IMPLOSION - La Cnts/Fc vole en éclats : Les forces de la scission

Le feu couvait et les suspicions allaient bon train. Aujourd’hui, c’est devenu une réalité : la Cnts/Fc a implosé. Certains responsables se sont affranchies de leur secrétaire général. Une autre centrale est née de ses flancs. Et les frondeurs veulent se démarquer de la gestion du secrétaire général, Cheikh Diop que l’on accuse d’être à l’origine des maux de la centrale.

Le vent de contestation, accompagné d’une épaisse couche de malaise, qui soufflait sur la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Forces du changement (Cnts/fc), a produit ses effets. Des responsables d’organisations syndicales, alors affiliées à la centrale dirigée par Cheikh Diop, ont opté pour la rupture en mettant sur pied la «Confédération démocratique des syndicats libres», confie un des initiateurs, Baïla Sow, secrétaire général du syndicat des transports aériens.

Cette centrale née des flancs de la Cntc/Fc tiendra son Congrès constitutif le lundi, 1er mai. Selon Ibrahima Sarr du syndicat des industries alimentaires, le choix du 1er mai n’est pas gratuit en ce sens «qu’elle est symbolique». «L’histoire retiendra que c’est lors de la fête du travail que la Cdsl a été mise sur pied», fait-il remarquer.

M. Sarr d’ajouter que cette option procède d’un besoin de «rupture par rapport aux expériences passées. Surtout de la mésaventure avec la Cnts/Fc». Et de l’avis de Baïla Sow, la nouvelle centrale compte déjà 17 organisations centrales issues des rangs de la Cnts/Fc. «D’autres sont en voie. Et de ces syndicats qui ont tourné le dos à Cheikh Diop, l’on peut noter ceux de la Compagnie sucrière sénégalais, les industries alimentaires, des éleveurs, de l’Assemblée nationale, l’Asecna, la Sde entre autres», renseigne-t-il.

En effet, M. Sow explique que la Cnts/Fc est désormais vidée de sa substance car, précise-t-il que le nombre de 37 organisations syndicales que l’on lui attribue ne se justifie pas. «On ne peut pas tromper les gens. Il est facile de donner des chiffres mais, la réalité est tout autre. Les gens profitent du 1er mai pour faire défiler des personnes étrangères pour donner l’impression d’avoir des militants. Or, c’est tout faux», affirme-t-il.

Cette fronde enregistrée au sein de la Cnts/Fc s’explique, de l’avis de M. Sow, par le fait que la centrale dirigée par Cheikh Diop présente «une image très négative. Une situation née des errements et du mode de gestion de son secrétaire général». «M. Diop est l’instigateur de la division au sein de la centrale.» En effet, ajoute-t-il : «Cheikh Diop a montré ses limites dans la gestion d’une centrale syndicale. Outre le fait qu’il a un faible leadership, il manque de poigne et de personnalité. Des qualités essentielles pour un responsable. Cela a conduit à une gestion désordonnée des ressources humaines alors qu’il y a des hommes plus valeureux, plus compétents et plus expérimentés que M. Diop au sein de la Cnts/Fc. Au lieu de les associer, il les a écartés pour, à lui-seul, gérer la centrale, de concert avec Bakhao Diongue.» Et Baïla Sow de renchérir que «le secrétaire général ne fait jamais l’effort de venir vers les gens. Au contraire, il s’active toujours pour déstabiliser la base pour y mettre ses hommes. Comme en atteste la pétition qu’il avait initiée contre moi pour empêcher ma réélection».

GESTION OPAQUE

Sur la liste des griefs formulés contre M. Cheikh Diop, M. Sow ajoute : «Le Secrétariat exécutif, censé définir les orientations de la Cnts/Fc, ne s’est pas réuni depuis le mois de novembre 2005.» En effet, c’est la même trompette qu’embouche Ibrahima Sarr pour qui M. Diop a essayé d’orchestrer un coup d’Etat contre sa personne lors de la dernière assemblée générale de son syndicat. «Il divise pour garder une légitimité qu’il a perdue. Car, son mandat est arrivé à expiration depuis le mois de janvier dernier. Il est la seule source de blocage du bon fonctionnement de la centrale», se convainc M. Sarr.

Autres errements dénoncés dans la démarche entreprise par le secrétaire général de cette centrale, c’est «l’opacité» dans la gestion financière décriée par Baïla Sow. Selon lui, «la Cnts/Fc n’a pas de budget de fonctionnement alors que Cheikh Diop se permet de se faire rembourser ses frais de téléphone là où les autres responsables n’ont pas ce privilège». «Je ne prendrais pas l’argent de mon syndicat pour le mettre à la disposition de la centrale pour régler les frais de communication du secrétaire général», martèle M. Sow. En effet, d’après son argumentaire, il ressort que ces pratiques de M. Diop ont donné à la Cnts/Fc «une image très négative. Et cela s’explique par la gestion solitaire en lieu et place de la promotion de la collégialité. Un facteur qui a été déterminant dans la mise en place de cette centrale».