GENEVE - Le profil migratoire du Sénégal établi par l’Oim, financé par l’Union européenne, la Coopération belge au développement et l'Office fédéral suisse des migrations, fait observer que notre pays ne dispose ni d’une politique migratoire officielle, ni d’une structure spécialisée dans les questions de migration permettant de déterminer et d'appliquer la politique migratoire nationale.
L’Organisation internationale pour les migrations (Oim) a présenté hier à la presse internationale le Profil migratoire du Sénégal. Notre pays, considéré principalement comme un pays de destination en Afrique de l’Ouest, est aujourd’hui aussi devenu un pays d’émigration en raison des conditions de vie de plus en plus difficiles dans le pays et des expériences positives relatives à l’émigration de certains Sénégalais établis dans les pays limitrophes, mais également en Europe et aux Etats-Unis, souligne un communiqué transmis à la presse lors de la présentation du livre sur le Sénégal.
L’immigration, même si elle est moins importante, persiste néanmoins, mais est devenue essentiellement une migration de transit. En effet, en raison de sa position géographique, les candidats à l’émigration, en particulier ceux originaires d’Afrique de l’Ouest, passent par le Sénégal pour se rendre plus au nord, notamment dans les pays du Maghreb, ou encore vers l’Europe, en empruntant les voies maritimes ou aériennes.
D’après la Division de la Population des Nations Unies, le taux net de migration, c’est-à-dire la différence entre le nombre de personnes qui entrent dans le pays et qui en sortent chaque année pour 1 000 habitants, a enregistré une tendance négative entre 1995 et 2005. Les estimations pour 2005-2010 semblent confirmer cette tendance, avec un taux net d’émigration de 1,7 migrant pour 1 000 habitants.
Au regard des données disponibles, le nombre d’émigrants sénégalais est estimé à 479 515. Les pays de destination principaux sont la Gambie (20 %), la France (18 %), l’Italie (10 %), la Mauritanie (8 %), l’Allemagne (5 %) et le Ghana (5 %). Les données montrent que la grande majorité des émigrants sont en âge de travailler et que près de 68 % d’entre eux se sont rendus à l’étranger à la recherche d’un meilleur emploi. C’est notamment le cas des travailleurs qualifiés, qui représentaient 24,1 % du nombre d’émigrants à l’étranger.
En outre, cette étude met en lumière un phénomène de fuite des cerveaux que subit le Sénégal. En effet, 17,7 % des Sénégalais ayant reçu une éducation supérieure émigrent, majoritairement vers la France. Le phénomène est particulièrement répandu dans les professions médicales.
Les rapatriements de fonds sont, eux, passés de 233 millions de dollars en 2000 à 1,192 milliard en 2007, soit 10,7 % du Produit intérieur brut du pays. Par conséquent, la pauvreté individuelle au Sénégal a reculé en 2005, passant de 67 % à 50,6 %. Cependant, 66 % des ménages interrogés se considèrent comme pauvres. L’impact de ce phénomène est visible du fait qu’un nombre encore plus élevé de Sénégalais émigrent et rapatrient donc des fonds, ce qui crée des disparités de revenus. Une disparité de revenu de 60 % a été constatée entre les familles qui reçoivent des rapatriements de fonds depuis l’étranger et celles qui n’en reçoivent pas.
De la même manière, le rapport fait remarquer que la gestion des migrations est confiée à plusieurs ministères et acteurs du développement, qui mènent des actions individuelles définies dans leurs mandats respectifs, ce qui peut être à l’origine d’une certaine confusion. Cependant, le rapport reconnaît les efforts du gouvernement sénégalais sur plusieurs plans, dans le but de gérer les flux migratoires, par le biais d’accords bilatéraux avec la France, l’Italie et l’Espagne ou encore de projets de promotion de l’emploi pour les jeunes et les femmes.
D’après le rapport, le gouvernement sénégalais cherche, par ailleurs, à incorporer la migration dans ses plans de développement par le biais de projets de promotion de l’emploi des émigrants pour le développement des communautés, d'amélioration de la gestion de la main-d’œuvre et de mise en œuvre d’un système efficace de gestion et de contrôle de la population sénégalaise vivant à l’étranger. C’est ainsi que le gouvernement du Sénégal coopère avec les partenaires nationaux et internationaux afin de mettre en place des programmes en développant les compétences des émigrants à l’étranger et en en tirant le meilleur parti. Ces programmes comprennent le Programme de migration pour le développement en Afrique (Mida-Sénégal) en partenariat avec l’Oim, le projet de transfert des connaissances grâce aux expatriés nationaux (Tokten) en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement, et l’initiative du Co-développement (mise en œuvre par le bureau du président de la République, Me Abdoulaye Wade), conclut l’Oim.
El Hadji Gorgui Wade NDOYE (ContinentPremier.Com)
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