AMBIANCE ESTIVALE À LA POINTE DES ALMADIES : Quand recherche du plaisir rime avec débauche

Il est de ces sites qui, dans la chaleur caniculaire d’un dimanche soir, ressuscitent les folles nuits d’été de Dakar. De l’ambiance estivale, en passant par la magie du sel aux tenues émoustillantes des belles donzelles, la température est extrêmement bouillante. Et la météo du sexe est au beau fixe. Au chapitre de la bagatelle, les filles de joie et les mecs à la recherche de l’aventure d’un soir… Pour ceux qui ne sont pas seuls, une quête nonchalante, insouciante de quelques divertissements d’un soir. Les braisières à ciel ouvert, les spectacles des motards et la brise marine aidant. Le tout dans un cercle électrique où les coincés font mouche. Il était une fois, dans un quartier bourgeois de la ville, la Pointe des Almadies. Comme si elle vous était contée…
Envie de s’échapper du stress de la vie, besoin de se sentir revivre, désir de se retrouver entre amis et familles, ou tout simplement rechercher une compagnie... Ce sont là les nombreuses convoitises qui poussent les personnes à abandonner leurs logis le temps d’un après-midi. Histoire d’échapper à la frénésie quotidienne. La montre indique qu’il est largement plus de 19H. Direction les Almadies, un fastueux quartier de Dakar abritant une cohorte de discothèques qui font foule tous les soirs (Nirvana, Casino, K-club, Lodge, Duplex etc…). Un peu après l’entrée du Méridien Président, on entend déjà les flows de quelques musiques distillés des autos - radios. Une foule de jeunes à pied, glacières à la main, sacs au dos, rebrousse chemin. Les automobilistes et les motards sont coincés dans un bouchon monstre. Certains conducteurs las d’attendre font marche arrière. Dans une cacophonie sans pareil, nous accédons à la Pointe des Almadies.

Un oasis au cœur de Dakar

Une marée humaine composée d’Européens et de Sénégalais essentiellement au féminin pluriel, aux postures tape-à-l’œil, tapit le décor du site. Des véhicules rutilants, des motos derniers cris et des taxis attendant patiemment des clients, sont stationnés un peu partout. Les marchands ambulants s’époumonent à qui mieux-mieux pour proposer leurs babioles. Des couples se font et se défont au gré des humeurs, pendant que d’autres cheminent bras dessus bras dessous à la quête d’une tente pour savourer la brise marine et flemmarder amoureusement en toute quiétude à l’abri des regards indiscrets. Des tables sont dressées en plein air, devant l’étal des dames qui grillent des poissons, crevettes et autres fruits de mer. Coiffées d’un chapeau de paille bien fixé sur des poteaux en bois, les tentes, style cases des villages, disséminées un peu partout nous tendent les bras et offrent une accalmie bienfaisante. Plus loin, des jeunes s’ébattent dans l’eau. D’autres pavoisent tranquillement, qui étendus sur des nattes, qui à même le sol. Les tenues légères sont privilégiées. Shorts ou jupes courtes en jeans, débardeurs laissent paraître les silhouettes affriolantes des jeunes filles et les corps musclés des mâles.

