En invitant l'Eglise catholique au magal de Touba : Serigne Bara tient une promesse faite au Cardinal Théodore Adrien Sarr

Aussi longtemps que l’on remonte dans le temps, c’est la première fois que l’Eglise catholique est représentée à la cérémonie officielle du Magal de Touba où sont conviés les représentants de toutes familles religieuses du pays, le corps diplomatique accrédité à Dakar et le gouvernement.

Jamais, de mémoire de mouride, on n’avait vu cela du vivant de Serigne Abdoul Ahah, de Serigne Abdoul Khadre ou de Serigne Saliou Mbacké, dernier fils de Cheikh Ahmadou Bamba à présider aux destinées de la communauté mouride.

Jamais, sous ces trois fils de Serigne Touba, dont l’attachement à l’orthodoxie était viscéral et dont le règne respectif s’est étalé sur trois décennies, l’Eglise catholique n’avait été conviée à la cérémonie officielle clôturant la célébration du Grand Magal de Touba. Jusqu’à ce que Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké ouvre l’ère des petits-fils au khalifat. Et c’est ainsi que l’un des faits marquants de la cérémonie officielle de la 113e édition du grand Magal de Touba a été la présence distinguée d’une forte délégation de l’Eglise sénégalaise, avec à sa tête, l’évêque de Thiès, Monseigneur Jacques Sarr. Innovation ou rupture ?

En tout état de cause, en invitant ainsi le représentant de la communauté chrétienne dans une cérémonie aussi prestigieuse et remplie de symboles, le tout nouveau khalife général des mourides tient une promesse qu’il avait faite au mois de janvier dernier au Cardinal Théodore Adrien Sarr. Ce dernier était allé à la tête d’une forte délégation lui présenter ses condoléances après la disparition de Serigne Saliou le 28 décembre dernier. Serigne Bara lui avait promis que, désormais, il invitera l’Eglise dans les cérémonies de la communauté mouride. Le khalife avait aussi émis le vœu de se faire inviter lorsque l’Eglise organisera une manifestation. C’est ce que nous a confirmé hier Patrice Coly, le chargé de la communication de l’Eglise. ‘Lors de cette visite, j’ai moi-même servi de traducteur au khalife qui s’adressait en wolof à notre délégation. Il avait dit : ‘Je tends la main à l’Eglise. Si vous avez une cérémonie, impliquez-moi et vice-versa’, se souvient Patrice Coly. Pour lui, il ne fait aucun doute que le nouveau khalife ‘inscrit son khalifat sur la ligne de l’unité et de l’effort commun pour un Sénégal émergent’.

Aussi, ajoute notre interlocuteur, ce qui s’est passé le mercredi 27 février, lors de la cérémonie officielle du grand Magal 2008, n’est que la poursuite de ce qui s’était passé en janvier lorsque l’autorité morale de l’Eglise est allée présenter ses condoléances au guide spirituel des mourides. A cette occasion, les deux guides avaient renouvelé leur amitié et s’étaient engagés à préserver la qualité des relations entre musulmans et chrétiens. En effet, au Sénégal, la cohabitation pacifique entre chrétiens et musulmans prend sa source dans les familles où il est aisé de voir des personnes d’une famille épouser des religions différentes sans que cela ne porte préjudice à la paix sociale.

Pour préserver cet acquis qui nous vaut l’admiration du monde entier, les guides religieux musulmans comme chrétiens doivent s‘impliquer. ‘Nous avons cette chance au Sénégal qu’il y a le respect entre les croyants et les guides religieux sont très écoutés. C’est pourquoi, ils ont une grande responsabilité parce que leur message est réceptif. Les croyants adhèrent à tout ce qu’ils disent. Il faut donc que les guides soient éclairés’, indique Patrice Coly. Au sujet de la présence de l’évêque de Thiès, Jacques Sarr, chef de la délégation qui s’est rendue à Touba, notre interlocuteur explique que c’est parce que le diocèse de Mbacké est situé dans le diocèse de Thiès qui est administrativement compétent pour parler et agir sur tout ce qui touche Touba et Tivaouane.