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DES IMAMS DANS LA RUE : Porte-voix légitime du peuple ou gardiens du rituel ?

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DES IMAMS DANS LA RUE : Porte-voix légitime du peuple ou gardiens du rituel ?

La banlieue dakaroise avait sonné la charge contre la vie chère et les factures élevées de la Senelec. Cette fois, les manifestants n’étaient pas dirigés par des politiciens. Encore moins par des syndicalistes ou des responsables consuméristes. Mais par des imams. Une première au Sénégal. Des imams qui se donnent la main pour se faire le porte-voix des citoyens, cela ne s’était pas encore produit chez nous. Aussitôt, le débat a surgi. Ont-ils le droit de s’éloigner des mosquées où nous les confinions pour porter des revendications pas du tout religieuses ? L’un d’eux, l’éminent el Hadji Moustapha Guèye, a dit non, assimilant presque cela à une pratique chiite. Mais des imams interrogés, dont des responsables de ce mouvement social, clament fort que, loin de la mosquée, l’Islam leur permet effectivement de jouer ce rôle.

L’IMAM TEL QUE NOUS LE VOYIONS : Elimane, ce voisin si familier

Jusqu’avant la sortie médiatisée des imams de Guédiawaye, le Sénégalais commun concevait son imam comme ce voisin dont les tâches consistaient à diriger les cinq prières canoniques à la mosquée et celles des fêtes de Korité et Tabaski. L’imam ou Elimane, comme nous l’appelons affectueusement en déformant le substantif arabe jusqu’à en faire un prénom, est aussi pour nous, la plupart du temps, cet homme du troisième âge, ce retraité qui s’est porté volontaire et à titre gracieux, pour diriger nos prières. C’est lui aussi qui célèbre les mariages, récitant à l’occasion les formules rituelles inconnues des profanes, dans le but d’attirer une bénédiction sur les unions scellées devant Dieu et les hommes. Le baptême d’un nouveau-né, c’est parfois lui qu’on attend pour formuler des prières à l’endroit de l’enfant. On attend aussi son arrivée pour procéder à la prière mortuaire en cas de deuil. Il est donc là lors de ces événements heureux ou malheureux. La zakat ou aumône légale, c’est également à lui que certains parmi les musulmans sénégalais la remettent. A charge pour lui de le distribuer, en toute discrétion, aux nécessiteux du coin. Parfois, l’imam, c’est ce confident sollicité pour régler une querelle dans le quartier.

Hormis le respect des fidèles qui l’ont désigné à leur tête, l’imam ne gagne souvent rien en retour (en termes d’argent) et attend son salaire seulement de Dieu. N’empêche, l’imamat fait parfois saliver des musulmans. D’ailleurs, en la matière, bien des anecdotes se racontent çà et là sur un homme qui avait menacé de démonter les tuiles de la mosquée de son quartier qu’il avait payées de sa poche si les fidèles refusaient de le désigner comme imam. L’on se rappelle de l’épisode houleux de la succession de feu Mawdo Sylla à la tête de la grande mosquée de Dakar. Ce notable religieux est très proche de nous (puisque vivant parmi nous, dans le quartier), il est confronté souvent aux mêmes réalités que ses fidèles. Nous est-il devenu si familier jusqu’à ce que nous le confinions à ces tâches précitées ? Ou bien assistons-nous à la naissance d’un imam de type nouveau du genre intellectuel à la retraite, pétri aussi d’une formation religieuse et prêt à assumer toutes les fonctions inhérentes à l’imamat ?

La sortie des imams de Guédiawaye pour dénoncer la vie chère et les factures vertigineuses de la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) a surpris plus d’un. A la place des politiciens et des syndicalistes, ils ont sonné la charge en une sorte de mobilisation pour dire niet à la Senelec. Imam de type nouveau ou vrai rôle ignoré et subitement retrouvé dans un contexte de crise économique mondiale ?

ISLAM ET REVENDICATIONS SOCIALES, UN MENAGE POSSIBLE ?

Les imams brandissent le manteau du legs prophétique

L’imam peut-il, une fois sorti de la mosquée, s’intéresser de problèmes sociaux de ses fidèles ? La plupart des imams interrogés répondent par l’affirmative. Ils brandissent leurs arguments : l’imam est le légataire du Prophète Mohamed (Psl) dans la société et celui-ci assumait aussi bien des charges religieuses et politiques. El Hadji Moustapha Guèye trace la limite que l’imam ne doit pas franchir.

