Ils sont repreneurs, directeurs ou conseillers. Si le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) est au cœur de ce scandale dit des plats pourris, c’est en partie à cause de leur négligence volontaire ou involontaire. Enquête.
Dans un communiqué rendu public hier, le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) dégage toute responsabilité quant aux plats pourris servis aux étudiants jeudi dernier et ayant entraîné la fermeture provisoire des restaurants Self et Argentin gérés respectivement par Khassim Ndiaye et Djiby Thiaw dit « Jb ». Qui a donc fauté ? À son arrivée à la direction du Coud, Iba Guèye avait voulu innover. De la carte Coud numérisée en cours, aux tentatives de donner les chambres aux plus méritants, le directeur du Coud cherchait à mettre les étudiants dans de bonnes conditions d’études. C’est ainsi qu’il avait recruté le nommé Samba Faye, ingénieur alimentaire et étudiant en Dea pour contrôler la qualité des repas. Homme de terrain très rigoureux, Samba Faye faisait des rapports trimestriels. Dans sa dernière note, il faisait état du manque d’hygiène qui prévalait entre autres au niveau des restaurants Self et Argentin.
Du reste, le restaurant Argentin qui se trouve au centre même du campus social, s’est enlaidi depuis que sa gestion a été gagnée, après appel d’offres, par le nommé Djiby Thiaw « Jb ». Au temps où le repreneur était Ben Jéloum, ce restaurant était resplendissant, en témoignent les belles fleurs qui étaient plantées à sa devanture. Tout cela a disparu. Samba Faye faisait chaque trois mois ses rapports. Mais personne ne semblait en tenir compte. Lorsqu’il a signalé la présence de produits infectés au niveau du restaurant Argentin, quelques jours avant que l’affaire n’éclate, le repreneur n’a pas daigné réagir. De même au niveau du restaurant Self, les produits incriminés, n’étaient, bizarrement pas « déplacés » après le rapport de Samba Faye. Qu’a fait le directeur des restaurants face à la réticence des repreneurs à évacuer les produits incriminés ? Rien. Il a suffi que les étudiants découvrent eux-mêmes le pot aux roses...
Un conseiller au cœur de la tempête
Au niveau de la direction des Coud, on ne comprend pas l’attitude du conseiller en restauration, Alioune Badara Guèye. Ce dernier qui est en même temps chef d’exploitation au restaurant Argentin n’avait rien signalé. Or, ce restaurant est coutumier des faits. Ceux qui ont fait le campus dernièrement peuvent témoigner que la mauvaise qualité des mets a souvent conduit à un « ngenté toubab » où les étudiants se servaient à gogo sans bourse délier. Au même titre que Alioune Badara Guèye, on se veut formel au Coud : « le directeur des restaurants, Dame Seck, ne pouvait pas ne pas être au courant de ce qui se tramait », lui qui avait reçu le rapport de Samba Faye. Les étudiants devraient aussi revoir la place de ceux qui sont sensés les représenter au niveau des restaurants. En effet, ces derniers sont représentés au sein des restaurants par une commission spéciale composée uniquement d’étudiants. Pourquoi ces derniers n’ont-ils rien vu ? La crise est profonde et les dégâts importants. Face à cette situation, le directeur du Coud gagnerait sans doute à se séparer des repreneurs. Et, il semble qu’on aille vers cette perspective. Une source autorisée confie : « c’est clair et net que les deux repreneurs indexés vont sauter. Nous allons explorer tous les recours juridiques, car ils n’ont pas respecté les termes du contrat nous liant ». Il reste qu’un des restaurateurs bénéficie de gros soutiens, dont le plus en vue est un ministre d’Etat. Ce dernier fait actuellement des pieds et des mains pour le maintenir. Mais dans ce contexte, il est sûr et certain que les étudiants n’accepteront pas que les deux repreneurs reviennent à l’Argentin et au Self.
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