Des étudiants qui sont aussi petits commerçants
Lorsque vous débarquez à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la première chose qui vous frappe, c’est les nombreuses affiches accolées au mur des pavillons. Sur lesquelles vous pouvez lire un certain nombre de services que les étudiants se proposent de vous faire. On n’en croit pas ses yeux ! Cette pratique, elle est aussi vieille que notre arrivée à l’UCAD. Et il serait très difficile de déterminer à quelle période précise les étudiants ont commencé à commercer. Devant le regard impuni des autorités universitaires. Certains étudiants sur un ton humoristique qualifient l’université de : « temple du business à la place de temple du savoir ». À Dakar, il faut le reconnaître les étudiants brandissent deux casquettes : celles d’étudiant et celle de petit commerçant.
Des étudiants qui débordent d’imagination pour attirer les clients
Sur les portes des chambres ou sur les murs, vous pouvez avec amusement lire différentes offres du genre : ‘’Venez graver vos CD à bon prix’’, ‘’24h Chrono Saison 8 disponible prix subventionné’’ ou encore ‘’Etudiant coiffeur à prix abordable’’. Tout y passe pour faire passer sa publicité. Et attirer le maximum de clients. Les plus ingénieux usent de leurs talents de marketing pour faire leurs messages. En jouant parfois sur les prix qu’offre un concurrent ou voisin de palier. Le tout dans un bon esprit de camaraderie. Ainsi, pour se faire beau ou belle, c’est selon, l’étudiant débourse 200Fcfa soit 3euros. Pour scanner un document, le service vous revient à 300Fcfa la page soit 2euros.
Un petit commerce gagnant-gagnant
Pour s’approvisionner, certains étudiants vont dans les grands magasins du marché de Sandaga pour trouver des fournisseurs. Moyennant une somme forfaitaire sur chaque article vendu. D’autres qui ont plus de moyens, paient eux-mêmes les marchandises et récoltent les bénéfices. Soit en tirant l’investissement de leur bourse qui est de 36.000Fcfa (55euros) pour la bourse entière et 18.000cfa (27euros) pour une demi-bourse, soit en faisant un prêt.
Il faut dire que ce petit commerce au-delà de son caractère informel, est une véritable aubaine pour les étudiants clients. Certains en profitent pour se payer les nouveaux albums qui sortent sur le marché musical ou même les films hollywoodiens comme 24h Chrono ou Prison Break. Des films d’ailleurs très prisés. Et qui se vendent comme de petits pains.
‘’Nous ne pouvons que nous réjouir du petit commerce qui s’effectue au campus. Tu sais avec nos maigres bourses, nous ne pouvons pas nous permettre le luxe d’aller dans des magasins ou les prix nous sont hors de portée’’, témoigne cet étudiant de la Fac des Lettres. Son camarde qui s’active par ailleurs dans la vente de films en rajoute une couche : ‘’les prix que nous offrons aux étudiants leurs permettent d’économiser leurs bourses. Et de ne pas se retrouver à carreau lors des fins de mois’’.
Hormis le caractère social des articles, le petit commerce au campus permet à beaucoup d’entre eux d’avoir de quoi vivre pendant l’année scolaire. Les non boursiers sont les plus enclins à se lancer dans cette activité. Qui rapporte pas mal de sous. Car, la plupart d’entre eux ne paient ni l’électricité ni l’eau ni les étals qu’ils occupent. ‘’Je ne me plains pas du tout’’, affirme ce coiffeur tondeuse à la main. ‘’Avec ce que je gagne, je parviens à me payer des tickets (150Fcfa soit 4euros) pour le resto et envoyer quelque chose à ma famille’’, remarque-t-il avec un large sourire.
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