Des imams dans la rue, à la tête de manifestants. Une première au Sénégal. Jusqu’ici, la presse relayait les prêches musclés de certains imams comme Tamsir Ndiour de la mosquée Moussanté de Thiès. Le débat s’est aussitôt posé en des termes simples : ont-ils le droit. Les imams manifestants argumentent qu’ils sont toujours dans leur rôle. Un érudit, El Hadji Moustapha Guèye, leur dénie cela tout en mettant en garde. El Hadji Moustapha Guèye, qui fait l’unanimité autour de ses connaissances suivies religieusement au cours de ses émissions de prédication à la radio ou à la télé, est, par ailleurs, président de l’Association des imams et oulémas du Sénégal. Nous avons essayé de le faire réagir en vain, il a préféré s’en tenir à ses déclarations à la radio que nous reprenons. Aussitôt après la marche de ses collègues de Guédiawaye, El Hadji Moustapha Guèye avait fait connaître sa désapprobation sur les ondes d’une radio privée de la place, Rfm. A son avis, disait-il, tout ce qui sort du cadre de l’Islam ne doit pas intéresser un imam. L’imam ne doit pas s’intéresser à la politique, ajoutait-il. Mieux, Moustapha Guèye faisait partie de la délégation de parlementaires qui avait rencontré les imams de Guédiawaye pour refréner leurs ardeurs. Sans obtenir le résultat espéré.

« Le prophète était un politique et un religieux »

Pourquoi donc les imams de Guédiawaye se sont-ils radicalisés de la sorte ? Sont-ils devenus subitement des politiciens qui s’ignorent ? « Notre action n’est pas politique et est guidée par un désintérêt total », rassure l’un d’eux, l’imam Mamadou Lamine Diop de la mosquée de Hamo IV. Assument-ils, seulement maintenant et pour la première fois, un rôle qui leur est dévolu ? L’imam adjoint de la mosquée de Hamo IV, Youssoupha Sarr, lui aussi très impliqué dans la fronde, rappelle que le prophète Mohamed (Psl) fut à la fois un homme politique et un guide religieux. « Il a su être un homme politique dans le contexte multidimensionnel de la cité de Médine de l’époque pour régler les problèmes et permettre à toutes les communautés de vivre en paix, chacune selon sa foi. Ses compagnons ont suivi le même chemin. » C’est donc par ignorance ou pour des raisons inavouées, pense-t-il, que certains condamnent la démarche des imams de Guédiawaye.

Ancien secrétaire chargé des relations avec l’Etat et les institutions de l’Association des imams et oulémas du Sénégal, Mouhamadou Bamba Sall est à la fois imam de Yoff Tonghor et guide religieux. L’homme est aussi docteur en théologie islamique. L’imam, dit-il, doit jouer le même rôle que le prophète de son vivant. Parce que « l’Islam est à la fois une religion et un Etat, martèle-t-il. Cela, que l’on soit chiite ou sunnite ». Prenant l’exemple du Prophète, Mouhamadou Bamba Sall rappelle que Mohamed (Psl) alliait aussi bien le pouvoir spirituel que temporel. « La théologie islamique, c’est à la fois la politique, l’économie, le social, la culture. L’individu est préparé à cela », argue l’imam de Yoff Tonghor.

Le président de l’Association des imams et oulémas du Sénégal, El Hadji Moustapha Guèye, préfère séparer Islam et activités politiques. « Le comportement de mes collègues de Guédiawaye est assimilable à celui des chiites », avait déclaré El Hadji Moustapha Guèye sur les ondes de la Rfm. Les musulmans sénégalais sont d’obédience sunnite dans leur écrasante majorité. Y a-t-il des différences dans la façon d’assumer les charges d’imam selon qu’on est sunnite ou chiite ? L’imam Mouhamadou Bamba Sall explique. Chez les sunnites que l’on retrouve en majorité dans les pays du Golfe, un équilibre entre les imams -auxquels un pouvoir est conféré- et les pouvoirs politiques permet de s’entendre sur leur rôle social dans la stabilité du pays, déclare l’imam de Yoff Tonghor. En cas de problème social ou religieux, « un conseil spécial se prononce et soumet ses arbitrages au pouvoir politique », ajoute l’imam Mouhamadou Bamba Sall. A son avis, les imams jouent un rôle d’interface entre l’Etat et la population.

