Cent quarante quatre heures après le tabassage en règle de Boubacar Kambel Dieng de la Rfm et Karamoko Thione de Ward, les policiers-tortionnaires vaquent tranquillement à leurs occupations. Les informations sur leurs arrestations ont été vite démenties, malgré les manipulations, la stratégie du « pourrissement » du pouvoir libéral, qui l’a héritée de l'ancien régime socialiste. Le Président Wade, d’habitude si prolixe, est resté étrangement silencieux dans cette affaire. Pas un mot. Et pourtant, le Chef suprême du Sénégal n'avait pas habitué son peuple à autant de retenue. Le dossier médical de Talla sylla, il l'avait délicieusement éventé pour dire que ce dernier faisait du cinéma.
Aucune mesure conservatoire n'a été prise contre les agresseurs. Quand les membres du Pacte républicain lui avaient rendu visite pour s’émouvoir de l’agression d’un journaliste par un religieux, le chef de l'Etat leur avait juste répondu ceci : « les journalistes doivent faire attention aux marabouts ». Quelques jours après, lors de la campagne électorale, le convoi de l'ancien Premier ministre Idrissa Seck avait été attaqué sur la Vdn par les disciples du même marabout Cheikh Béthio Thioune. C'est l’autocar des journalistes qui en a fait les frais avec en prime une bastonnade en règle des journalistes qui l’accompagnaient. Depuis, les forfaitures se sont succédées. Comme l’a si bien écrit Souleymane Jules DIOP dans sa chronique du jeudi sur Seneweb, les journalistes ont rasé les murs ou ont un tantinet dénoncé ces violences. La presse, parfois pour des intérêts bassement matériels, a manqué de solidarité dans bien des cas. Certains patrons de presse ont eu à faire le mort ou même hésité à dénoncer la violence exercée sur leurs employés. Il ne fallait pas « énerver l'Etat », au risque de recevoir la visite du Fisc. Cette litanie d'agressions n'est malheureusement que la suite d'une logique effroyable et implacable : casser les plumes et tuer les pianistes. Quand la bataille pour la succession fera rage, beaucoup plus prégnante; quand elle deviendra un enjeu de survie, Il faudra faire taire « les empêcheurs de tourner en rond ou de succéder tranquille ». C'est peut-être là qu'il faut analyser le refus de sanctionner les agresseurs de Boubacar Kambel Dieng et de karamakho Thione ainsi que tous les autres crimes perpétrés. Les sanctionner, ce serait se priver de bras armés en cas…. Cette gangrène dans la police, ces calots bleus peuvent être utiles. Un confrère rappelait que leurs contrats durent autant que le mandat du chef de l'Etat. Une fois que la retraite aura sonné, que l'heure de rendre compte sera arrivé, avoir une milice à son service.
Alassane Samba DIOP
Directeur de la rédaction de
La RFM
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