FAC LETTRES - Le mot d’ordre de grève levé : L’année invalide évitée grâce à Farba Senhgor

De justesse, la Fac des Lettres est sauvée d’une année invalide, mais elle l’est difficilement de la tenue d’une session unique. Les étudiants ont, ainsi, levé leur mot d’ordre hier, après avoir été reçus par le ministre de l’Artisanat et des Transports, Farba Senghor, envoyé par le président de la République. Voilà donc, qui disqualifie son collègue de l’Education, Moustapha Sourang.

Ce professeur fait des va-et-vient incessants dans la petite salle devant des étudiants qui s’accoudent sur leurs bancs et attentifs. C’est à un jet de l’espace qui devra abriter l’Assemblée générale de l’Amicale des étudiants de la Faculté des Lettres et sciences humaines (Flsh).

Dans la cour, deux étudiants, sous les branches éparses en parasol d’un arbre, échangent et se chambrent au sujet d’une éventuelle année invalide. Le nouveau bachelier écoute religieusement son vétéran qui témoigne des déboires qu’il avait essuyés, il y a quelques années, lorsque l’Université était frappée d’une année invalide. Un grand invalide…de grève qui sermonne ce bleu passionné par les mots séducteurs des grévistes. Le débat tourne, plus tard, autour d’une seule session éventuelle. «Pstt ! Ils arrivent», avertit un voisin. Les délégués se pointent, le silence devient religieux. Le premier commence à remercier la foule. «Ah ! Ils vont lever le mot d’ordre», flaire-t-on. Il avait vu juste puisque le ministre de l’Artisanat et des Transports aériens, Farba Senghor, a reçu les délégués, mercredi dernier, au Building administratif «sur demande du chef de l’Etat», en présence d’un chef religieux dont ils s’interdisent de révéler le nom.

Mais, il ne s’agit pas seulement de lever le mot d’ordre, mais de convaincre leurs interlocuteurs, des satisfactions obtenues, après plus de deux mois de grève. C’est ce que le président de la commission sociale, Ndiaga Diouf, a compris pour ensuite sortir le protocole d’accord couché sur des feuilles bleues et blanches. Non sans provoquer quelques murmures de protestation. Cela ne semble pas suffisant aux yeux des étudiants. Et, M. Diouf d’énumérer les 10 points retenus avec le ministre. Pour plus de crédit encore, les délégués ont insisté sur la situation de la Fac des Lettres qui avait été abordée au Conseil des ministres d’avant-hier (jeudi). Brandissant le journal qui l’avait écrit.

Sur la kyrielle de «satisfactions» des revendications pédagogiques, la plupart «seront concrétisées à la rentrée prochaine». Cependant, M. Diouf regrette le fait que «le ministre de l’Education n’ait jamais donné la bonne information au chef de l’Etat». C’est pourquoi, d’ailleurs, poursuit-il, «Me Wade a instruit Farba Senghor pour rencontrer l’Amicale». Son suivant, le président de ladite amicale, Mame Biram Wathie, lui, reprend les propos du médiateur selon lesquels, «si le Président lui-même ne vous a pas reçus, c’est pour ne pas désavouer son ministre». Ainsi, Mame Biram Wathie et son clan, dans la foulée, ont exhorté leurs camarades à rejoindre les amphis. Lui qui était sur la table, avait même oublié de prononcer le mot d’ordre. Il revient aussitôt et souffle dans son micro : «Nous décrétons 48 heures non renouvelables.»

COURSE-POURSUITE ENTRE DELEGUES ET «CONSCIENCE LIBRE»

Après les applaudissements nourris pour la reprise, c’est au tour des membres de «Conscience libre» (favorable au retour aux amphis) de faire leur Ag. Qui ne se tiendra finalement jamais. Le premier à monter sur la table parlait dans le vide puisque sans micro. Des huées fusent de partout. Des pierres aussi. «Ah non, ils ne vont pas tenir leur Ag ici. C’est fini. Nous avons levé le mot d’ordre», tranche un délégué. La panique s’installe. C’est le sauve-qui-peut. Des manches de chemise et pantalons retroussées. Une séance d’explications très chaude émaillée par des injures s’en suit. «Ne nous déshonorez pas ! Laissez-les tranquilles», prie une étudiante. Parole de femme exécutée ! Mais, pour le président de l’amicale : «Nous avons arrêté un combat pour un autre. Et, nous n’hésiterons pas à vous sortir encore pour vous faire des compte-rendus.»

LA SESSION UNIQUE, UNE PROBABILITE

Le spectre d’une année invalide ou blanche avait déjà plané dans les couloirs des amphis de la Faculté des lettres. Le ouf de soulagement était audible partout lorsque le mot d’ordre a été levé. Entre autres promesses, il y a la division dès l’année prochaine de la Fac des Lettres en deux : l’une en Langues et l’autre en Sciences sociales, la mise en place de nouvelles filières (communication, informatique, marketing, ressources humaines etc) pour les étudiants en 3e année et l’augmentation du budget d’achat des ouvrages. Il reste, cependant, une question «cruciale», qui habite aujourd’hui et depuis quelques jours d’ailleurs, nombre d’étudiants : «Y aura-t-il une ou deux sessions ?» La réponse appartient (malheureusement) à l’Assemblée de la Faculté qui s’est réunie hier. Et, il est ressorti de cette rencontre à laquelle certains délégués ont assisté, que la tenue d’une seule session est la chose la mieux partagée chez les professeurs des différents départements de la Faculté. Une éventualité qui, si elle venait à se concrétiser, risque de réveiller les démons de la grève. D’autant que des voix se sont élevées à l’Assemblée générale pour exiger la tenue des deux sessions d’examen. Les délégués leur avaient garanti que «c’est un point qui sera au cœur de leurs préoccupations».