En ce qui concerne les chiites, poursuit M. Sall, « dans ces pays, un imam peut être président ou député ». Les imams chiites « pensent être intégrés dans la vie sociale et administrative ». Avec à leur tête un guide suprême qui est toujours consulté par l’Etat. Dans ce cas de figure, « les imams préparent toujours le peuple », avance le docteur en théologie islamique. Malheureusement, au Sénégal, regrette l’imam de Yoff Tonghor, le pouvoir n’est pas assez informé.

L’imam, héritier des Prophètes

L’imam Youssoupha Sarr de Hamo IV convoque l’histoire religieuse du Sénégal et le Coran pour justifier leur initiative. « Si El Hadji Malick Sy et Cheikh Ahmadou Bamba étaient restés dans leurs mosquées pour diriger les prières, allaient-ils avoir des problèmes avec l’autorité coloniale ? » s’interroge-t-il.

« Evidemment non. C’est parce qu’ils ont voulu jour leur rôle de leaders de consciences qu’ils se sont heurtés au colon. D’ailleurs, le Prophète Mohamad (Psl) n’a-t-il pas dit que celui qui ne se soucie pas du sort des musulmans et de leurs difficultés n’est pas des leurs », argumente-t-il. « Allah nous dit dans la sourate Rahdi, verset 11, que si vous n’essayez pas de régler vos problèmes, Je ne le ferai pas à votre place ».

Mouhamadou Bamba Sall de Yoff Tonghor fait de l’imam le légataire des prophètes. « Le prophète Mohamed (Psl) a dit : « les imams sont les héritiers des Prophètes, le rôle de ces derniers, c’est de régler les problèmes sociaux ». Comme pour appuyer cette idée, l’imam Sall rappelle l’exemple de quelques Prophètes. Abraham a restauré la liberté de culte, David a assuré l’organisation de l’Etat, Moïse a décolonisé un peuple opprimé, Issa ou Jésus a rétabli le déséquilibre social et Mohamed (Psl) a été le défenseur des droits de l’homme, explique Mouhamadou Bamba Sall de Yoff Tonghor. « A chaque prophète, un livre-guide. Que ce soit la Thora, la Bible ou le Coran », rappelle-t-il. Ce qui amène le guide religieux à définir le rôle fondamental de l’imam : « il doit s’impliquer dans la vie sociale au risque de faillir à sa mission ».

A l’épreuve des risques de récupération politique

En descendant dans la rue pour dénoncer des factures électriques injustes à leurs yeux, les imams de Guédiawaye viennent de mettre un pied sur un terrain jusqu’ici réservé aux politiciens, aux syndicalistes et aux défenseurs des droits des consommateurs. Ces trois acteurs de la vie sociopolitique ont-ils démontré leurs limites en ne portant pas assez loin les problèmes des Sénégalais jusqu’à ce que des imams prennent le relais, à la surprise générale ? Youssoupha Sarr, adjoint de l’imam de Hamo IV semble répondre par l’affirmative à cette question. Lui et ses pairs, explique-t-il, ont envahi la rue pour faire entendre leur voix parce que les « porteurs classiques des revendications sociales », c’est-à-dire les politiciens, les syndicats et les associations de consommateurs, « ont montré leurs limites ».

Les imams marcheurs étaient conscients des risques de voir leur manifestation récupérée par ces différents acteurs, principalement les politiciens. En tout cas, les communiqués de presse de partis politiques et de syndicats ont plu dans les rédactions avec presque le même contenu : exprimer de la solidarité aux imams de Guédiawaye. Il se dit même que les imams marcheurs avaient pris les devants pour éviter toute récupération. C’est que leurs protestations ne surprendraient pas si elles étaient sorties de la bouche des trois acteurs de la vie sociopolitique susmentionnés. « Leurs revendications recoupent parfaitement nos préoccupations », se réjouit un citoyen qui a requis l’anonymat. Mais sa joie n’est pas béate, il craint une récupération des imams par les politiques. « Nos leaders nous ont habitués à faire une volte-face au moment où l’on s’y attend le moins », se désole-t-il.

