HARCÈLEMENT SEXUEL À MBOUR : Des femmes brisent le silence

 

A Mbour, ville touristique, les femmes sont en  proie au phénomène du harcèlement sexuel. Bien des femmes qui travaillent dans le milieu touristique sont tous les jours victimes de harcèlement sexuel.  Si certaines d’entre elles  ne  voient que  la couleur de l’argent et acceptent  les avances qu’on leur fait, d’autres parviennent à échapper au piège quitte à  se retrouver dans des difficultés.

Amina, appelons-la ainsi,   travaillait dans une auberge de la place comme femme de chambre. Elle doit la perte de son emploi à une malheureuse histoire de harcèlement sexuel dont elle a été victime.« Une fois, J’entretenais la chambre d’un client Européen. Il  avait  déposé  sur le lit une liasse  de billets de  banque  et des capotes anglaises. Quand j’ai vu cela, j’étais dans tous mes états et  je l’ai traité de tous les noms.
Le propriétaire de l’auberge n’a pas apprécié ma réaction. Cet incident m’a fait quitté cette  auberge », nous  confie Amina, une jeune fille de 30 ans environ. Il est courant que les  domestiques, femmes de chambres et autres serveuses soient abordées par des clients qui leur proposent des parties de plaisir moyennant des sommes d’argent qui peuvent faire succomber plus d’une jeune fille. « Si ce client s’est permis cette ignominie et que le propriétaire de l’auberge n’a pas réagi violemment, c’est que c’est une pratique courante et qui porte ses fruits. C’est à cause de certaines jeunes filles que les Européens ne nous respectent pas.
Malheureusement, pour lui,  il est tombé ce jour sur quelqu’un qui n’accepte pas de vendre sa dignité », ajoute Amina. Combien sont-elles ces femmes qui n’ont pas dans leur milieu professionnel reçu des avances directes ou indirectes afin de bénéficier d’avantages, ce qu’on regroupe dans l’expression fort salace de « droit de cuissage » ? Le droit de cuissage, Khady en a été la victime, elle qui avait accepté, sans pour autant en être amoureue, d’être la petite amie de son patron qui lui offrait en échange beaucoup d’avantages, contrairement aux autres employés.
D’autres, contrairement à Khady, ont préféré le refus  et la dignité à l’acceptation et au déshonneur. La dignité, voilà ce qui fait qu’une jeune fille ne tombe pas facilement dans le piège du harcèlement sexuel. Or, par ces temps qui courent, tout le monde semble si  aveuglé par la recherche du profit que les valeurs sont en crise. Fatou a, elle, choisi le chemin vertueux, celui qui la préserve d’une mauvaise conscience.
Serveuse dans un restaurant, elle est  jeune et charmante. Elle a des atouts certains de séduction comme son teint noir, son sourire ensorcelant, ses déhanchements. Elle cherche mari mais se refuse d’être trop matérialiste au point de tout accepter. « A plusieurs reprises, il est arrivé qu’un client, pour payer la note, sorte sous mes yeux, une liasse de billets. Un jour, un client a déposé sur la table cent mille francs avant d’en tirer 1000f pour me payer. Bien entendu, j’ai compris le jeu mais j’ai fait semblant  de rien comprendre. Je suis maintenant habituée à ces situations », nous confie-t-elle.