Le Ramadan chamboule bien des habitudes. Certains ont revu leur calendrier de travail, venant très tôt le matin pour rentrer au plus tard à 16h. Cependant, certains services ont gardé le même rythme de travail. Au marché Sandaga, où nous nous sommes rendu, hier, mercredi 27 septembre, des commerçants se frottent les mains, au grand dam des clients qui trouvent les produits trop chers. Reportage.
Mercredi 27 septembre. Il est midi, le marché de Sandaga bat, comme toujours son plein, sous une forte chaleur. Sur les visages, la canicule a commencé à faire ses effets. En plus, en ce mois béni de Ramadan, où les fidèles sont tenaillés par la faim et la soif, la fatigue devient la chose la plus partagée. Sandaga, en ces heures de fin de matinée, est envahi par le bruit. Des haut-parleurs distillent des décibels et devant les étales, des crieurs munis de mégaphone invitent les clients à venir voir les produits. Les acheteurs se faufilent entre les étales pour se procurer de quoi préparer le repas du soir, appelé le « ndogou ». Les prix des denrées de première nécessité ont flambé et cela ne semble être du goût des consommateurs. On négocie pour acheter moins cher. Mais les vendeurs, eux, ne sont pas prêts à lâcher une parcelle de leur bénéfice. Sur les lèvres, un seul discours est servi aux clients : « les produits sont chers. D’ailleurs, on vend à perte ». La fatigue aidant, il arrive que les transactions tournent mal. Les nerfs sont à fleur de peau, les visages crispés et le tout dans un tohu-bohu indescriptible.
Sur un autre tempo…
Commencé il y’a juste quatre jours, le Ramadan n’est pas sans conséquence sur le quotidien des Sénégalais. Certains, allant jusqu’à planifier leur mode de travail, c’est le cas pour Babacar Cissé, commerçant au marché Sandaga. « D’habitude, je me levais à 06h du matin pour venir au travail et j’y restais jusqu’à 20h. Mais, avec ce mois de Ramadan, les choses ont changé. Maintenant, je viens au boulot à 08h pour terminer le plus tôt possible, c’est-à-dire vers 18h ». Côté ventes, les commerçants ne se plaignent pas. « On a constaté que la vente est toujours meilleure pendant le mois de Ramadan. On récolte beaucoup plus et je crois que c’est lié au caractère sacré du mois de Ramadan. Les bonnes affaires que nous faisons en ce mois nous font même oublier la faim et la soif », soutient M. Cissé. Dans la même veine, Moustapha Niang, vendeur de jeans à la rue Sandinièry déclare : « A cause du Ramadan, je viens au travail à partir de 10h ou 11h pour y rester jusqu’après la coupure du jeûne, c’est-à-dire vers les coups de 20h ». Mais pour lui, les affaires n’ont, pour l’heure, l’air de bien marcher. Il attend avec impatience la veille de la Korité où les clients se bousculent aux portillons des cantines. « La vente ne marche pas comme il faut, mais cela va bientôt changer avec l’approche de la rentrée des classes et la fête de la Korité », a souligné le vendeur de jeans.
Un tour au restaurant « keur Serigne Fallou Mbacké », la gérante, Suzanne Maîga, soutient que ce n’est pas la période des bonnes affaires pour la restauration : « Pendant le mois de Ramadan les clients deviennent de plus en plus rares, à cause du jeûne. Résultat des courses, on ne vend presque rien. Regardez (elle nous fait un signe de la main), avant on préparait 15 à 20 kg de riz par jour, pour 3 à 4 menus. Mais maintenant, on ne prépare que 3 kg pour toute la clientèle. C’est vraiment la période des vaches maigres pour nous ».
Comme à l’accoutumée
Si pour certains, le mois de Ramadan, a changé quelques habitudes, allant jusqu’à chambouler le calendrier de travail, mais pour d’autres, aucun changement n’est noté. C’est le cas des agents de la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (C.n.c.a.s), située à la place de l’indépendance. Selon Maguatte Thiam, le chef d’agence, « les heures sont restées les mêmes chez nous. Nous commençons à 7h30mn pour terminer à 16h. Seulement, les agents ne font plus attentions aux 30mn de pause que nous disposions, parce qu’ils ont jeûné ». Et d’ajouter : « toutefois, on a remarqué qu’au niveau de la clientèle, le rythme a un peu baissé, ce qui n’entre pas dans nos profits ».
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