111 ouvriers en grève: Le feu couve à Sen Bus

111 des 116 ouvriers de la société Top Inter, qui fait de la sous-traitance au niveau de l'usine Sen Bus, sont en grève depuis mardi dernier. La situation a complètement paralysé le fonctionnement de l'entreprise où le feu couve entre employés et employeur.

Selon les travailleurs qui rencontraient hier la presse, tout est parti du licenciement abusif d'un des délégués du personnel, en l'occurrence Djiby Diop. C'est parce qu'il a pris la défense d'un ouvrier à qui le responsable de la sécurité voulait faire porter une tenue totalement mouillée. La veille il avait beaucoup plu, et les eaux avaient atteints là il avait mis la tenue. Quand il est venu au travail, le responsable voulait l'obliger à porter la même tenue, au risque de sortir de l'entreprise. Ayant pris sa défense, le délégué du personnel a été licencié abusivement, sans l'aval de l'inspecteur du travail. Depuis lors, notent les travailleurs, non seulement l'employeur n'a pas cherché à les rencontrer mais pire, les mises à pieds et les lettres de demandes de licenciement pleuvent sur les grévistes dont beaucoup ont déjà été servis. C'est parce qu'un huissier chargé de sommer les ouvriers à reprendre le chemin des ateliers a été commis et c'est sur la base du refus de ces derniers que les demandes de licenciement sont servis aux grévistes. Pour l'heure, malgré cette pression, les ouvriers continuent la grève et préfèrent faire le pied de grue devant l'usine au lieu d'aller dans les ateliers de montage. Selon le délégué syndical, les ouvriers qui travaillent à Sen Bus, vivent dans une véritable galère, malgré les apparences. C'est le premier Août dernier seulement que l'élection des délégués a eu lieu. Donc, ce mouvement constitue leur baptême de feu dans la lutte syndicale. Cependant, disent-ils, elle sera menée rudement et ils s'opposeront, et même physiquement s'il le faut, à toutes tentatives de recruter d'autres personnes, sans le règlement de leurs droits. En tout cas, la requête à soumettre à l'inspecteur du travail et à toutes les autorités comporte trois revendications à satisfaire. Il s'agit d'abord du règlement définitif du problème des contrats. Ils travaillent actuellement sur la base d'un contrat de mission qui, disent-ils, n'existent pas dans le code du travail. C'est pourquoi, à chaque fois l'employeur n'a plus besoin de quelqu'un, il le jette à la porte avec le fallacieux motif de fin de contrat de mission. Le deuxième point est la réintégration sans conditions du délégué du personnel Djiby Diop et enfin le respect du protocole d'accord signé devant l'inspecteur du travail et concernant les congés. Il était convenu d'allouer un prêt de 50.000 Fcfa à tout agent qui va en congé, le congé ayant déjà été payé dans le bulletin de solde. La clause, notent-ils, a été respectée pour un seul groupe avant d'être jetée aux oubliettes. La rencontre avec l'inspecteur du travail est prévue mardi prochain mais les ouvriers n'excluent pas aussi de battre le macadam pour faire respecter la législation du travail.

Kader KANE