L’hôpital régional de Saint-Louis vient de franchir un cap décisif dans la prise en charge de l’infertilité. Une unité d’assistance médicale à la procréation (AMP) de niveau 1 y a été officiellement implantée, fruit d’une collaboration entre l’Association sénégalaise des gynécologues-obstétriciens, la Société sénégalaise de médecine de la reproduction, l’université Gaston Berger (UFR Sciences de la santé), la maternité et le laboratoire régional de Saint-Louis.
Cette avancée sanitaire est d’une portée capitale, dans un contexte où l’infertilité touche aujourd’hui un couple sur six, selon la gynécologue-obstétricienne docteure Mame Diarra Ndiaye. Elle souligne l’importance d’une réponse territoriale équitable à cette problématique trop souvent traitée uniquement dans les centres urbains comme Dakar.
« La fertilité demande des soins spécialisés. L’objectif, c’est de rapprocher ces soins des populations, notamment celles de Saint-Louis, Richard Toll, Ndioum, Matam, qui devaient jusque-là se rendre à Dakar », a-t-elle indiqué.
L’unité permettra ainsi la réalisation d’inséminations intra-utérines, première étape de la procréation assistée. Un personnel local a été préalablement formé à ces techniques, garantissant la pérennité du service et la qualité des soins.
Le docteur Ousmane Thiam, chef du Département de la santé de la mère, de l’enfant et de l’adolescent à l’UGB, voit en ce projet une avancée majeure : « L’AMP est désormais une réalité dans la région Nord, avec un coût accessible, car réalisée dans le secteur public. C’est un tournant en matière d’équité territoriale et financière.»
Il rappelle que l’infertilité est reconnue par l’OMS comme une maladie à part entière, dont la prise en charge s’inscrit dans l’objectif de développement durable n°3, visant à garantir une bonne santé et le bien-être de tous.
En plus de la mise en œuvre technique, l’accent est mis sur la sensibilisation et la communication. Le projet entend mobiliser un comité multidisciplinaire – incluant urologues, endocrinologues, sociologues et socioanthropologues – afin de mieux comprendre et adresser les dimensions sociales, psychologiques et culturelles liées à l’infertilité.
Cette unité s’inscrit dans un processus plus large, amorcé, il y a deux ans, avec la création d’une structure similaire à Kaolack. Une dynamique de décentralisation saluée, qui devrait, à terme, garantir un meilleur accès aux soins reproductifs sur tout le territoire sénégalais.
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