IMPACT - Grève du Cusems sur les classes d’examen : Ras-le-bol dans le public

Enclenchée depuis le début de l’année scolaire, la grève du Cusems a fini d’installer le doute sur l’avenir des élèves, particulièrement pour ceux qui sont en classe d’examen. Cette situation n’agrée personne et incite les parents à organiser une marche. La grève du Cusems n’affectant pas les établissements privés, ceux-ci font l’objet de convoitises de la part des élèves du secteur public en classe d’examen.

La grève du Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen-secondaire (Cusems) pèse très lourd. Dans le secteur public, les élèves en font vraiment les frais. Ces derniers paient pour des pots qu’ils n’ont pas cassés. C’est le désarroi et la consternation au Lycée Blaise Diagne et les élèves ne cachent pas leur mécontentement. «Ça ne va pas du tout, les cours ne se déroulent pas normalement. Et pour cause, les débrayages et les grèves des enseignants», déplore Babacar Bâ, élève en classe de Terminale L1. Abondant dans ce sens, Marème Diagne, élève en classe de seconde S, peste : «C’est vraiment dommage. Cette grève a des effets négatifs et c’est sûr que nous n’allons pas terminer notre programme si les choses évoluent à ce rythme». Avant de poursuivre : «Depuis le début de l’année, je n’ai vu notre professeur de Sciences physiques que deux fois». Babacar Ba tente de justifier la grève des professeurs en indiquant : «S’ils ne dispensent pas correctement leurs cours, c’est parce qu’ils ne sont pas contents de leur situation». Et, face à un tel contexte, qui ne promet pas des lendemains meilleurs, les élèves tentent, dès à présent, de voler de leurs propres ailes, pour ne pas être pris au dépourvu par les examens. «J’essaie de faire connaissance avec les élèves qui ont repris la classe, afin de leur emprunter leurs cours de l’année dernière que j’essaie de déchiffrer et de comprendre», se désole-t-il. De son côté, Marème Diagne pense qu’à l’heure actuelle, l’enseignement privé vaut mieux que l’enseignement public, au Sénégal. D’après elle, sa présence au public s’explique par le manque de moyens de ses parents. Car, s’ils en avaient, ils l’auraient envoyée au privé. «Etudier dans le privé, c’est meilleur, car on est sûr de terminer le programme. Et, l’on a plus de chance de réussir à l’examen», fait-elle remarquer.

Au niveau de l’administration, on reconnaît aussi que cette grève a des impacts négatifs. «La situation ne va pas du tout, la grève est bien suivie ici. Et, nous sommes très inquiets, quand j’ai fait le contrôle des cahiers de textes, les professeurs les plus réguliers sont à treize séances depuis la rentrée, mais il y en a d’autres qui en sont à deux», déplore Mr Karim Faye, censeur du Lycée Blaise Diagne, avant d’ajouter : «Je regrette pourquoi j’ai envoyé mon enfant à Seydou Nourou Tall. Après son entrée en sixième, j’aurais dû l’amener au privé.» Cette grève ne plait pas du tout aux parents d’élèves qui voient l’avenir de leurs enfants menacé. De leur côté des actions sont posées pour trouver une issue. Selon Mamadou Dieng, président des parents d’élèves au Lycée Blaise Diagne : «Depuis le mois de juin 2006, nous (la Confédération nationale des parents d’élèves du Sénégal) avons tenté une rencontre avec les enseignants. Nous avons rencontré le syndicat des enseignants, nous avons aussi permis la rencontre entre le Président (Ndlr : de la République) et les enseignants, au mois de juillet dernier, une rencontre voulue par le Président», souligne M. Dieng. «Depuis la reprise, après les vacances, nous avons rencontré le Cusems, ensuite nous avons envoyé une correspondance à l’Etat, pour qu’il prenne ses responsabilités, nous avons aussi tenu une assemblée générale pour informer les pa-rents d’élèves de la situation et leur permettre de donner leur opinion», révèle-t-il. Pour tous ces efforts consentis, l’association des parents d’élèves pense avoir épuisé toutes les voies de recours. «Et, si rien n’est fait, menace le président nous allons aussi dévoiler notre plan d’actions en demandant une autorisation de marcher pour nous faire entendre, parce qu’il y va de l’avenir de nos enfants». Par ailleurs, il précise que le Cusems est dans de bonnes dispositions pour trouver une solution définitive. Cette assertion fait suite à la rencontre que leur association vient d’avoir avec ce syndicat. Les élèves, ont essayé eux aussi de jouer leur partition pour trouver une solution. Ils ont organisé des rencontres avec les autorités compétentes et le Cusems. Vu les difficultés que traverse l’école sénégalaise, ils se demandent si réellement l’éducation absorbe 40 % du budget.

Au collège Sacré-cœur tout mar-che bien, rassure Frère Luc Brunette, qui, par ailleurs, se dit très touché par cette situation devant laquelle il est impuissant. «Nous ne sommes pas concernés par cette grève, mais nous sommes très sensibles. D’ailleurs, il y a ceux qui sont venus pour demander une inscription, mais il s’est trouvé que nous avons déjà fait le plein», regrette-t-il. Aux cours privés Madièye Sall, c’est le même scénario. Mais, dans cette école, les élèves sont acceptés suivant leur profil, après examen de leur dossier. «C’est un afflux d’élèves venant du public surtout dans les classes de troisième et de terminale qui sont acceptés si le dossier est bon», précise le directeur Hamet Diop. D’après lui, les cours suivent leur rythme normal et les élèves sont mis dans des conditions, qui ne leur permettent pas d’aller en grève.