L’imam Mamadou Lamine Diop rassure : « notre action n’est pas politique et est guidée par un désintérêt total. » Il souligne qu’ils sont habités par la crainte d’une sanction divine. « Rassurez-vous, les politiques ne peuvent pas nous coopter », tranquillise-t-il. De plus, imam Mamadou Lamine Diop pense que leur démarche constitue une aubaine pour le gouvernement, parce qu’ils ont marché dans la légalité, en évitant tout dérapage. Ce qui n’est pas toujours le cas en de pareilles occasions.

Mamadou Bamba Sall de Yoff Tonghor évoque une nécessité pour les imams de jouer un rôle d’interface entre le pouvoir politique (l’Etat) et le peuple, compte tenu de leurs poids respectifs. « Il est devenu impérieux que les religieux jouent un rôle de médiateur entre ces deux forces, précise imam Bamba Sall ». Seulement, de l’avis de ce dernier, bon nombre des imams manque de crédibilité. Les imams d’avant alternance avaient des accointances avec l’ancien régime au lieu de jouer leur véritable rôle, se désole-t-il. « C’est pourquoi le pouvoir actuel leur a tourné le dos ». Si l’on y prend garde, prévient le guide religieux, « on risque d’assister à un effet d’entraînement avec l’exemple des imams de Guédiawaye ». A son avis, « il est indéniable que l’imam est un acteur social. Il reste à trouver la bonne formule ». Et pour y arriver, suggère l’imam Bamba Sall, « il faudra restaurer la crédibilité des imams et la confiance entre les deux pouvoirs ».

Mamadou Bamba Ndiaye, secrétaire général du Mouvement populaire socialiste (Mps-Séllal) interprète à sa manière la sortie des imams dans une interview accordée au portail nettali.net. « Je crois que l’apparition de ce type de mouvement populaire traduit une maturation, un progrès par rapport aux émeutes notées il y a quelques mois. Cela révèle aussi l’acuité des problèmes vécus par les populations et leur volonté farouche de s’exprimer et de trouver des solutions. Le gouvernement est interpellé par cette situation ». Réfutant le terme d’« irruption de religieux », M. Ndiaye ajoute : « l’irruption du religieux dans des conflits sociaux ne serait ni une nouveauté, ni un drame. Le religieux est une dimension centrale de notre vie en société et nous n’en avons ni peur, ni honte ! Certains amateurs de raccourcis sont très forts, mais ils ne pourront pas nous faire peur avec notre propre ombre ! Moi, j’ai plutôt envie de dire que nous sommes tous des imams de Guédiawaye ! »

YOUSSOUPHA SARR DE HAMO IV : Un imam sous les projecteurs survoltés de l’actualité

Lui et ses pairs ont marqué les consciences en organisant une marche de protestation contre la cherté de la vie. Une première au Sénégal. Imam adjoint de Hamo IV, Youssoupha Sarr s’étonne de voir certains imams condamner leur démarche. Dans son quartier, il jouit de beaucoup d’estime. Portrait.

Voilà une publicité dont se serait bien passé Youssoupha Sarr, l’imam adjoint de la mosquée de Hamo IV, coordonnateur et porte-parole des populations de ce quartier de Guédiawaye, une lointaine banlieue dakaroise. Le 5 décembre dernier, les habitants de ce grand bourg sont sortis de leur anonymat en marchant contre la double facturation instituée, quelques temps auparavant, par la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec). « C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », lance imam Youssoupha Sarr.

Depuis cette date, le paisible citoyen, qui jouissait d’une retraite bien méritée après de bons et loyaux services, est sous les feux de l’actualité en sa double qualité de coordonnateur et porte-parole des imams de Hamo IV. Son téléphone portable ne cesse de sonner, il répond aux sollicitations des journalistes ou aux appels de simples citoyens qui lui témoignent soutien et solidarité. Une démarche singulière pour un imam : « Pas si singulière, car les grands hommes religieux ont de tout temps porté les préoccupations et les combats de leur concitoyens », rectifie Youssoupha Sarr.

