La présence d’un représentant du Syndicat national des professionnels de l’information et de la communication (Synpics) au Conseil économique social, fraîchement ressuscité, fait des vagues. Pourtant, le Synpics était representé au Conseil de surveillance de la défunte Agence nationale de l’Oci (Anoci). De même que des journalistes siègent à la Commission nationale de lutte contre concussion et la corruption (Cnlcc), à la Commission électorale nationale autonome (Cena) et au Cnra, etc. Le journaliste Mame Less Camara, sous son manteau d’ex-Secrétaire général du Synpics rappelle que des professionnels des médias ont siégé au Conseil économique et social du temps de Famara Ibrahima Sagna et au Haut conseil de l’audiovisuel. Mais, le débat ne s’est jamais autant posé quant à la présence d’un journaliste dans une institution de la République. Si le professionnel des médias, de là où il est, veille aux intérêts de la corporation et sert, quelque part de vigie, le problème ne devrait pas se poser.
Le Synpics croyait régler le problème en précisant, dans une lettre, adressée au Ces, qu’un de ses membres y siègera bel et bien. Par contre, ‘le représentant du syndicat renonce à toute forme d’indemnités ou avantages matériels liés à cette fonction de représentation’, posait-il comme condition. L’équation n’en est pas, pour autant, résolue.
Quid des textes qui régissent la corporation ? La possibilité ou non pour le professionnel de l’information de siéger dans une instance républicaine n’est par mentionné, explicitement dans la Charte des journalistes. Mais l’article 15 de ce texte recommande au journaliste d’ ’éviter les situations de conflits d’intérêts ou d’apparence de conflits d’intérêts, en se mettant ou en semblant se mettre, avec ou sans avantages personnels, au profit d’intérêts particuliers’.
En fait, l’ambivalence du règlement intérieur de l’institution et des règles de la profession peut poser problème.Le directeur exécutif du Comité pour le respect des règles d’étique et de déontologie (Cored) Souleymane Niang parlant en son nom propre (car le Cored ne s’est pas encore officiellement prononcé sur ces cas), estime que c’est là où réside le problème. Car le journaliste se retrouve dans une posture où il est à la fois juge et partie. Souleymane Niang se demande, également, si le professionnel de l’information peut répondre à deux codes de conduite car ‘les règles s’opposent et se contredisent’. L’ex-Sg du Synpics, Mame Less Camara, précise que l’institution qui veut faire participer un journaliste sollicite le syndicat qui lui fait des recommandations. Cependant, ce qui peut poser problème, c’est le fait que l’institution veuille coopter directement un journaliste.
Toutefois, si la présence de membre de la corporation au Ces crée un débat, c’est lié au caractère politique de l’institution. Car des journalistes siègent dans des instances non républicaines et cela n’a jamais suscité un tollé. Si des professionnels qui sont dans les autres institutions peuvent bénéficier des avantages que leur confère le statut de membre, pourquoi le journaliste membre du Conseil économique et social ne peut pas bénéficier de tout ce qui est relatif à son statut ? Pour Mame Less Camara, le fait que le représentant de la profession participe, donne de son temps et de ses compétences pour la bonne marche de l’institution, le conduit à être aligné sur le mode de traitement de l’ensemble des membres. ‘Une fois qu’il a accepté, il est soumis au même titre, au même règlement et au même statut’, dit l’ex-Sg du Synpics.
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