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L’HOPITAL LE DANTEC À L’HEURE DU NDOGU : Virée dans une atmosphère bien particulière

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L’HOPITAL LE DANTEC À L’HEURE DU NDOGU : Virée dans une atmosphère bien particulière

L’entrée de l’hôpital Aristide Le Dantec presque déserte, à l’heure du crépuscule. Mais quelque chose attire l'attention. Il s'agit d'un groupe de personnes, en majorité des femmes, qui entourent une dame assise sur un banc. À côté d'elle, il y a des ustensiles de cuisine, une bonbonne de gaz, une table achalandée de pain, de «café Touba», d’un pot de mayonnaise, d’un autre de thon... «Vends-moi du pain, de la mayonnaise et du café Touba. Dépêchez-vous un peu, s'il vous plaît, il est bientôt l'heure», lâche à la tenancière de ce commerce, telle une ritournelle, une bonne partie de ce beau monde. En fait tout ce raffut sonnait l’approche du moment crucial de la rupture du jeûne, avant-hier jeudi 19 août 2010.

En pénétrant à l'intérieur de l'hôpital, c'est un silence absolu. A hauteur du jardin public où les accompagnants des malades se regroupent généralement pour prendre de l'air et discuter de tout et de rien, le décor est tout autre. Là, ce sont des va-et-vient incessants qui rythment l'ambiance de ce milieu généralement calme. La fatigue est là, visible sur les visages de tous ces gens couchés à même le sol guettant la voix du muezzin annoncer le coucher du soleil. Un appel à la prière synonyme de délivrance après une harassante journée de diète.
Si d’aucuns se rapprochent de la cuisine de l'hôpital pour demander du «kinkeliba» ou de l'eau chaude - tout ce que l'hôpital leur offre-, d'autres s'activent dans leur coin, étalant des nattes sur lesquelles sont disposés des cuillères, des tasses, des pots de beurre, du lait et des miches de pain. Au même moment, certains s’activent autour des fourneaux pour préparer le café, à l'image de Fatou Gningue, une accompagnante de malade un peu extenuée par le jeûne. «Je fais du café pour préparer le ‘ndogu’. Depuis le début du Ramadan, je suis là et c'est très difficile de faire le ‘ndogu’ à l'hôpital. Bien vrai qu'il y a des bonnes volontés qui nous offrent toujours du lait et du pain, mais on est obligé d'acheter le reste. Et parfois, c'est très difficile, si tu n'as pas d'argent», dit-elle.


L'hôpital sert le dîner aux malades, sans se préoccuper de leurs accompagnants
De l'autre côte du jardin, on aperçoit une vieille dame, la soixantaine, en train de s’activer. Fatim Seck, c’est son nom, est venue de Saint-Louis. Elle accompagne sa petite fille malade. Affalée sur une natte, les mains amaigries par l'âge, la vieille dame tartine soigneusement de beurre son pain au moment où sa fille gagne la cuisine pour demander de l'eau chaude.
C’est à ce moment précis que la voix du muezzin s’élève au loin pour inviter les fidèles à la prière du crépuscule et marquer ainsi la rupture du jeûne. Tandis que les uns avalent des dattes, les autres sont toujours en quête d’un morceau de pain ou boivent de l'eau fraîche pour étancher leur soif. Mais si les accompagnants sont obligés de faire dans la débrouille, c’est parce que l’hôpital ne prend en charge que la restauration des malades à qui le dîner est servi. Les accompagnants devant se restaurer à leurs propres frais.

L’ambiance familiale reconstituée
Au bloc opératoire, l’ambiance est familiale à cette heure de rupture du jeûne. Les soignants qui viennent de différents services, laissant en suspens leur travail, se sont regroupés au niveau de la grande salle du bloc opératoire pour un «ndogu» en famille. Dès notre arrivée, les blouses blanches nous invitent à nous joindre à eux. Dattes, café, lait, sucre, pain se passent de main en main pour finir par disparaître dans la bouche de ces médecins, infirmiers, aides-soignants etc. Le tout, dans un climat détendu et jovial, quoique tout ce beau monde vient de services différents : cancérologie, bloc opératoire, orthopédie, maladies infectieuses, etc. Mais, pour cette foule de médicaux, le bloc central qui reconstitue l'ambiance familiale est aussi une échappatoire, un lieu de décompression pour oublier, le temps du «ndogu», le stress des salles de soins.
«Quand la rupture nous trouve en train d'opérer, nous sommes obligés de continuer. Quel que soit le temps que cela dure, nous attendons de terminer pour manger», explique Cheikh Tidiane Faye, un médecin en service au bloc.
Le décor est identique au niveau du service Accueil où l’on se met dans un coin pour rompre ensemble le jeûne. L'ambiance est joviale, mais on ne perd pas du temps, conscients que les patients attendent. Mme Déguène Seck Ndoye du service de cancérologie, la seule femme du groupe, de saluer la bonne ambiance. «C'est vrai que rompre le jeûne en famille n'a pas de pareil, mais nous nous efforçons de reproduire cette ambiance ici», dit-elle.

L'hôpital donne le «ndogu» et le «xëd» au personnel
Toutefois, le menu qui est servi au personnel par l’hôpital n'est pas toujours de qualité, fustige un groupe de dames travaillant au service de cancérologie. Selon elles, le menu constitué de pain au lait, beurre, café, sucre qu'on a trouvé sur place est amélioré. «C'est n'importe quoi qu’on nous sert parfois et dans un manque de respect total. C'est comme si on nous donnait de l'aumône. Il nous arrive même de se voir dire parfois que le pain est fini. Ce qui n'est pas normal», explique l'une des dames, son sachet à la main. Sa voisine de renchérir : «tout notre souhait, c'est qu'on améliore ce qu'on nous sert. La première chose que je fais quand j'arrive chez moi, c'est de chercher à manger. Parce qu’ici, ce qu’on nous propose pour la rupture du jeûne n'est pas bien, tant au niveau de la qualité que de la quantité».
Il faut dire qu’en plus de servir le «ndogu» à son personnel, l’hôpital Le Dantec prend aussi en charge le «xëd» des agents qui font la garde de nuit. Sauf que dans les deux cas, les bénéficiaires trouvent à redire sur la qualité du service qui leur est offert.



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