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ABDOULAYE THIOMBANE, ANCIEN RECOUVREUR : «J’ai été victime d’un maniaque en prison»

Par: Lobservateur - ADAMA DIENG - Lobservateur | 16 août, 2011 à 11:08:58 | Lu 47787 Fois | 102 Commentaires

Single Post — ABDOULAYE THIOMBANE, ANCIEN RECOUVREUR : «J’ai été victime d’un maniaque en prison»

Son histoire ressemble sûrement à celle de beaucoup de Sénégalais. Accusé d’abus de confiance sur une somme de plus de 12 millions de FCfa par son employeur et emprisonné, Abdoulaye Thiombane vit aujourd’hui dans une précarité extrême. Tranche de vie d’un homme désespéré, victime d’injustice (?) ou d’un coup du sort.

«Je m’appelle Abdoulaye Thiombane. J’ai 44 ans. Ma vie a basculé le 8 janvier 2010. Je travaillais comme recouvreur dans une société de la place. Ce jour du 8 janvier, dans le cadre de mon travail, on m’a donné de l’argent à verser à la banque. Je n’ai même pas compté la somme. Je l’ai mis dans un paquet avant de le mettre dans mon sac. Ensuite un collègue voulait que je lui montre un magasin où j’avais acheté la veille un ordinateur pour mes enfants. Nous sommes partis ensemble en voiture. Je me suis garé sur l’avenue Blaise Diagne où se trouve ledit magasin. J’ai laissé le sac qui contenait l’argent sous le siège avant du véhicule que j’avais fermé à clé avant de m’en aller. Des laveurs m’ont interpellé pour nettoyer la voiture. Je leur ai répondu que je n’allais pas durer dans le magasin, mais le temps que je finisse, ils pouvaient dépoussiérer juste l’extérieur. J’avais même oublié que j’avais laissé l’argent à l’intérieur de la voiture. Malheureusement, nous avons passé plus de temps que prévu dans le magasin. Quand nous sommes revenus, j’ai constaté que le sac était ouvert, que l’argent avait disparu et les laveurs partis. J’ai posé des questions à gauche et à droite en vain. Personne ne connaissait ces laveurs. Ensuite, je suis allé à la police de Rebeuss pour faire une déposition. Le policier est venu avec moi sur les lieux pour constater. Puis, il m’a conseillé d’aller à la Sûreté urbaine, d’où on m’a renvoyé à la Division des investigations criminelles (Dic). Là-bas, j’ai déposé une autre plainte. Par la suite, j’ai appelé mon patron pour lui expliquer la situation et il est venu me rejoindre à la Dic. Mais, le patron, qui est un Européen, m’a dit qu’il ne pouvait pas comprendre comment j’ai pu perdre l’argent. Il n’a pas cru à cette version des faits. Et il a donc décidé de porter plainte contre moi pour abus de confiance et m’a licencié. Quelques mois plus tard, précisément en août, j’ai été convoqué puis déféré au parquet. Après jugement, j’ai été condamné à un an de prison ferme. Mais je n’ai passé que trois mois en détention. Avec l’aide d’un ami d’enfance, qui est directeur de prison et qui avait pris en charge mon dossier, j’ai pu bénéficier d’une grâce à l’occasion de la fête de Tabaski.

«A Rebeuss, j’ai eu une crise de paranoïa»

J’ai passé 45 jours à Rebeuss avant d’être transféré au Cap Manuel. J’ai cru que j’allais devenir fou à Rebeuss. Le premier soir, j’ai eu une crise de paranoïa. Je disais que je n’allais pas passer la nuit dans la cellule. Une cellule de 15 m sur 7 où il y avait presque deux cents personnes. Et le pire, c’est qu’une nuit, j’ai eu affaire à un maniaque. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais quand je me suis réveillé, mon pantalon était tout mouillé. Les prisonniers sont tellement collés les uns contre les autres que toutes sortes de choses peuvent se passer à l’intérieur des cellules. Ce jour-là, je suis allé voir le chef de cour et l’assistante sociale pour leur expliquer ce qui s’était passé. Je leur ai dit que je voulais faire des tests de dépistage du Sida. Je suis allé à l’hôpital Le Dantec pour faire les tests qui, heureusement, se sont révélés négatifs. Mon problème a été traité de manière injuste par la police, parce que la plainte de mon patron a été suivie et la mienne non. J’avais pris un avocat, mais je ne le voyais presque jamais. Même après le jugement, je lui ai dit que je voulais faire appel. Il m’a dit qu’il allait le faire, mais en réalité, il n’en était rien. J’ai travaillé pendant six ans dans cette société où j’ai gravi les échelons. J’ai commencé comme magasinier, ensuite caissier, puis commercial, avant de travailler dans le recouvrement à la comptabilité. J’ai tout donné à cette société. Mais je n’étais pas fier de moi quand j’ai perdu cet argent. J’avais du mal à regarder mes collègues dans les yeux. Ce qui me fait le plus mal, c’est que beaucoup de gens pensent que j’ai détourné l’argent. Je peux dire que seules ma mère et mon épouse croient en mon innocence. Je suis gêné devant ma femme et mes enfants.

