Imam Bamba Sall, chef religieux à Yoff Tongor : " L’alternance a détruit les moeurs"

 

Le responsable de l’association "Al Umma", clame haut son indépendance par rapport aux différentes chapelles religieuses. Se définissant comme un acteur déçu de l’alternance pour laquelle il se serait longuement battu, l’imam Bamba Sall se dit aujourd’hui très amer. "Je suis déçu par tout ce que j’observe depuis 7 ans. Le coût de la vie a été multiplié par dix. Et moi, je fais partie des 90% de sénégalais qui subissent la cherté de la vie et vivent de leur sueur", dit-il. Mais ce semble plus exaspérer l’imam Sall de Yoff Tongor, c’est la perte des valeurs dans ce pays. Son verdict est sans appel : " l’alternance a détruit les moeurs", lâche t-il. Et il en veut pour preuve, la transhumance, le népotisme, le culte de l’argent érigés en système de valeurs et de gouvernement par le régime en place. C’est pourquoi avertit -il, "on va tout droit au mur". Il n’ a pas non plus manqué de fustiger l’entourage présidentiel. "Le problème de Wade vient du fait qu’il est entouré de personnes qui n’ont pas le courage de lui dire la vérité, mais sont là pour leurs intérêts personnels immédiats". Il s’ y ajoute, estime-t-il, qu’"à cause de son âge est avancé, il n’écoute plus personne. Il est devenu un président omnipotent et omniprésent qui a toutes les qualités. C’est justement cela le danger, " commente t-il. L’imam Bamba Sall s’en est aussi pris aux chefs religieux qui, selon lui, n’ont pas joué leur rôle de régulateur social à l’image de feu Abdou Aziz Sy, ex-khalife général des tidianes. "Mon sentiment est que le marabout qui donne une consigne de vote à ses talibés, doit également pourvoir en donner les raisons surtout lorsque ses talibés ne supportent plus le coût de la vie", soutient-il. Et de poursuivre ; "le chef religieux doit être en première ligne pour défendre les populations en difficultés. Or, c’est ce qui manque aujourd’hui dans ce pays". A ce propos Imam Sall rappelle que les anciens ont accompli leur mission en tenant la dragée haute au colonisateur qui avait une mission d’évangélisation. "C’est ce travail de résistance qui fait que nous aujourd’hui 97% de musulmans", selon lui. Si donc on traverse aujourd’hui une situation de crise, c’est parce qu’à son avis, "il y a beaucoup d’intrus et de faux marabouts". L’Imam Bamba Sall déplore également ce qu’il assimile à une "gestion partisane des confréries et confessions religieuses". Aussi met-il en garde contre les dangers d’une telle démarche. "Cette façon de faire n’était pas connue de Senghor et Abdou Diouf. Malheureusement, c’est le grand danger qui guette notre pays. L’exemple que je donne c’est l’Irak, le Liban et la Palestine" a t-il conclu.