Avec 200 à 300 accouchements dans le mois : La maternité de Yeumbeul, une véritable machine à accoucher

Si on était dans une basse-cour, on aurait assimilé la maternité de Yeumbeul à une poule pondeuse. Tellement les femmes sont fécondes dans cette lointaine banlieue dakaroise.

A la maternité de Yeumbeul, les accouchements se chiffrent dans le mois entre deux cents et trois cents. Parfois même, informe la maîtresse sage-femme, ces accouchements peuvent atteindre la barre des quatre cents, surtout en période d’hivernage. Mme Sène Hindé Chaoui rencontrait une délégation de journalistes maliens, burkinabé et sénégalais qui effectuaient une visite de terrain dans la banlieue. Ces journalistes participent à l’atelier sur le cadre législatif et réglementaire en santé de la reproduction et l’implication des hommes dans la planification familiale, ouvert depuis deux jours à Dakar. Situé dans la Commune d’arrondissement de Yeumbeul Nord, englobant le village traditionnel de Yeumbeul, la maternité de la localité a été créée en 1975.

Elle polarise douze mille habitants. Elle dispose de deux sages-femmes et de vingt relais communautaires. Actuellement, l’une des sages-femmes est en congé. Ce qui fait que la maîtresse sage-femme est archi-débordée avec sur ses épaules ‘près de vingt-deux accouchements par jour’. Une situation difficile, car la capacité d’accueil de la maternité de Yeumbeul est de dix-sept lits.

Expliquant la forte fréquentation de la maternité, Mme Sène signale que des femmes viennent d’horizons divers pour se faire consulter. A notre arrivée, le nombre de femmes trouvées dans la cour aménagée en salle d’attente prouve à suffisance la charge de travail qu’elle a sur les épaules. ‘Chaque jour, je travaille de 8 h à 19 h. Des femmes se pointent à 5 h du matin. A 8 h déjà, nous sommes à plus de cinquante malades’. Lors de notre entretien avec la maîtresse sage-femme, les patientes s’impatientaient.

Cette surcharge de travail amène Mme Sène à plaider pour une augmentation du personnel et la dotation de la maternité d’une salle de consultation à la dimension du nombre important de femmes qu’elle reçoit. Mais la crainte majeure demeure l’hivernage qui approche. En effet, nous renseigne-t-on, ‘les eaux envahissent tout. J’étais inondée dans ma propre chambre. En période d’hivernage, nous portons des bottes pour pouvoir nous déplacer. Et toutes les consultations se font dans la cour de la maternité’, se désole Hindé Chaoui qui lance ainsi un appel aux autorités de la localité à prendre les devants par rapport aux inondations.

Du point de vue de la taille de la population, la maternité de Yeumbeul fait deux fois la taille du district de Kédougou. Or, elle n’a pas de bloc opératoire. Tout comme le district de Pikine dont elle relève. C’est pourquoi toutes les complications liées à l’accouchement sont référées à Roi Baudoin, situé à Guédiawaye ou au district de Maguilène Senghor.

A Yeumbeul, le taux de contraception varie entre 6 à 7 % à l’image du district de Pikine. Un faible taux qui renseigne à suffisance que les méthodes contraceptives modernes ne sont pas à l’ordre du jour dans le coin. Une situation que tentent de corriger les prestataires sur place lors des consultations pré et post-natales. Dans cette tâche, les sages-femmes sont appuyées par les relais communautaires, les femmes des groupements de promotion féminine et les religieux. Ici, la sage-femme travaille en étroite collaboration avec les autorités religieuses.