Pour 38 mois d’arriérés de salaire, Giorgio Gabrielli ne propose qu’une avance de 25 000 francs Cfa par travailleur. «Une somme dérisoire» que les agents de Africamer rejettent avec la dernière énergie. En conférence de presse suivie d’une assemblée générale d’information mardi dernier, dans les locaux de la bourse du travail, les travailleurs indiquent qu’ils n’accepteraient même pas 50% de la totalité des sommes que leur Directeur général leur doit. En clair, ils veulent l’intégralité des salaires non payés au cours de trois ans et deux mois qu’ils ont passés dans l’entreprise. Pour cela, ils se disent prêts à tout.
«Il faut faire face», souligne Mangoné Camara, porte-parole du collectif des travailleurs de Africamer, qui n’entend pas dévoiler un quelconque plan d’action. Cependant, il annonce que «ça va chauffer parce que nous ne pouvons tolérer que Gabrielli continue de vaquer à ses occupations sans nous payer». La menace est claire. L’homme d’affaire italien ne sera plus en paix «tant qu’il n’aura pas payé ce qu’il doit aux travailleurs». Ces derniers promettent de le traquer partout où il va passer.
Sokhna Guèye «Guédiawaye», une des doyennes de l’entreprise, n’en peut plus également, de souffrir «l’attitude méprisante» de leur employeur. En venant hier matin répondre à la convocation de l’Assemblée générale, elle espérait en même temps voir la couleur de son argent. Mais elle a été «surprise d’entendre parler de la poursuite du différend et de la nécessité de se remobiliser», ajoutant : «Nous avons crié en vain sur tous les toits notre désarroi, mais cela ne signifie pas que nous sommes sans solutions.» En effet, Sokhna Guèye «Guédiawaye» n’écarte pas l’idée de faire passer un mauvais quart d’heure à leur employeur si jamais il croise leur chemin et s’il persiste dans son entêtement à ne pas les payer.
Las de courir derrière 38 mois d’arriérés de salaire, les travailleurs ont sollicité l’intervention de l’Etat «pour régler le problème de (Giorgio) Gabrielli, quitte à ce que le Président (de la République) décaisse de l’argent pour nous payer et poursuive Gabrielli après», avance toujours Mangoné Camara, qui soupçonne que «des autorités tapies dans l’ombre», aident leur Directeur général à se jouer d’eux.
Dés lors que Africamer ne fonctionne plus, comment les travailleurs espèrent-t-il être payés ? Le porte-parole renseigne : «Entre le 02 février et le 17 octobre 2007, nous avons produit quelque chose comme 2 milliards de francs Cfa. Nous avons expédié 1 477 tonnes de produits dans des pays africains et 377 tonnes dans des pays européens. Ce qui fait que nous avons produit assez d’argent pour qu’il puisse nous payer.» En plus, Africamer faisait, si l’on en croit toujours les travailleurs, une recette journalière de 1 million 200 000 francs Cfa provenant de la vente de glace. Mieux, les bateaux admis au chantier naval étaient facturés entre 7 et 40 millions de nos francs. Amer, Mangoné Camara en conclut que «Gabrielli ne veut pas coopérer, il ne veut pas nous payer».
Après 38 mois sans salaire et devant faire face aux urgences de la vie, certains travailleurs de Africamer n’ont d’ailleurs pu faire mieux que de tendre la main. «Il y a parmi nous des gens qui sont à Petersen en train de mendier», révèle Mangoné Camara, porte-parole du collectif des travailleurs de Africamer. Preuve pour lui et ses camarades qu’ils sont «des squelettes vivants», dont «les familles sont disloquées». Au tableau sombre, s’ajoutent «21 collègues décédés faute de soins, des gens qui n’ont même plus où habiter» et «ceux qui ont divorcé parce que ne pouvant plus subvenir aux besoins de leurs familles».
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