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ASECNA - Le Sénégal entre l’argent et l’enjeu de la sécurité aérienne : L’énorme responsabilité du chef de l’Etat

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ASECNA - Le Sénégal entre l’argent et l’enjeu de la sécurité aérienne : L’énorme responsabilité du chef de l’Etat

L’opiniâtreté avec laquelle le Sénégal entend assurer la totalité des prérogatives dans ses enceintes aéroportuaires, fait peur. Au-delà de la mainmise sur les redevances de balisage, se pose l’enjeu crucial de la sécurité de la navigation aérienne. Le silence du panafricaniste Wade, ordonnateur de cette fièvre nationaliste intransigeante, est en droit de remettre en cause bien des certitudes.

La crise déclenchée par l’Etat du Sénégal contre l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) prend, ces jours-ci, une tournure inquiétante. Jusqu’ici, il s’agissait pour le gouvernement de procéder à une sorte de préparation administrative et juridique du terrain, pour légaliser un coup de force qui n’avait pas besoin d’une débauche si étonnante de sarcasmes, de violences et de violations du droit. A présent que l’argent, moteur principal de la croisade anti-communautaire du Sénégal, semble désormais rerouté dans les caisses du Trésor ( ?), une étape opérationnelle est en train d’être franchie, celle de la gestion effective des aéronefs par des techniciens non plus encartés à l’Asecna, mais par des fonctionnaires dévoués à l’Etat. C’est une petite révolution dans le monde pointu de la navigation aérienne qui est en train de s’accomplir.

Aujourd’hui, il faut néanmoins remettre des éléments de vérité sur la place publique, au regard de la gravité de la crise qui sévit dans cet organe régional. Depuis l’ouverture du bras de fer entre les syndicalistes du secteur et le gouvernement sénégalais, il n’a jamais été question de contester le droit imprescriptible du Sénégal à la gestion souveraine de son espace aérien et de ses infrastructures aéroportuaires. Son retrait de l’Agence ? Ceux qui sont intervenus pour l’en dissuader, ne sont pas l’Autorité et n’ont donc agi ou parlé, en termes d’expertise et/ou d’engagement panafricaniste, que par souci d’éviter des déboires financiers et sécuritaires à notre pays. Et parce que ce sont des techniciens avérés - pour la plupart - ils ont avec responsabilité et lucidité, énuméré les désastres vers lesquels courrait le Sénégal en cas de départ précipité de l’Asecna. En face, le seul argument sérieux acceptable – mais absolument insuffisant – brandi par le ministre Farba Senghor, est d’ordre nationaliste, étant démontré par ailleurs, qu’il se goure sur quelques illusions financières concoctées par des experts encagoulés avides de servir au premier plan. Signe de la difficulté du gouvernement à asseoir une problématique sécessionniste crédible à l’égard de l’Asecna, il n’y a eu que rarement - sinon pas - une autorité d’envergure du monde de l’aéronautique, qui ait défendu les positions du ministre des Transports aériens. En tous les cas, il appartient à l’Etat de prendre la décision qui préserve les intérêts exclusifs du Sénégal dans ce domaine. Mais le pouvoir sénégalais est-il encore si clairvoyant après la mainmise autoritaire qu’il exerce désormais sur la perception des redevances de balisage ? Est-il encore capable de justice et d’équité quand il use de la force publique, sans avoir convaincu de son bon droit, lorsqu’il viole les frontières diplomatiques d’une organisation régionale africaine, et fait embarquer des leaders syndicaux par la police, au mépris de la liberté d’association ? Il est regrettable de constater que notre pays a de la gêne à assumer sa position de rupture avec l’Agence. Le chef de l’Etat a exigé et obtenu un audit indépendant de l’Asecna. Mais comme cet audit n’a jamais été pour lui qu’un moyen de gagner du temps, son ministre des Transports aériens avait pris la peine de signifier l’inutilité de sa présence à Abidjan pour en discuter avec ses pairs africains. D’où le boycott de cette rencontre. Ce double langage dans la «division du travail» indique toute la détermination du Sénégal à parachever un plan de départ, à intégrer dans une «vision globale» de l’aéronautique.

Ce refus d’assumer un volontarisme de rupture devant ses partenaires au sein de l’Asecna, est choquant. Le président Wade a pris la décision politique de sortir le Sénégal de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique, mais il la fait porter par Farba Senghor, dont la compétence particulière dans le domaine de l’aéronautique se limite à son dévouement sans faille à sa personne. Pour un féru du gouvernement continental prêt à rétrograder au simple rang gouverneur de province au service de l’Union africaine, Wade ne donne pas les garanties d’une logique d’engagement irréprochable. A quoi peut bien ressembler ce panafricanisme à géométrie variable qui n’hésite pas, avec une froide opiniâtreté, à affaiblir l’une des rares organisations régionales africaines qui fonctionnent concrètement bien, en dépit de ses manquements ? L’on touche ici un pan de la tactique de dissimulation du président de la République. Quand il a le sentiment d’avoir raison, il ne se prive jamais de monter en première ligne pour porter les combats qu’il estime historiques. On l’a vu avec les charges répétées contre la Fao et certaines Organisations non gouvernementales. Mais sur le dossier de l’Asecna, la guerre par procuration lui suffit parce que derrière l’argumentaire souverainiste, il doit y avoir des non-dits. Au-delà de l’argent, il est temps de penser sécurité. Car demain, en cas de catastrophe quelconque, personne de ceux qui terrorisent les syndicalistes de l’aéronautique, n’osera dire à la face de l’opinion qu’il ne savait pas…



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