Faisant le compte-rendu de leur rencontre avec le Khalife des Mourides, Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké, le Coordonnateur de l’Intersyndicale de l’enseignement, Mamadou Diop Castro, déclare que « dans le cadre de son 5e plan d’action, l’Intersyndicale de l’enseignement a pris des initiatives pour rencontrer tous les chefs religieux, en vue de trouver des solutions à la crise de l’école ».
Selon M. Diop, « le Khalife général des Mourides a réagi favorablement et nous a reçus ce matin (samedi). Nous nous en sommes félicités et nous avons eu un large débat sur les revendications et sur les problèmes de l’école. Il s’est engagé à nous aider à trouver des solutions, après nous avoir demandé notre mémorandum pour une meilleure compréhension des revendications et une plus grande maîtrise des questions que nous avons posées. Nous pensons que sa médiation pourra nous aider à faire revenir le gouvernement autour de la table de négociation et de restaurer la paix sociale dans le système éducatif ».
Quand on lui demande si ce n’est pas un aveu d’échec de l’Intersyndicale qui n’a pas pu obliger le gouvernement à négocier avec elle, Mamadou Diop Castro rétorque : « Nullement, parce que du 1e au 5e plan d’action, il y a toujours eu un volet campagne d’information et de sensibilisation. Il y a eu d’abord la rencontre avec le Comité national pour le dialogue social, les parents d’élèves, la Coalition nationale pour l’éducation pour tous, Thierno Madani Tall qui nous avait rencontrés sur sa demande, sur initiative du président de la République. Aujourd’hui, nous continuons ces initiatives avec les autres chefs religieux. Nous sommes dans un secteur social où les luttes sont longues, sont dures et impliquent parfois l’intervention de médiateurs. Chaque année que Dieu fait, nous utilisons les mêmes démarches, les mêmes procédures et les mêmes formes de lutte qui nous permettent d’atteindre les objectifs ».
Le Khalife général des Mourides, qui s’implique depuis son avènement dans la médiation sociale et politique, avait reçu il y a quelques jours les enseignants du Sels (enseignement primaire) de Youssou Touré. Pour sa part, le professeur Amsatou Sow Sidibé, directrice de l’Institut des droits de l’Homme et de la paix de l’Ucad, il urge de régler le problème au plus vite, pour l’intérêt de tous.
« Il faut saluer cette médiation du Khalife général des Mourides, parce que la situation est grave, très grave dans le milieu scolaire. Mais je pense que concrètement, il est extrêmement difficile de dicter ce qu’il faut faire. Le maître mot, c’est la volonté, faire preuve de bonne volonté et toutes les parties doivent faire preuve de bonne volonté, se tendre mutuellement la main. Et je crois que chacun doit lâcher du lest, parce que c’est une crise qui perdure et qui hypothèque l’avenir de nos enfants et de toute la nation. L’heure est grave, que chacun se tende la main, que le maître mot au niveau de tous les acteurs soit la volonté », martèle Mme Sow Sidibé.
Mais où trouver cette volonté quand l’Etat et les syndicats campent sur leurs positions ? A en croire Mme Amsatou Sow Sidibé, « c’est un problème de ‘’ñëk’’ (amour-propre). Je crois que chacune des parties veut sortir de cette situation délétère. Que chacun se départisse de ce ‘’ñëk’’-là, que chacun se dise qu’après tout, c’est l’avenir de nos enfants, c’est l’avenir de notre pays qui est en jeu. Et, à partir de ce moment-là, mettre en œuvre sa volonté et savoir que le fait de lâcher du lest ne remet nullement en cause la dignité, au contraire, c’est un acte de haute dignité. Que chacun fasse quelque chose à ce niveau-là et je crois que le problème sera résolu ».
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