Les pays non producteurs de pétrole n’en peuvent plus de souffrir de leur dépendance énergétique vis-à-vis des pays producteurs de l’or noir. La hausse vertigineuse de la facture pétrolière est passée par là et les met dans une situation quasiment intenable. Pour sauver la situation, Me Wade a initié une rencontre africaine qui vise à substituer le biocarburant au pétrole. En recevant la presse après l’ouverture de la conférence, il est longuement revenu sur les délestages, le diktat des pays pétroliers, la Société africaine de raffinage (Sar)...
Les pays producteurs de pétrole peuvent faire preuve de générosité et suivre l’exemple du Venezuela. C’est en tout cas, la conviction du Président Wade. Selon lui, le bolivarien vend le baril de pétrole à 32 dollars à certains pays et leur prête le reste à un taux de 0,5% payable sur un quart de siècle. Pour y parvenir, le chef de l’Etat entend pousser les pays producteurs d’or noir à en faire de même ou à tout le moins à inciter les pays développés à supporter une partie du surcoût de la hausse du prix du baril. Aussi, Me Wade invite-t-il les pays dépourvus de pétrole, surtout ceux d’Afrique à faire cause commune et à tenir le même langage sur cette question majeure. En attendant l’opérationnalité de cette formule préférentielle, le Sénégal, peut remercier le Nigeria, la Libye, la Guinée équatoriale et l’Algérie, qui sont venus à son secours au plan énergétique. Un soulagement qui n’a pas cependant permis à notre pays d’en finir avec ses problèmes d’approvisionnement en pétrole et ses délestages récurrents.
« Capacité de stockage zéro du pays avant 2000 »
« Le Sénégal se débrouille et jusqu’à présent, nous avons évité le pire. Nous manœuvrons bien, des pays amis nous aident ». La situation pourrait s’améliorer très rapidement. Prenant la parole à la suite du Président, Me Madické Niang, ministre de l’Energie et des Mines, révèle que pour soulager la Sénélec, un bateau contenant 30.000 tonnes de gas-oil est arrivé mercredi soir au port de Dakar et que d’autres sont attendus à compter du 5 août prochain. Et dire que l’approvisionnement du Sénégal en hydrocarbures aurait pu être géré beaucoup plus judicieusement si des capacités de stockage importantes existaient dans notre pays. « Malheureusement, fulmine Me Wade, nous avons trouvé un pays avec une capacité de stockage zéro. On nous a offert des bateaux de pétrole, mais les pétroliers ont dit non, refusant que nous utilisions leurs installations. Nous ne pouvions donc pas décharger ces bateaux. Nous renouvelons encore notre offre d’achat de la raffinerie de la Sar qui est toujours fermée. Nos partenaires que sont l’Iran, le Nigeria et le Venezuela, ont promis de nous doter d’une unité de stockage et même d’une raffinerie ».
L’Etat a 41,8% du capital de la Sar
Pour mettre fin à la toute-puissance des pétroliers, l’Etat a accru sa part de capital à la Société africaine de raffinage (Sar). Et Me Madické Niang de préciser : « Nous étions à 23 % ; nous avons racheté les parts de Mobil et pris 10 % à Total. Ce qui fait que nous sommes aujourd’hui à 41,8% du capital ». Un brin boulimique, il ajoute : « Et nous sommes prêts à acheter d’autres parts. Le Sénégal est le seul pays d’Afrique où l’Etat était minoritaire dans la seule raffinerie existante ». En attendant de peser de tout son poids dans les décisions de la Sar, au bord de l’asphyxie financière, les délestages continuent. Pour le chef de l’Etat, ce sont des nuisances que les populations doivent concéder, accepter. Quid alors d’une augmentation du prix de l’électricité qui pourrait atteindre les 20 % ?
« Le gouvernement a supporté 120 milliards pour subventionner le gaz et le pétrole. Si nous ne pouvons plus supporter, les populations devront accepter la hausse du prix du courant en attendant l’application de la nouvelle solution du biocarburant, une énergie propre ».
Ce biocarburant pourrait être la panacée pour les pays non producteurs de pétrole. Pour y arriver, l’Afrique doit s’appuyer sur l’expertise brésilienne et l’Union européenne pour les financements. Le nucléaire n’est pas en reste. Il pourrait aussi faire partie des solutions de rechange à l’instar de la France qui reçoit 70% de son énergie par ce biais. Selon la société française Areva, le Sénégal réunit toutes les conditions politiques de stabilité pour se doter d’une centrale atomique. Un autre grand chantier de Wade vient d’être lancé.
Biocarburant et charbon
La Sénélec de Samuel Sarr a un ambitieux projet biocarburant. Estimé à 75 milliards de francs Cfa, ce projet permettra, s’il est mis en œuvre, de produire du carburant à partir de la canne à sucre. À l’image du Brésil qui a une expérience vieille de trente et un ans dans ce domaine. Ce projet devrait créer mille emplois directs et cinq cents autres saisonniers. Ces ressources humaines mettront en valeur 15 000 à 20 000 hectares qui produiront à 1,8 à 2,4 million tonnes de canne par an, tandis qu’une distillerie transformera le jus de canne en éthanol. La centrale électrique qui sera installée produira 250 millions de mégawatts par an, soit 9 à 13% de la demande. Ce qui permettra à la Sénélec d’économiser en moyenne 11 milliards par an. Ce n’est pas que du biocarburant que la Sénélec compte produire. Ainsi que l’a révélé hier le chef de l’Etat lors de sa rencontre avec la presse au Méridien Président, une centrale à base de charbon sera installée, grâce à un financement de 35 milliards des Chinois. Elle devrait être opérationnelle dans trois ans au plus tard. Autant de projets qui devraient à la Sénélec de mettre fin aux délestages et de résoudre la lancinante question du combustible.
1 Commentaires
Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:37 PM)Participer à la Discussion