérience je voulais le rencontrer pour recueillir ses conseils et son soutien. Il n’y est nulle part mentionné une quelconque demande de soutien financier. Je suis un homme libre, je peux écrire à qui je veux. J’ai mon cabinet, je vais chercher des contacts partout.
Vous a-t-il donné de l’argent ?
Je n’ai jamais reçu un franc du président Bongo, et d’aucun autre président, non plus. Ils veulent entretenir l’amalgame en déclarant que Bongo aurait dit à Wade qu’il m’avait donné de l’argent, mais pas pour le déstabiliser
Avez-vous peur pour votre sécurité ?
Naturellement, mais je prends mes dispositions et je m’en remets à Dieu. Dans une République normale, c’est l’Etat qui devait assurer de ma sécurité, mais on m’a repris tout le dispositif sécuritaire que j’avais après ma démission. Je n’ai pas peur d’être trainé devant les tribunaux. L’arrestation serait la chose la plus minime à laquelle je m’attends avec ces gens là. Aujourd’hui, l’Etat est prêt à tout pour m’éliminer. Je suis un citoyen sénégalais, mais on m’a retiré mon passeport ordinaire avec visas. Je dois voyager le 3 février, mais ils veulent restreindre mes déplacements et bloquer mes activités.
Source WALF TV
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