Contrairement aux années précédentes où le difficile accès à l’eau potable causait d’énormes désagréments aux milliers de Mourides rassemblés à Touba pour les besoins du Magal, cette année, c’est le transport qui constitue un véritable casse-tête pour les pèlerins. En dehors du trafic interurbain où les transporteurs maximisent leurs profits en doublant les tarifs, le transport à l’intérieur de Touba pose aussi problème. S’il faut payer 3000 dans les cars «Ndiaga-Ndiaye» au lieu de 1500 F Cfa - et 5000 F Cfa dans les «7 places» -, pour rallier Touba (à 194 km de Dakar), il faut casquer presque la même somme aux taxis clandos pour effectuer le trajet d’environ 5 km entre la gare routière, sise à l’entrée de la localité et la grande mosquée. «En l’absence de contrôle, ces chauffeurs de taxis occasionnels appliquent des tarifs plus chers que ce que les pèlerins payent entre Dakar et Touba ou Diourbel et Touba. La course de 5 km est à 3000 F Cfa», se désole Mme Bousso Guèye.
Des charretiers formés et disposant de permis de conduire
Pris au piège de la réalité du marché du transport local, avec une demande subitement supérieure à l’offre du fait de l’événement et tenaillés par la fatigue, la chaleur et l’incertitude quant à leur hébergement, les pèlerins les plus nantis se plient au diktat des taxis clandos dont la majorité est immatriculée à Dakar, avec des vendômes marqués «Taxi».
D’autres, moins nantis, découvrent avec surprise les tarifs élevés des charretiers qui profitent de cette période de traite pour faire de bonnes affaires. Le tarif normal de 50 F Cfa a été doublé depuis presque une semaine. «Nous n’avons pas le choix, pour aller dans la zone de la grande mosquée, nous sommes contraints de payer les 10 places des charrettes à 100 F Cfa la place. Ce qui fait que la course revient à 1000 F Cfa, comme des taxis de Dakar», martèle Modou Dieng, un habitant de Gibraltar. Les charretiers qui font des allers et retours à longueur de journée entre la gare routière et la grande mosquée de Touba encaissent jusqu’à 15 000 F Cfa par jour.
Il faut noter qu’en cette période de Magal, de nombreux agriculteurs des villages environnants se sont reconvertis temporairement en charretiers. Mais cette migration n’est pas sans conséquences sur la sécurité des pèlerins, passagers comme piétons. Ne connaissant rien aux règles de la conduite et circulant en nombre impressionnant et de façon désordonnée, les charretiers créent par endroit d’énormes problèmes et de la panique. Ce qui a conduit à une innovation de taille : la délivrance de permis de conduire au profit des charretiers ayant élu domicile dans la ville sainte. Une mesure mise en œuvre par la Communauté rurale de Touba en partenariat avec les services des mines de Diourbel qui ont accepté de former et de délivrer lesdits permis à ces conducteurs le mois dernier.
Autre désagrément causé par les charrettes, la ville est entièrement prise dans un épais nuage de poussière qui aura sans doute de graves conséquences sur la santé des populations après le Magal.
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