Le colonel Mamadou Sow après un séjour de deux ans et demi à la tête du commandement de la zone 5, a passé le témoin au colonel Paul Ndiaye qui débarque fraîchement du Congo. La cérémonie de passation de service s’est déroulée lundi dernier au camp militaire. Le commandant de Zone sortant, le colonel Sow s’est confié à la presse. Il est revenu largement sur son séjour dans la partie Sud du pays. Toutefois, il appelle la population de la Casamance à s’impliquer davantage pour une paix définitive dans la partie méridionale. Car selon lui « il sera très difficile de faire la paix contre leur volonté ».
Vous êtes appelé à servir le Sénégal ailleurs et c’est le colonel Paul Ndiaye qui vous succède. Après plus de deux années passées à la tête du commandement de Ziguinchor. Q’est ce que l’homme a retenu après ce service rendu ?
Je voudrais d’abord rendre grâce à Dieu et magnifier les actions des anciens qui nous ont précédé à Ziguinchor et qui avaient défriché le terrain. A notre niveau, nous n’avons fait que suivre les sillons qui nous avaient laissé. Comme vous l’avez dit pendant deux ans et demi, on a été ensemble. On a vécu des moments de joie mais également des moments de tensions. Mais grâce à l’équipe qui m’entourait et avec l’aide de Dieu, nous avons pu ramener aujourd’hui dans la région de Ziguinchor une relative accalmie en tout cas sur le plan sécuritaire. Je pense que tout ceci est dû à une conjugaison d’efforts, une volonté mais également une certaine dynamique qui nous a été infligée par le commandement. Et je pense que la presse est le témoin d’hier et d’aujourd’hui. Je ne peux qu’exprimer ma gratitude à tous ce qui m’ont assisté dans ma mission. C’est ça aussi l’administration. Les hommes passent mais les structures restent. Je vais aller à l’Etat major des armées pour m’occuper d’autres choses qui à mon sens sera un peu plus paisible que le commandement de la Zone 5.
Qu’est ce qui vous a le plus marqué dans la partie sud après plus de deux ans de service ?
Tout m’a marqué à Ziguinchor. J’ai commencé ma carrière de sous lieutenant au 5ème bataillon et par la grâce de Dieu, j’ai eu à gravir tous les échelons de commandement donc de chef de section à commandement de Zone. Mais, ce sont des souvenirs qui se bousculent dans ma tête. Des bons et des mauvais. Comme je l’ai dit tantôt par la grâce de Dieu, nous avons pu arriver au bout du rouleau. Reste à avoir une pensée pour nos autres qui n’ont pas pu arriver au bout.
Des regrets ?
Regrets ! Je ne pense pas. C’est une action de l’homme, elle est toujours imparfaite. On aurait toujours souhaité faire plus. Il y a des moments où on n’y arrive pas mais comme je l’ai dit c’est une continuité. Nous avons poursuivi l’action de nos anciens, je laisse actuellement le flambeau au colonel Ndiaye qui est mon jeune frère et qui va continuer l’action et lui aussi laissera l’action à quelqu’un d’autre.
Le bilan de votre séjour en Casamance mais surtout à la tête du commandement 5 ?
J’ai la paix parce que depuis que je suis sous lieutenant, je me bats à Ziguinchor pour qu’elle y règne. En quittant, je ne peux que souhaiter la paix pour pouvoir revenir en vacances en famille et aller dormir au Cap Skirring. En tant que militaire, on ne fait pas de bilan parce que c’est une action continue. On la commence, on arrive à un certain moment, vous débarquez, il y a un autre qui embarque qui continue l’action. Mais tant qu’il n’y aura pas de paix définitive en Casamance, l’action sera toujours continue donc il n’y a pas de bilan à faire à ce niveau.
Vous avez le sentiment en partant d’avoir rempli pleinement votre mission ?
C’est à ceux qui m’avaient confié la mission qu’ils reviennent de juger de mon action. Moi, j’ai agi parce que le commandement avait placé une certaine confiance sur moi. Maintenant je leur laisse la lassitude de la sanction positive ou négative de mes actions.
Vous arrivez en Casamance et on note une certaine accalmie. Quel est le secret ?
Il n’y a pas de paix en Casamance. Mais je peux dire que les signaux sont probants pour un retour vers la paix définitive. Je pense que l’action qui est menée pour la sécurisation de la population doit être continuée et j’en profite pour dire à la population que la paix leur appartienne. Elle n’appartient pas à l’homme de tenue. Parce que pour aller dans son champ, pour aller mener des activités économiques, les premières bénéficiaires c’est la population et tant qu’elle ne s’impliquera pas dans ce processus de paix, il sera difficile de faire la paix contre leur volonté.
Pour les autres qui sont égarés. Qu’est ce que vous leur dites ?
Ils sont chez eux. Mais s’ils veulent bien le développement de la Casamance, je pense que, ce n’est pas là où ils sont, qu’ils pourront le faire mais plutôt de venir travailler avec les autorités, avec tout le monde mais surtout avec la population.
Quels sont les rapports que vous entretenez avec les deux commandements de la Gambie et de la Guinée ?
J’entretiens d’excellentes relations avec les commandants de zone de ces deux pays. Nous avons travaillé en étroite collaboration et je pense que mon successeur continuera sur cette même lancée et nous arriverons à quelque chose de positive pour les populations.
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