Saly en miniature

Dans la profondeur de la nuit, la Pointe des Almadies ressemble à la station balnéaire de Saly en miniature. Un véritable cliché digne d’une carte postale qui donne bien des envies… Les vacanciers étrangers comme nationaux se prêtent volontiers au jeu. Les timides font mouche. Les garçons, à l’affût de la proie facile, accrochent les demoiselles guère indifférentes à leurs avances. Comme nous le fait remarquer cette jeune fille répondant au nom de Sophia «c’est un endroit approprié pour faire d’intéressantes rencontres». Et que dire des rencontres d’un soir, l’endroit y étant très propice. Ce ne sont pas les prostituées qui diront le contraire. Racolant sans gêne de probables clients, elles sont affublées de tenues sexy qui laissent entrevoir leurs seins ou leurs cuisses. Comme si elles voulaient mieux montrer la marchandise. Tandis que les touristes de toutes tranches d’âge sont occupés à faire le tour des lieux, écarquillant de gros yeux. L’un d’un qui a requis l’anonymat soutient qu’il a entendu parler du site bien avant qu’il ne se décide à y venir. «C’est un ami qui m’a parlé du Sénégal et de ses magnifiques endroits. Il m’a suggéré de ne pas rentrer sans visiter la Pointe des Almadies». Les parents quant à eux, accompagnés de leurs enfants, viennent prendre en famille du bon temps. Ils se promènent en humant l’air frais de la mer. Badou, sénégalais résidant en France fait partie de ce lot. Tenant par la main gauche sa petite fille, de l’autre il fait mine de sermonner son autre fille qui gigotait sur le sol. Se prêtant à nos questions, il affirme que c’est la proximité qui l’a poussée à choisir ce lieu pour changer d’air «J’habite tout près, juste derrière. C’est plus accessible pour moi».

Les banlieusards s’invitent au jeu

La proximité est bien l’une des raisons qui explique la forte affluence à la Pointe des Almadies. En effet, la plupart des jeunes qui y vont sont issues de ce quartier bourgeois de Dakar et de ses environs. Des signes ostentatoires et exhibitionnistes de gosses de riches le prouvent aisément. Vêtements de marque, voitures et motos flambant neuf, derniers modèles, les billets de banque brandis comme des feuilles de papiers, etc. Toutefois cet état de fait a tendance à ne plus prospérer sur cette plage publique. Les jeunes de la banlieue qui se font remarquer par leurs comportements peu orthodoxes, ont fini d’investir la plage. «Avec de grands bols, de grosses marmites, ils viennent en masse et souvent se battent comme des chiffonniers. Semant un bordel incroyable. C’est à peine s’ils sont capables de se civiliser», affirme une bande de jeunes habitants de la Cité Biagui de Yoff, sur un ton ferme et en pointant du doigt une demoiselle en train de rincer un grand plat dans la mer. Les jeunes issues de la banlieue, loin de se laisser impressionner, arguent : «ce sont tous des fils à papa et ils pensent que le monde leur appartient. Qu’ils essaient de nous chasser d’ici, ils verront de quel bois on se chauffe».

Les motards se donnent en spectacle

En attendant, ce sont bien les conducteurs de motos qui ont montré de quoi ils sont capables. Tous les week-ends, ils descendent en grand nombre sur la Pointe des Almadies, vêtus de leurs jackets en cuir et munis de gants et de casque, ils règnent en maître sur la place. Rivalisant entre eux de leurs engins les plus performants, le plus souvent, ils n’arrivent pas à s’entendre. Dès lors, il convient d’organiser des spectacles pour les départager. Ainsi, ils exécutent des cabrages de toutes sortes avec une telle souplesse. Le public ébahi n’a d’autres choix que de contempler cette scène qui s’offre à ses yeux. Et les motards, de plus bel, de se donner en spectacle sous les yeux avides des passants, se créant par la même occasion une kyrielle de fans parmi les hordes de jeunes filles.

Une braisière à ciel ouvert

Pendant ce temps, d’autres moins enclins aux vrombissements des motos sont assis confortablement autour des tables disposées entre la plage et le parking. Des femmes sont en train de griller des poissons, des fruits de mer sur commande. Certains clients déjà attablés dégustent les plats déjà prêts, tandis que d’autres ont déjà fini le leur. La fumée qui s’échappe des grillages et l’odeur du citron font saliver et trépigner d’impatience plus d’un. Au grand bonheur de ces dames qui se frottent les mains. Ndèye Khady Sarr et Tabara Samb, de ces vendeuses, nous apprennent qu’elles peuvent avoir un bénéfice qui atteint parfois les 100%. Tout de même la concurrence se fait quelque peu rude, car elles sont nombreuses sur le commerce du poisson grillé. Peu avant minuit, le site commence à se désemplir. Le calme plat revient en entendant une autre folle nuit d’été…