Aussi, son étonnement est grand quand il entend certains imams condamner leur démarche. Il reconnaît toutefois que c’est une première dans l’histoire de notre pays que des imams dirigent une marche pour protester contre la cherté de la vie. Toujours est-il, leur posture n’est en rien contraire avec leur statut d’abord de citoyen qui vit les mêmes difficultés que ses concitoyens. A son avis, le statut d’imam a évolué. « L’imamat est loin d’être une profession. Il faut avoir la confiance de ses pairs », fait-il savoir. Lui a la confiance non seulement de ses pairs, mais aussi celle de toutes les populations de Hamo IV puisqu’il est le coordonnateur et porte-parole. Ce qui explique qu’il soit au-devant de l’actualité, jusqu’à perturber (mais pour la bonne cause) la sérénité de sa famille. « Ma famille n’a pas l’habitude de vivre une telle ambiance », reconnaît-il. Mais, par un concours de circonstances, il est au devant de la scène et les projecteurs sont braqués sur sa personne, le sortant ainsi de l’anonymat dans lequel il a vécu jusqu’ici.

Sorti en 1976 du Centre de formation et de perfectionnement de l’administration (10e promotion du Cfpa) dont le pendant actuel est le cycle B de l’Ecole nationale d’administration (Ena), il a eu à servir comme agent dans deux départements ministériels (Education et Santé) avec un état de service élogieux. Sa carrière professionnelle peut laisser penser qu’il a été un fonctionnaire discipliné et exemplaire. Puisque sans militer dans un aucun parti politique, il a gravi les échelons et occupé d’importants postes. Il a été chef du bureau de l’élaboration et du suivi du budget du ministère de l’Education nationale, chef du service administratif et financier de l’Ecole nationale supérieure d’agriculture (Ensa) de Thiès, gestionnaire de l’Ecole normale des instituteurs de Bambey, de celle de Mbour, de Mariama Bâ de Gorée, etc. Mais, cette inactivité politique cache un activisme social intense, notamment au plan religieux. Youssoupha Sarr est le président du « dahira » mouride du ministère de l’Education nationale et vice-président de la fédération des enseignants mourides.

Agé de 61 ans, il jouit, depuis décembre 2007, loin de sa ville natale de Saint-Louis, d’une retraite paisible dans sa belle maison immaculée sise à Hamo IV, entouré de ses enfants et de son épouse. Le pas alerte, la démarche rapide, on le présente comme quelqu’un d’affable, toujours au service de ses voisins. « C’est un mouride qui s’est bien intégré dans un quartier où les tidianes sont majoritaires », indique Fadel Ndiongue, un voisin qui ajoute que « sa disponibilité et sa droiture font que les populations l’ont désigné comme porte-parole ».

« Ces qualités font que nous l’avons coopté comme imam adjoint, un poste qu’il a accepté », renchérit l’imam Mamadou Lamine Diop, en précisant que « (son) adjoint s’évertue à éduquer ses enfants selon les enseignements du Coran, du prophète Mouhamad (Psl) et de son guide religieux, Cheikh Ahmadou Bamba dont il est un fervent disciple ». Dans son salon, les « khaïssades » (œuvres poétiques de Cheikh Ahmadou Bamba) sont posés sur la table. Ces ouvrages constituent son bréviaire qu’il revisite à chaque fois que le temps le lui permet. Troquant le costume avec le grand boubou, il porte toujours un bonnet noir, en référence à Cheikh Ibra Fall, l’illustre disciple de Bamba qui ne rechignait jamais à la tâche. Aussi, prend-il sa fonction de porte-parole avec toute la responsabilité qui sied. Allant jusqu’à perturber le sommeil du ministre de l’Energie qui les a reçus un lundi, au sortir d’un conseil interministériel consacré à la question de la facturation. La rencontre n’a pas eu les résultats escomptés, poussant les imams à durcir le ton en promettant de lutter jusqu’à la prise en charge de leurs revendication. « Ne payez pas vos factures tant que les autorités ne nous auront pas donné des explications convaincantes sur la double facturation », lance-t-il sur les ondes. Un cadeau de Noël « chaud » pour Samuel Sarr. Car il y a de l’électricité dans l’air, avec ce courant qui ne passe pas entre la Senelec et les populations.


Par Malick CISS, El Hadji Massiga FAYE et Mamadou GUEYE



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