Pour faire la paix des braves avec les patrons des journalistes, le président Wade avait, tardivement, ordonné le décaissement de l’aide à la presse. Mais sa mauvaise répartition a amené le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) à rompre le dialogue avec leur ministre de tutelle. Maintenant ils menacent d’ester en justice contre lui. Mais l’article sur lequel ils se fondent pour le faire condamner ne les épargne pas, non plus.
De l’inédit, au Sénégal : c’est l’État qui traînait des journalistes devant les tribunaux. Maintenant, ce sont les patrons de presse qui servent une sommation interpellative à leur ministre de tutelle. La répartition de l’aide à la presse, qu’ils jugent, anormale, est passée par là. Ils ont commis Me Khassim Touré pour que justice leur soit rendue. L’avocat attend leur feu vert pour « passer à la vitesse supérieure », après avoir commis un huissier, depuis le 1er avril dernier, pour que le ministre Moustapha Guirassy se conforme, dans une huitaine, à l’article 61 de la loi 96-o4 du 22 février 1996. Celui-ci stipule que « le ministre chargé de la Communication publie chaque année la répartition du fonds d’aide aux organes de presse, les noms de leur directeur de publication, ainsi que la composition de leur équipe rédactionnelle ».
L’aide a été décaissée depuis près de trois mois. Mais, depuis, en dépit des nombreuses contestations, dont celle du président du Cdeps, Madiambal Diagne, le ministre n’a pas encore affiché les noms des groupes bénéficiaires, ni le montant qu’il leur a été distribué. Probablement sachant que ledit article ne lui a pas fixé de date à laquelle il doit s’exécuter « chaque année », Moustapha Guirassy, auquel le Cdeps reproche « un silence assourdissant » a laissé entendre qu’il publiera la liste « en temps voulu et opportun ». Mais quand il le fera, il devra à son tour servir une sommation aux directeurs de publication, afin qu’ils se conforment à l’autre terme de l’article 61 : « la composition de leur équipe rédactionnelle ». Car peu de patrons respectent cette clause. Pour preuve, peu de journaux mentionnent les membres de leur rédaction dans l’ours.
Rares, aussi, sont ceux qui paient leurs employés par voie bancaire et avant le 8 de chaque mois. C’est dire que les états généraux de la presse ne seraient pas une mauvaise chose, tout comme la traduction du ministre de la Communication devant la barre. Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Sympics) doit s’atteler à cette tâche, pour que journalistes et reporters puissent vivre du fruit de leur travail.
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