«Je vis dans une chambrette avec ma femme et mes 5 enfants»

Ce qui me fait le plus mal c’est qu’aujourd’hui, je n’arrive pas à retrouver du travail. J’ai un Bac+2 et je me suis perfectionné en Anglais. Je décroche des entretiens, mais chaque fois que j’évoque mon expérience dans cette société, les conditions dans lesquelles j’ai été licencié et surtout mon passage en prison, tout tombe à l’eau. Et cela à maintes reprises. Parfois, on me demande de fournir un casier judiciaire, mais là encore, c’est un autre blocage. J’essaie de passer cette mésaventure sous silence des fois, mais avec le Cv (Curriculum vitae) c’est facilement vérifiable. Et la société peut donner un avis défavorable. Aujourd’hui, je vis une situation vraiment difficile. Je vis avec ma femme et mes cinq enfants dans une chambre, parce que je n’avais plus les moyens de payer autre chose. D’ailleurs, le plafond de cette chambre menace de s’effondrer, mais nous ne pouvons pas déménager. Nous vivons dans une promiscuité extraordinaire. Actuellement, avec l’épidémie de conjonctivite, nous sommes tous touchés. Mes enfants allaient dans des écoles privées, mais j’ai été obligé de les emmener dans le public. Ma fille aînée, qui a 15 ans, est handicapée. Après son entrée en sixième, on l’a orienté dans une école publique à Thiaroye. Mais elle ne peut pas fréquenter des écoles trop éloignées de la maison. J’avais même décidé de lui faire arrêter les études parce que le privé est cher, mais elle a tellement pleuré que je l’ai finalement inscrite dans une école privée pas loin de la maison. Actuellement je dois beaucoup d’arriérés à son école.

«C’est ma mère âgée de 70 ans qui me vient en aide»

C’est ma mère qui nous vient en aide. Elle est âgée de près de 70 ans, mais elle fait de petits commerces pour nous soutenir. Elle assure quasiment la dépense quotidienne pour ma famille. Mon épouse aussi se débrouille pour ramener quelque chose à la maison. Nous vivons dans le noir depuis deux semaines parce que je n’ai pas de quoi payer le courant. Même le loyer et l’eau, j’ai des problèmes pour les assurer. J’ai vendu tout ce que j’avais comme matériel électroménager. J’ai reçu une mise en demeure de ma banque parce que j’avais pris un crédit et je peine à le rembourser. Je suis réellement désespéré. Je n’arrive pas à trouver du travail. Je suis dans l’impasse. Parfois j’ai des envies de suicide, ou alors de tout abandonner. Mais je tiens le coup grâce à mes enfants. Je demande de l’aide, je lance un appel aux bonnes volontés. Tout ce que je demande, c’est que quelqu’un me comprenne et m’aide. Je suis complètement abattu.»
ADAMA DIENG

Tags: Prison senegal

Auteur: Lobservateur - ADAMA DIENG - Lobservateur

61 Commentaires

Damabakh
En Août, 2011 (11:46 AM)
Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

D'après Houdheyfa (qu'Allah l'agrée), le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit: «Celui qui meurt alors qu'il nourrissait un pauvre sincèrement pour Allah rentre dans le paradis, celui qui meurt dans un jour qu'il jeûnait sincèrement pour Allah rentre dans le paradis et celui qui meurt en disant La Ilaha Illa Allah sincèrement pour Allah rentre dans le paradis».

(Rapporté par Abou Nouaym et authentifié par cheikh Albani dans Silsila Sahiha n°1645)

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En Août, 2011 (11:46 AM)

Que Allah lui pardonne ses péchés et l'aide ainsi qu'a tous les frères et soeurs musulmans!

ABDOULAYE THIOMBANE, ANCIEN RECOUVREUR : «J’ai été victime d’un maniaque en prison»

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Damabakh

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